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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, décembre 28, 2007

La mer, autant qu’il m’en souvient, était calme, parcourue de petites risées entre frémissement grelottant et ondes de joie, mais ne sais plus où elle était cette mer, ou je ne veux pas essayer de le savoir.
Le vieux plongeur était assis, jambes pendantes, sans envie, avec seulement la certitude qu’il descendrait, forcément, inéluctablement, mais il n’arrivait pas, dans ce petit matin là, à déclencher les quelques gestes nécessaires. Il a pensé à toutes ces plongées qui avaient tissé sa vie, ranimant ou laissant remonter le souvenir des plus belles, pas les plus profondes, pas les plus productives, ces jours où la lumière l’accompagnait, en pinceau fou et irisé, où l’eau se faisait plus caressante, où chaque bout de roche, chaque coquillage devenu purement minéral, chaque petit corps brillant, ondulant dans sa course rapide, pris dans un banc, des poissons faussement anonymes, lui était redécouverte joyeuse, où il retrouvait, tapis au fond ses vieux sages amis, mérous, murènes ou le vieux dormeur, où les algues lui faisaient signe.
Il a souri de les retrouver et il a plongé. L’eau autour de lui demeurait grise, claire, légèrement verte. Son œil glissait mais ne s’accrochait pas. Les bancs filaient autour de lui et ce n’étaient que l’éternel recommencement de cette course dont il ignorait le but. En passant devant son trou il a cherché Platon le mérou mais celui-ci n’a pas répondu.
Ses tempes battaient un peu. Il a éternué ce qui n’est guère recommandé. Mais comme il n’avait pas le choix, il descendait toujours, dans l’espoir, la certitude, que le fond l’attendait, et le renverrait vers le choc éclatant en mille goutes blanches de son irruption dans le soleil.
Et il s’allongerait sur le pont, avec ce qu’il aurait ramené, s’il avait encore la force de choisir et d’emporter - allongé un peu pantelant, mais bienheureux, pendant que ses compagnons raconteraient les misérables histoires du monde, et puis se mettraient à rire gentiment en pensant, sans les mettre en mots, à la beauté et à la tendresse.
N’importe quoi – retour en surface – pour la sortie indispensable cet après midi - pour réveiller l’envie de lire.
Et grand merci aux passants d'hier

5 commentaires:

Muse a dit…

voilà une histoire dans laquelle je me suis retrouvée, Brig;moi qui ai passé ma matinée à Cap Croisette, où j'ai aussi partagé beaucoup de tendresse. J'aime beaucoup les deux peintures.

Brigetoun a dit…

ben là il y a toujours la possibilité qu"il ne remonte pas

Muse a dit…

Ne va pas nous l'envoyer au pays des sirènes...

Anonyme a dit…

Il remontera, parce que c'est la vie. Tout remonte toujours après avoir visité le fond... Beau billet ce jour d'hui, oui, très beau billet.

Siréneau a dit…

Il aurait trouvé au fond de la mer la plante qui meurtrit les mains, comme une rose, celle qui guérit de la peur de la mort et qui eût pu sauver son ami Enkidou; ton billet a la saveur des légendes ô toi fille de la mer !