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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, janvier 20, 2008

notes pour moi-même
Départ en petit veston, jupe courte et bottes (en janvier !) pour l’avant-dernier jour d’une assez formidable exposition à la Collection Lambert « j’embrasse pas » faisant suite au baiser imbécile d’une soi-disant « artiste » qui avait endommagé un des tableaux du triptyque « Phaedrus » (en relation avec le dialogue de Platon) de Cy Twombly.
Je vais être longue, ceci me servant à faire le point entre mes souvenirs tous frais et des éléments du petit livret distribué à l’entrée (gentiment le garçon ne m’a pas fait payer alors que je préfère attendre le mois prochain pour renouveler ma carte)
« Cy Twombly a été victime par deux fois. La première fois par un vulgaire baiser…. La deuxième fois, parce que, comme l’artiste nous le disait avec ironie en septembre, son nom sera désormais associé à celui qui aura fait une toile blanche baisée par une femme se prenant elle-même pour une artiste, prenant de fait Twombly en otage d’un scandale médiatique et judiciaire… »La collection Lambert a reçu, très vite, des lettres de soutien de musées, de centres culturels et d’artistes, puis l’idée d’une exposition témoignage se dessinant, la proposition de prêts d’œuvres qui semblaient coller au thème et quelques unes créées spécialement. Exposition sans trop de tapage, maintenant que le brouhaha est retombé, réflexion sur le vandalisme (et le baiser)
Noté : quelques jours après le procès des œuvres de cette femme étaient mises aux enchères (de 40.000 euros à 9 millions) avec la mention « merci Cy Twombly »

Désolée, mon appareil était resté au vestiaire et les vignettes sur le site sont illisibles (j’au tout de même trouvé sur le web un des clowns de Roni Horn et une version en noir et blanc d’un des Bruce Naumann). Sélection toute personnelle, presque tout étant soit beau, soit intéressant, soit amusant.
Dans la première salle une grande peinture sur bois et palissade de Jean Michel Basquiat, superbe et violente, dont le titre traduit pourrait être « elle installe une relation de confiance pour lui voler son cerveau en le grignotant comme une salade ». –
une installation de Douglas Gordon, des baisers échangés entre lui et divers personnages, en négatif ce qui curieusement leur fait à mes yeux perdre tout caractère charnel (je crois que l’intention n’est pas celle là) – encore de lui, dans une des salles du haut, une série de grandes photos de lui se regardant maquillé, les yeux dans le miroir entre terreur et fascination -

un moment merveilleux : la longue et large galerie blanche, baignée de la lumière qui entre par les grandes portes fenêtres sur le jardin, dans laquelle sont exposées à intervalles réguliers, les 36 photos carrées de Roni Horn « Cabiner of » : visage de clown, le cadrage, le temps de pose déformant l’image, forme blanche indécise avec la présence du rouge de la très grande bouche plus ou moins déformée, et parfois d’un œil ou du petit nez rouge, et je marchais lentement dans la salle vide devant ces marques gaies, amoureuses, tragiques ou enfantines –
une amusante vidéo de Trine Lise Nedraas à partir du long baiser des «amants du Capricorne » Bergman passionnée et Gary Grant impassible, parlant de tout et rien –
une belle vidéo de Baptiste Crosse : un garçon se peignant en rouge avec du rouge à lèvres –
le choc de l’installation de Xavier Veillan : une salle avec les mannequins raides de policiers ce qui ne doit pas devenir nécessaire dans les expositions –

les grands clichés du visage de Bruce Nauman qu’il déforme en tordant sa bouche –
des reproductions du baiser de Judas dans la fresque de Giotto à Padoue –
la gorge nouée devant les grandes photos de Nan Goldin : Gilles Dusein et Gorscho, la tendresse, la peur, au temps où le sida tuait beaucoup dans nos pays riches -
les deux grands tableaux sur des murs en angle : celui de Glenn Ligon, grande surface noire sur laquelle ruisselle le goudron recouvrant « I am » et le très grand panneau d’Anselm Kiefer, fond cireux, terreux, avec de petites guirlandes de dents enfoncées, une kalachikov rouillée incrustée au centre, et sous les coulures les restes d’images de papes, pères de l’église etc… écho de notre temps où la destruction d’œuvres tend à ne plus sembler chose incroyable
etc… etc… tant d’autres dont à la fin le triptyque blanc de Robert Ryman, endommagé par une femme qui avait tracé sur l’un des panneaux un cercle rouge et, des années après la restauration le rouge commence à réapparaitre.

et puis dans une salle une table affichant certaines des lettres reçues
Barcelo : … » L’œuvre de Twombly, sublime, repose d’avantage sur l’invisible que sur le visible, ce qui peut être dur à comprendre pour le public, et ce qu’a commis cette femme c’est un viol, un vandalisme sans intelligence. Il n’aurait jamais fallu ouvrir le débat.. »(en général les journalistes en prennent pour leur grade) – Claude Lévèque : « … les médias ne sont que les miroirs reflétant le monde, du populisme exacerbé en passant par le prêt à consommer caricatural… »Bernard Lavier, juste et cruel : « … une artiste qui a besoin d’un « conseiller artistique » est déjà à mes yeux totalement disqualifiée… »

Et au bout de trois heures suis ressortie – la lumière était sur le point de commencer à penser à son déclin, et une méchante petite douleur se réveillait. Rentrée, j’ai attendu qu’elle se calme, assez vite, mais décidément je ne verrais aucun des spectacles de Fest-hivers.

9 commentaires:

DUSZKA a dit…

Somptueux, chère Brigitte ! Merci. L'idée du ciel bleu en entrée et sortie de cette merveilleuse promenade est fort sympathique voire symbolique.
La méchante douleur t'a-t-elle quittée ? Je pense fort à toi. Bonne journée.

tanette a dit…

Des photos du ciel bleu que l'on aimerait voir remplacer le nôtre, désespérement gris... Bon dimanche.

marie.l a dit…

combien donc j'aurais aimé être dans ta poche pour t'accompagner !!! bon dimanche Brig !

Brigetoun a dit…

Marie dans lapoche de Brigitte,l'aspect général aurait soulevé l'enthousiasme des quelques visiteurs !

Anonyme a dit…

Merci pour ce compte rendu et bon dimanche !

Muse a dit…

Encore une visite où j'aurai aimé t'accompagner. Bon dimanche Brig...

Anonyme a dit…

Duszka a tout résumé : somptueux billet, Brigetoun, mis à part cette "méchante petite douleur"...

Anonyme a dit…

J'ai forcément un faible pour cette tête de clown avec des réglages photographiques très personnels.

OLIVIER a dit…

J'en veux des baisers moi aussi !
Quelle visite riche d'enseignements pour moi.
Merci !
Allez un bisou ! ;)