Départ nez au vent, ou plutôt un peu après la géométrie de l’arrière du théâtre et de l’hôtel de ville, en tournant de la place de l’horloge vers le palais, corps plié en avant pour vaincre son souffle glacé et progresser alors qu’il tentait de me faire reculer.
Yeux pleins de larmes et souffle coupé, me suis blottie contre un radiateur pour regarder et écouter une belle évocation du Caravage comme poète du cri. Et plus que le Sacrifice d’Isaac des Offices et sa diagonale brusque s’achevant par la tête effrayée d’Isaac appuyée sur le sol comme celle d’un mouton, plus qu’Holopherne, fascination devant la Méduse. Nous étions très joyeusement intéressés - et mon souvenir tentait de retrouver la courbure du bouclier, le surgissement du cri projeté vers nous. En dérivant : « Méduse était mortelle tandis que ses sœurs n’étaient sujettes ni à la vieillesse ni à la mort. Elle seule pourtant reçut, sur une molle prairie, parmi les fleurs du printemps, les embrassements du dieu à la chevelure azurée. Lorsque Persée eut coupé sa tête, de son sang… » - plaisir, dans l’après midi de parcourir Hésiode pour la retrouver.
Yeux pleins de larmes et souffle coupé, me suis blottie contre un radiateur pour regarder et écouter une belle évocation du Caravage comme poète du cri. Et plus que le Sacrifice d’Isaac des Offices et sa diagonale brusque s’achevant par la tête effrayée d’Isaac appuyée sur le sol comme celle d’un mouton, plus qu’Holopherne, fascination devant la Méduse. Nous étions très joyeusement intéressés - et mon souvenir tentait de retrouver la courbure du bouclier, le surgissement du cri projeté vers nous. En dérivant : « Méduse était mortelle tandis que ses sœurs n’étaient sujettes ni à la vieillesse ni à la mort. Elle seule pourtant reçut, sur une molle prairie, parmi les fleurs du printemps, les embrassements du dieu à la chevelure azurée. Lorsque Persée eut coupé sa tête, de son sang… » - plaisir, dans l’après midi de parcourir Hésiode pour la retrouver.
Retour dans un vent qui me ballotait, jouait avec une Brigetoun et son poids encore trop léger, mais, entêtée, au prix de zigzags aléatoires j’ai retrouvé mon havre un rien glacial. Et, lestée de pâtes me suis endormie en écoutant une kyrielle de sénateurs expliquer pourquoi il ne pouvait être question des franchises médicales, efforts méritoires autant que gratuits. Je ne serais pas allée (par sympathie régionale) sur la place pour la célébration et la présentation des vins que je vous recommande bien entendu chaleureusement, sans qu’il soit question que la béotienne réticente que je suis les teste. Tant pis pour les fruits de mer, les légumes et les fromages qui devaient accompagner les cotes du Rhône, du Ventoux et autres.
J’ai retrouvé le plaisir de mon esprit absorbé dans la lecture nocturne de l’ »attente, l’oubli » de Blanchot
« Attente, se rendre attentif à ce qui fait de l’attente un acte neutre, enroulé sur soi, serré en cercles dont le plus intérieur et le plus extérieur coïncident, attention distraite en attente et retournée jusqu’à l’inattendu. Attente, attente qui est le refus de rien attendre, calme étendue déroulée par les pas… »
« La mort, considérée comme un évènement attendu, n’est pas capable de mettre fin à l’attente. L’attente transforme le fait de mourir en quelque chose qu’il ne suffit pas d’attendre pour cesser d’attendre…. Celui qui vit dans l’attente voit venir à lui la vie comme le vide de l’attente et l’attente comme le vide de l’au-delà de la vie.. »
« Nous n’allons pas vers l’oubli, pas plus que l’oubli ne vient à nous, mais soudain l’oubli a toujours déjà été là, et lorsque nous oublions, nous avons toujours déjà tout oublié : nous sommes, dans le mouvement vers l’oubli, en rapport avec la présence de l’immobilité de l’oubli »… et entraînant le livre le dialogue-questionnement du il-je et du elle, et la tendresse non dite.
Et puis, j’ai vaqué et frotté mes meubles pour me réchauffer. Il neige à Pertuis et Grignan.
« Attente, se rendre attentif à ce qui fait de l’attente un acte neutre, enroulé sur soi, serré en cercles dont le plus intérieur et le plus extérieur coïncident, attention distraite en attente et retournée jusqu’à l’inattendu. Attente, attente qui est le refus de rien attendre, calme étendue déroulée par les pas… »
« La mort, considérée comme un évènement attendu, n’est pas capable de mettre fin à l’attente. L’attente transforme le fait de mourir en quelque chose qu’il ne suffit pas d’attendre pour cesser d’attendre…. Celui qui vit dans l’attente voit venir à lui la vie comme le vide de l’attente et l’attente comme le vide de l’au-delà de la vie.. »
« Nous n’allons pas vers l’oubli, pas plus que l’oubli ne vient à nous, mais soudain l’oubli a toujours déjà été là, et lorsque nous oublions, nous avons toujours déjà tout oublié : nous sommes, dans le mouvement vers l’oubli, en rapport avec la présence de l’immobilité de l’oubli »… et entraînant le livre le dialogue-questionnement du il-je et du elle, et la tendresse non dite.
Et puis, j’ai vaqué et frotté mes meubles pour me réchauffer. Il neige à Pertuis et Grignan.
8 commentaires:
Ils parlent de neige aujourd'hui... C'est fou ce temps. C'est l'hiver
Bon courage
Désolée Brig, j'ai beau attendre de comprendre le texte de Blanchot, mes petits neurones me disent de ne pas attendre à ce que cela arrive.
Je sais bien que chacun vit dans l'attente de quelqu'un, de quelque chose, même s'il est dit populairement qu'il ne faut attendre rien de personne, ni rien de rien, ce n'est pas vrai à mon très humble avis. En attendant d'être moins confuse dans mes propos et en sachant que mon attente, prosaïquement, se borne à attendre le printemps, ce qui n'est déjà pas mal, je souhaite que ta journée réponde à ce que tu en attends.
Sourire d'ici où le jour se lève sur un ciel tout bleu (enfin!) et des voitures complètement engivrées !
Malgré le froid mordant, encore une belle randonnée avec toi au fil de ta marche à pied.
Ici, aujourd'hui, ils annoncent entre 20 et 25cm de neige... brrr..
Bon vendredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.
Chère Brig,
C'était de l'humour sur mon blog, j'espère...
Hier je t'ai écrit un com et il n'y est pas ? Je te demandais quel était ce drapeau "sang et or" sur ta photo du balcon ? car c'est le même que "mon" drapeau catalan sauf que les bandes sont verticales sur le tien.
J'espère que tu es bien au chaud à lire, ou écouter la radio, ou te promener sur les blogs. Tu m'impressionnes avec tes lectures.
Bon week-end !
OLIVIER
Quand tu as froid dans ton midi, en Touraine nous parlons igloo !
@ Gérard : Et en Alsace, banquise et "marche de l'empereur" !
Je vois que tu as le même mal que moi à être en phase avec les manifestations : j'ai loupé le début d'un long défilé contre la vidéosurveillance samedi dernier, et, du coup, j'ai mis près d'une heure à retrouver mes camarades !
Sur le reste, les références sont pour le moins sympatiques, et les images sublimes... Merci encore...
Tu racontes tellement bien que je souffre avec toi dans les rues glacées de ta ville. J'espère que tu as maintenant bien chaud dans ton havre et que tu es entrain de faire quelque lecture pour lesquelles je t'admire. Bonne soirée Brigetoun.
magnifique l'extrait de Blanchot!
je me souviens d'un très beau texte de Barthes sur l'attente dans "fragment d'un discours amoureux"
enfin, je me souviens c'est beaucoup dire...
j'ai quelques bribes, et le souvenir de l'intérêt qu'il m'avait suscité...
demain je le cherche
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