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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, décembre 07, 2007

La montée toute relative de la rue Saint Sébastien me renvoie à mes insuffisances, parfois douloureusement, et je me hisse en cherchant la tour qui apparaît comme un but au dessus des maisons de la Balance (reniant ma jeunesse d’étudiante en architecture, je les trouve idiotes mais ne les déteste plus), promesse de la descente de la rue Peyrolerie - les restes de carrière qui rendent plus abrupt encore l’élan des murs du palais, et en face, sous les maisons, ces vestiges dont je ne sais s’ils correspondent à un monument romain quand la ville du fleuve ou la ville du vent violent (je ne sais quelle étymologie me séduit le plus, mais je veux que la source soit ligure plutôt que banalement celte) avait été élue par eux comme petite sœur des cités romaines qu’étaient Arles ou Orange, ou à l’époque de rétrécissement autour du rocher, au bas empire ou aux temps du patrice Mammolus, de sa révolte et de sa résistance face au duc austrasien.
Ennuyeuse suis, et il est plus que vraisemblable que ces pierres, cette arcade, n’ont rien à voir avec ces élucubrations, mais la petite bonne femme que je suis, en trottinant sous eux, sortant, avec un petit vertige, du boyau de la rue, aime sentir autour d’elle les siècles qui sont passés sur elles, de batailles dures en assoupissement, la ville s’agrandissant et se rétractant.
Et je me moque bien de la justesse de mes idées, elles m’importent et m’accompagnent, avec ma décision arbitraire, en ce monde qui, après des siècles de bienheureux brassages, tient à se fractionner en ethnies bardées de certitudes (ces mots atroces en leurs sens détournés : identité ou appartenance), d’être une ligure d’une tribu vaincue, moi qui comme presque tout un chacun, suis « biscuits assortis », même si tous les biscuits provenaient de coins de France.
Et après avoir sacrifié au Cavarage, plaisir de passer sous la maison qui embrasse Saint Pierre, avançant un peu dans le temps, tout en restant dans notre monde. J’aime bien dans cette ville, toutes ces petites frontières entre les rues et places, trous creusés à travers les ans dans l’entassement des maisons.
Que me rend bavarde mon petit blanc actuel, légère déconnection sans envie de l’après-midi ! Tant pis, je me laisse emporter dans le vide, désolée pour les éventuels lecteurs têtus. Promené ce vide chez Char, effleurant les lignes, et m’arrêtant à cela :
« Parmi tout ce qui s’écrit hors de notre attention, l’infini du ciel, avec ses défis, son roulement, ses mots innombrables, n’est qu’une phrase un peu plus longue, un peu plus haletante que les autres.
Nous la lisons en chemin, par fragments, avec des yeux usés ou naissants, et donnons à son sens ce qui nous semble irrésolu et en suspens dans notre propre signification.
»

Ecouté Guyotat interviewé par Francesca Isidori et disant le début de « progéniture

9 commentaires:

Rosie a dit…

Avec ta randonnée tu nous fais voyager à travers les sièces et l'architecture de ta ville, magnifique, j'aime beaucoup me promener avec toi, je le fais tous les jours avec beaucoup de plaisir.

Tes photos sont très belles.

Bon vendredi et bisous.

Muse a dit…

Et Dieu sait que le ciel de la Provence donne lieu à tant de lecture!J'en donnerai un aperçu ce soir au gré de mes missions...Bonne journée Brig

OLIVIER a dit…

Quelle chouette promenade ! tes photos, j'adore surtout la 1ère !
et ton texte est toujours aussi riche de mots qu'on connait mais qu'on oublie... Merci.
Bon week-end chère Brig,
OLIVIER

Anonyme a dit…

Je ne m'ennuie pas avec la petite bonne femme qui trottine et qui aime les biscuits de...partout !

Anonyme a dit…

Magnifique Brig pour quelqu'un qui aimait à se promener dans Avignon... je "revis" tous les quartiers grâce à vous... Je me répète sans doute... Mais c'est que j'aime le dire alors...

Anonyme a dit…

"Ennuyeuse suis" : euhhh, non. Catégoriquement et définitivement, non.

Tes insuffisances, parfois douloureuses, ressemblent aux miennes...

Quant à citer Char, je sais bien que ce n'est pas écrit (que) pour moi, mais j'en suis très ému, parce que c'est sans doute l'un de mes auteurs préférés. On sent l'épaisseur de chacun de ses mots...

Anonyme a dit…

"en ce monde qui, après des siècles de bienheureux brassages, tient à se fractionner en ethnies bardées de certitudes (ces mots atroces en leurs sens détournés : identité ou appartenance)"

terrible et juste constat.

ennuyeuse? jamais :-)

tanette a dit…

Ennuyeuse ? Oh que non ! Bonne nuit Brigetoun.

Jean Pierre J. a dit…

"J’aime bien dans cette ville, toutes ces petites frontières entre les rues et places"

Moi aussi, quand j'y reviens tous les deux mois, j'aime passer soudainement de l'intérieur fermé d'un petit quartier à un autre, et progresser ainsi par découvertes et ascensions successives vers le Rocher des Doms,cadeau de verdure et ouverture vers le monde de l'eau et de la montagne.