L’était une lavandière, lonlère, l’était une lavandière, agenouillée sur la rive dans les ajoncs, et entre deux grands frottements du linge dans l’eau verte, bras actifs et mains blanchies par le courant, elle relevait la tête et regardait très vite autour d’elle, yeux affolés mais précis, et puis se repenchait bien vite sur sa tâche. Parce que grand peur elle avait, mais tout le linge de la maisonnée, ou presque, emplissait le grand panier que sa mère lui avait mis dans les bras en la poussant vers la porte et les champs et le ruisseau.
L’était un jeune ruffian, lonla, envoyé en éclaireur par le chef de sa compagnie, fier de son rôle, heureux de sa liberté, un peu méfiant tout de même parce que les paysans du coin étaient rudes et peu disposés à une amitié craintive et soumise. Comme l’air était chaud et caressant, léger, et qu’il avait beaucoup marché il s’est arrêté, le ruffian, au sortir des arbres, devant la petite gaité du pré sous le printemps.
Et il l’a vu, au bout du vert ensoleillé, là bas auprès de l’eau, ses mollets fermes, la belle croupe sous les fronces du jupon, et la cascade brune des cheveux quand elle s’est redressée pour se tenir les reins. Et comme il était jeune, et comme l’air était à ça, et comme elle était belle, et comme c’est ce que doit faire un ruffian, il s’est rué en avant.
Mais elle était forte, mais elle était déterminée, mais elle savait se battre contre les garçons, mais il était maladroit, un peu parce qu’elle était si jolie, mais il était timide.
Alors ils se sont arrêtés à genou l’un face à l’autre. Le temps a attendu un peu. Et puis il a bredouillé, et il avait l’air si penaud qu’elle a ri.
Et quand midi est arrivé, dans le casque du garçon brillaient les ajoncs qu’il avait cueillis pour elle, et qu’elle avait arrangé en bouquet, et ils étaient allongés cote à cote leurs visages goutant le soleil, le sourire aux lèvres et les mains nouées, comme les fleurs et le métal bruni.

6 commentaires:
Un bon w-e
A+
Assez affligeant ce lien chez Maitre Eolas. Je ne suis pas favorable à une immigration incontrolée, et je crois aux controles des flux migratoires. Peut être en ce sens suis je plus de droite que de gauche électoralement parlant.
Mais ce genre d'information, où on humulie, et où on fait n'importe quoi, au nom d'un dogmatisme aussi idiot et dangereuse que la "libre circulation", me fait autant froid dans le dos qu'elle m'afflige. Car on ne peut pas tenir un discour de fermeté en agissant de la sorte, ou aussi lachement que de prendre au piege des sans papiers comme ce fut le cas mercredi.
A part ça jolies photos (pas que la derniere), et bon weekend à toi
Je comprends que tu frissonnes au fil des évennements mais pas de froid par chez toi !
Je me suis arrêtée à tes Noces Insolites plutôt qu'à la France telle qu'on la fait.
Et ton texte est si beau qu'il me fait sourire au saut du lit, merci pour ce début de journée illuminé.
Tiens, coucou Mumuse ^___^
(je sors... pardon, mais c'est mon amie, youpi ^__^ bisous :) )
je me demande si je ne devrais pas être jalouse
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