Dans mon engourdissement, j’en reste à « l’arrière-pays » de Bonnefoy, relu avec un plaisir toujours renaissant la nuit dernière, et, pour l’éloignement avec mon quotidien, cela, un peu au hasard :
« Si les rivages m’attirent, plus encore l’idée d’un pays en profondeur, défendu par l’ampleur de ses montagnes, scellé comme l’inconscient. Je marche près de l’eau, je regarde bouger l’écume, signe qui cherche à se former, mais en vain. L’olivier, la chaleur, le sel qui se déposera sur la peau, que vouloir de plus, - pourtant le vrai chemin est celui, là-bas, qui s’éloigne, par des passes rocheuses de plus en plus resserrées. Et plus je vais vers l’intérieur, dans un pays de la Méditerranée, plus fortement l’odeur du plâtre des vestibules, les bruits du soir, le frémissement du laurier, changeant d’intensité, de hauteur (comme on le dit d’un son, déjà aigu) vont se faire, jusqu’à l’angoisse, évidence, bien que close, et appel, bien qu’impossible à comprendre »… et me plait qu’il poursuive avec les collines à l’arrière plan des œuvres de Piero della Francesca.
« Si les rivages m’attirent, plus encore l’idée d’un pays en profondeur, défendu par l’ampleur de ses montagnes, scellé comme l’inconscient. Je marche près de l’eau, je regarde bouger l’écume, signe qui cherche à se former, mais en vain. L’olivier, la chaleur, le sel qui se déposera sur la peau, que vouloir de plus, - pourtant le vrai chemin est celui, là-bas, qui s’éloigne, par des passes rocheuses de plus en plus resserrées. Et plus je vais vers l’intérieur, dans un pays de la Méditerranée, plus fortement l’odeur du plâtre des vestibules, les bruits du soir, le frémissement du laurier, changeant d’intensité, de hauteur (comme on le dit d’un son, déjà aigu) vont se faire, jusqu’à l’angoisse, évidence, bien que close, et appel, bien qu’impossible à comprendre »… et me plait qu’il poursuive avec les collines à l’arrière plan des œuvres de Piero della Francesca.
Mon quotidien ayant d’ailleurs beaucoup de qualités à mes yeux, comme une vacance, le bruit des volets qui s’ouvrent ou se ferment au dessus de moi, comme trace de temps et de vie, et la possibilité, entre autres, de vaguer de livre en livre, et dans celui-ci où je me trouve si bien, avec parfois le plaisir supplémentaire d’un désaccord avec certains jugements ou sentiments.
Et je reprenais le plaisir de suivre Bonnefoy dans son étude des œuvres, la peinture claire, la naissance de la perspective, et l’approfondissement de ce qui les a produites telles, et de ce qu’elles sont pour nous.
« Et pour bien comprendre en sa profondeur, faite de contradictions et de reprises, de rêve autant que de science, de démesure secrète, l’affirmation qui m’avait touché, il valait donc mieux ne pas s’en tenir à ses moments de victoire, mais avoir pu sonder par impatience semblable, illusions et désillusions, recommencements d’espérance, les diffractions, les remous de cette ambition toscane à la fois extravagante et lucide, où l’orgueil combat sans fin la sagesse, et l’exigence du stoïcisme. »Et m’en vais reprendre sa suite, à travers Léonard, après l’éclaircissement de Florence « l’éducatrice blessée, mémorieuse, savante ».
Et je reprenais le plaisir de suivre Bonnefoy dans son étude des œuvres, la peinture claire, la naissance de la perspective, et l’approfondissement de ce qui les a produites telles, et de ce qu’elles sont pour nous.
« Et pour bien comprendre en sa profondeur, faite de contradictions et de reprises, de rêve autant que de science, de démesure secrète, l’affirmation qui m’avait touché, il valait donc mieux ne pas s’en tenir à ses moments de victoire, mais avoir pu sonder par impatience semblable, illusions et désillusions, recommencements d’espérance, les diffractions, les remous de cette ambition toscane à la fois extravagante et lucide, où l’orgueil combat sans fin la sagesse, et l’exigence du stoïcisme. »Et m’en vais reprendre sa suite, à travers Léonard, après l’éclaircissement de Florence « l’éducatrice blessée, mémorieuse, savante ».
12 commentaires:
mais où donc est le meilleur chemin ? cent fois cherché, cent fois recommencé..et toujours revenir à la croisée des chemins ..
bon début de semaine Brig, j'ai lu goulument ton texte du lundi et admire une fois de plus ta possibilité de lire tout ce que tu lis...
Fais attention a la vertige - tu n'as pas maigri d'un coup trop vite?
il parait un arriére pays très intéressante, tu me donne envie de découvrir un jour
merci pour ta constance et encouragements!
Un petit cout de pub pour un nouveau photoblog basé sur le Tarn et la nature.
"L'arrière pays", c'est un beau sujet... Insaisissable, et enchanteur rien que par la dénomination, l'arrière pays, c'est l'imaginaire qui s'oppose au réel... Entre Tours et Toirac, entre entre le Tibet et l'Iran, entre Rome et le Zimbabwe, etc.
J'aime énormément la définition de Bonnefoy "l'arrière pays, c'est ce mot qui fixe pour moi l'aspiration durable (à une autre terre) et l'intuition certaine (de son existence).
J'espère que tes malaises se sont dissipés à coup de pâtes... J'en ai eu aussi, qui me valent actuellement un mois de vacances médicales ;-)
Ma chère Brig,
Fais attention à toi !
J'aurai aimé écrire ce texte de Bonnefoy sur "l'arrière pays", simple et beau ! merci aussi pour ces quatre belles photos.
Prends soin de toi !
OLIVIER
L'arrière pays? On parle de ce lieu comme de notre berceau. Il semble plus vrai parce qu'il ne change pas.
Accent Grave
Si tu écoutes de la musique le jour et lis la nuit, double la dose des pâtes c'est succulent, voir sucres lents !
Coucou pour te souhaiter une bonne soirée. A propos de vertiges, j'en ai en ce moment, notamment quand je suis couchée, il paraît que ça me vient de l'oreille interne...(pas agréable). J'espère que les tiens sont passés.
Dans ma bibliothèque se trouvent plusieurs livres d’Yves Bonnefoy que je n’ai pas encore eu le temps de lire, ton texte m’a donné envie de remédier à cet impair.
Ah Pierro de la Francesca ... Florence, la Toscane ...que de bons souvenirs !
comme tietie
Aaaaah, Pierro della Francesca...
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