Un plaisir que je tire du semblant de programme que je me suis offert cette année : ne pas y obéir. Un œil qui s’ouvre, un pied qui tâte le sol en repoussant les draps, couvertures, couette. L’idée de la conférence à laquelle je vais assister, la constatation que la carcasse fonctionne correctement, une goutte de café froid, les volets ouverts, et puis : l’œil a très envie de se refermer, et une tentation gaie de ne pas obéir à ce que j’ai décidé. Retour sous couette. Ecole buissonnière en petite joie légère. - comme un colvert dans son environnement (je sais, c’est tiré par les cheveux mais j’ai reçu trois photos d’oiseaux qui me plaisaient – et réellement le colvert est « bien à son aise », il me l’a dit).
Ce qui m’a permis d’être là pour recevoir les deux petits échantillons que j’avais ajoutés à ma commande de Noël. Furieuse que ce soit déjà là. Que ceux que j’ennuie encore cette année avec cette infraction à ma règle (pas de cadeaux) soient vengés par mon exaspération en me dépêtrant des cartons et des copeaux de polystyrène. Ne veut pas de réciproque. Une façon d’être présente, sans faire trop de bruit.

Un peu punie par une après midi pénible, tant pis. Suis quand même partie en quête de médicaments et d’oiseaux. Pas très naturels, mais ma-doué, c’est comme ça.

Et suis partie à l’opéra voir et entendre le Porgy and Bess duNew York Harlem Théatre, m’arrachant à l’examen par une assemblée quasi-vide du nouveau code, déjà paru chez Daloz pour sa partie législative (intervention de Vidalies faisant ressortir outre la procédure assez peu orthodoxe, les avis au vitriol de professeurs de droit du travail – ce serait comique si ce n’était dangereux pour les travailleurs – cette simplification qui double presque le nombre des articles, et qui déclassifie nombre d’articles alors que pour la partie réglementaire les gouvernements ne sont pas soumis à la règle du droit constant). Le silence de la presse sur l'élaboration, le vote au sénat et, sauf de brèves allusions ,ce vote à l'assemblée est inqualifiable.

Porgy, lui et sa Bess, et tous, ont une très longue habitude de chanter leur histoire. Un spectacle qui tourne depuis plusieurs années, et les chanteurs des rôles secondaires (bon Sportin’Life : Michaël Daley, entre autres) ne figuraient sur aucune des distributions éventuelles évoquées par les deux cahiers (quasi semblables) du trop grand programme. Rodé, très rodé, tellement que j’avais un peu l’impression par moment d’un play-back. Mais ils arrivent à ne pas donner l’impression du boulot routinier.
Un bon Porgy : Terry Cook. Découverte que la musique de l’opéra, que je n’avais jamais entendu, est plus complexe, moins immédiatement séduisante, mais sans doute meilleure que les airs isolés et devenus d’assez formidables standards, transfigurés qu’ils sont alors par leurs interprètes. Très agréable soirée, sans que passe le petit moment d’enthousiasme qu’il m’est arrivé de sentir, parfois.

Je vois en rentrant que les députés travaillent toujours sur le code du travail complexifié qui va faire les beaux jours des conseils prudhommaux en plein bouleversement (la belle réforme suppression) un peu avant leur renouvellement. Mais m’en vais diner et dormir.