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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, janvier 07, 2008

Pascal Safredi ouvre ses volets, fait deux pas dans sa cour - le sol est humide, le jardin réveille ses odeurs – il lève les yeux, hoche la tête – gris uni, mais peut-être dans le coin, au dessus du toit voisin, une légère transparence, une promesse.
Dans une cuisine qui s’éveille une famille circule, les corps endormis évitant de se heurter, ils vont de la cafetière au placard, au réfrigérateur, et le petit déjeuner s’organise pendant que la misère, la peur, les inquiétudes du monde crachotent à la radio, mêlées à de doctes considérations sur la circulation et la composition des bonnes galettes à la frangipane.

Un père regarde avec une fierté satisfaite une rangée de chaussures de toutes tailles et entreprend de les cirer.
Une tout jeune fille baisse les yeux pendant l’élévation, si pénétrée par le sens des mots qu’elle se sent défaillir, et en redressant la tête admire le manteau devant elle, qui lui irait si bien.

Les galettes gonflées voisinent avec des brioches grosses de leur parfum, et leur parure de fruits brillants et Maryse les empaquette pour les clients – elle a un peu mal aux pieds mais ses bottes sont si jolies, et tout à l’heure, Julien… si elle le pouvait, elle fermerait les yeux pour sourire.
Un corps brulé par des nerfs malades cherche à se fuir, et ce qu’il contient de conscience pense que cela ne peut plus durer.
Geneviève vérifie la tenue de ses filles, appelle l’ainée qui boude, pieds nus, nez dans un livre, lance une moquerie qui met fin à cette révolte rituelle, sourit à son mari et embarque sa famille pour le déjeuner dominical.

Ahmed et Maurice s’étirent dans la cuisine du foyer – une longue journée de repos – pas assez las pour la laisser vide – bâillement.
Une cloche sonne, et un peu après un carillon rebondit sur les dernières notes dans l’air humide, juste au moment ou le ciel finit de se fendre.
En buvant son thé Jacqueline se répète une fois encore qu’elle ne supporte pas sa tante.
Une petite foule attend devant l’opéra l’ouverture des portes pour le concert du nouvel an.
Pendant que des silhouettes font du bruit sur le grand écran de sa télévision, Berthe allonge ses jambes, se carre dans le canapé en soupirant de bien-être - le bébé remue, elle prend la main de Jacques et la pose sur son ventre – ils se sourient.
Madame Leroux parle avec son chien
Louis ne sait plus que sa famille est là, ses mains hésitent et puis trouvent le bon geste, sa maquette avance
Brigetoun réalise que la nuit est descendue dans sa cour et elle s’installe pour voir Oncle Yanco d’Agnès Varda, la Grèce, Byzance et .Sausalito, la peinture, la beauté et nos utopies.

11 commentaires:

Alcib a dit…

La nuit a commencé à descendre un peu plus tard chaque jour, heureusement. Je constate avec plaisir qu'avant que la nuit ne descende, Brigetoun a eu le temps de nous faire faire une belle promenade et de nous présenter plusieurs personnes.

DUSZKA a dit…

Quelle belle façon de commencer la journée et la semaine. Suivre tes pas, tes images, tes mots, tes pensées, ça fait du bien, ça réconcilie, ça réchauffe, ça élève... quelle richesse ! Bonne journée à tous.

FalconHill a dit…

Pareil que Duszka : avec un café et le soleil qui peine à se lever derrière le brouillard, c'est chouette de commencer la journée comme ça.

Miam miam les premières lignes. Et divin le ciel bleu avec les moutons dedans.
Bonne journée

Rosie a dit…

Tu nous as fait connaître plein de gens, ma belle.

Quelle belle imagination fertile, savoir voir les gens dans leurs quotidiens.

J'ai beaucoup aimé ce post vraiment rempli de réalités quotidiennes.

Bon lundi, ma belle et bisous.

Anonyme a dit…

m'associe à tous ces commentaires... et les photos, toujours les photos... le Brigetoun Avignon... Merci.

marie.l a dit…

d'un intimisme à la Resnais ! c'est superbe ... bonne journée Brig !

Muse a dit…

instants de vie que tu nous croques avec délices. Belle journée ensoleillée Brig!

Unknown a dit…

P., après un repas tardif, s'est installée confortablement, et lit les mots de Brigetoun. Elle va de maison en maison, de vie en vie, et reprend conscience, d'elle-même, du souffle de son chat tout proche, de l'ordinateur sur ses genoux. Il est temps de prendre le café.
Bonne journée, Brigetoun, et merci pour cet agréable moment en ta compagnie !

Anonyme a dit…

Je te vois, je t'écoute, je te lis, c'est fluide, limpide, mais non pas stupide même si la rime est riche, splendide, pour moi le candide.

Anonyme a dit…

Un billet aussi succulent que la galette, je m'imagine, tout comme toi, dans la petite foule qui attend l'ouverture des portes de l'Opéra.

Très belles photos, comme d'habitude.

Oui, tu commences la semaine sur les chapeaux de roue, et c'est très impressionnant !

Anonyme a dit…

Et puis c'est bien de te voir de temps en temps (cf la dernière photo)!!