Un marché somptueux, des paniers lourds mais vides, un achat opulent assez peu comestible (même pour Cléopatre, sauf en employant un pilon pour en faire une poudre comme mes cataplasmes - peu engageant), irréaliste et interdit, ce qui n’a guère d’importance. Antithèse de « l’Opéra Mouffe » de Varda regardé dans la nuit de dimanche.
Ce qui fait que notre génération demeure, sans doute, moins tributaire de l’inutile (à part des bouffées de luxe, mais réel, et donc rarissime) – le dénuement, et les petits bonheurs, les difficultés et le coté physique de la vie, quand les voitures étaient un luxe auquel nous ne rêvions pas, que les filets sciaient les mains et courbaient les épaules - les amoncellements de denrées entassées dans des cageots branlants sur des sols crasseux, le lait dans des bidons, les vêtements des parents retaillés pour les enfants, l’inexistence de l’idée d’un réfrigérateur - mais les amoureux du film dans leur lit de fer à coté d’une antique machine à coudre, le soleil pénétrant par la fenêtre, les plaisanteries, une poésie pas trop mièvre et convenue, et les logements sans eau, la cuvette et le broc – et sur le marché des visages ravagés qui ne diffèrent de ceux que nous pourrions croiser maintenant que d’être plus franchement abimés, non maquillés, et filmés en un très beau noir et blanc – l’époque où l’on pensait que les clochards l’étaient volontairement, quand, dans ce quartier qui n’était pas encore un cadre pour la bourgeoisie intellectuelle et terrifiquement aisée, on pouvait les regarder un peu comme des héros, des philosophes avinés et à vrai dire très abimés.
Ce qui fait que notre génération demeure, sans doute, moins tributaire de l’inutile (à part des bouffées de luxe, mais réel, et donc rarissime) – le dénuement, et les petits bonheurs, les difficultés et le coté physique de la vie, quand les voitures étaient un luxe auquel nous ne rêvions pas, que les filets sciaient les mains et courbaient les épaules - les amoncellements de denrées entassées dans des cageots branlants sur des sols crasseux, le lait dans des bidons, les vêtements des parents retaillés pour les enfants, l’inexistence de l’idée d’un réfrigérateur - mais les amoureux du film dans leur lit de fer à coté d’une antique machine à coudre, le soleil pénétrant par la fenêtre, les plaisanteries, une poésie pas trop mièvre et convenue, et les logements sans eau, la cuvette et le broc – et sur le marché des visages ravagés qui ne diffèrent de ceux que nous pourrions croiser maintenant que d’être plus franchement abimés, non maquillés, et filmés en un très beau noir et blanc – l’époque où l’on pensait que les clochards l’étaient volontairement, quand, dans ce quartier qui n’était pas encore un cadre pour la bourgeoisie intellectuelle et terrifiquement aisée, on pouvait les regarder un peu comme des héros, des philosophes avinés et à vrai dire très abimés.
Lundi gris, qui semblait doux et s’est révélé frais, et mon fin manteau de demi-saison, endossé parce que mon humeur lui était assortie et qu’il ennoblissait ma robe informe, n’était pas une carapace suffisante. Me suis limitée au Casino de la rue Saint Agricol et m’en suis retournée finir la lecture de » l’enquête de Lucius Valérius Priscus » de Christian Goudineau, juste ce qu’il me fallait ces derniers jours, un cadre historique, découvrir des brides de Catulle avec le héros, une écriture neutre mais agréable, une construction un peu maligne mais pas trop, une enquête policière ou politique ni passionnante ni dénuée d’intérêt et une histoire d’amour, qui pourrait si l’on y tient être équivoque. Et une fois encore, une petite idée qui ne s’impose pas assez pour que je cherche la réponse, mais qui m’intrigue quand je lis des anciens, ou leurs pastiches : quand et d’où est venu le vouvoiement ?
Oh ! j’y pense - pour les vauclusiens que cela intéresserait :
Oh ! j’y pense - pour les vauclusiens que cela intéresserait :
11 commentaires:
Belles images d'un passé révolu que tu nous fais revivre par tes écrits. Quelle belle nostalgie du temps passé.
Passe une belle journée, ma belle.
Bon mardi et bisous.
bonne journée Brig !
Merci pour l'évocation de notre génération de l'eau transportée dans le broc et du bain le samedi dans la grande bassine.
Bonne journée.JPJ
Chez nous aussi, un clin d'oeil pire que coquin du soleil, fugace et de nouveau vent et pluie. Donc, douche fraîche sur mes velléités d'allégresse printanière. Merci de tes mots et des images qui les réchauffent. Bonne journée et bises.
Tu as bien raison, je me suis "emballée" trop vite, le soleil n'a duré que 2 jours, vite remplacé aujourd'hui par le brouillard et le froid. Bonne journée.
Mais d'où vient-il ce vouvoiement?
Accent Grave
Pas de problème Brigetoun, prends les photos que tu veux !
Que j'aimerais être vauclusien le 23 (un peu moins les soirs d'élections, cependant...^^)
Président de la République et parlement... Vrai beau et grand sujet ! J'aimerais être avignonnais ce 23 Janvier au soir...
Description nostalgique : j'adore ! Je ressens bien une petite envie de décroissance sur ce coup là, ça me convient bien...
Biz à toi
Bon, je ne suis pas de la même génération que toi, mais ma famille était très bohème, et j'ai donc grandi dans un foutoir énorme, entre sacs de gravats et chauffage défaillant. Et puis... J'ai souvent eu le plaisir de prendre le bain dans une bassine, dans le jardin de mes grands-parents, qui n'ont jamais quitté cette époque. La tête en l'air, et les fesses au chaud. Et puis, de cueillir les haricots beurre, et de les écossser. Et puis de ramasser des escargots, et de les mettre dans le carton tout baveux où ils attendaient leur heure. Et puis les fraises tagada, et puis les bandes dessinées achetées par une grand-mère pas très au courant des interdits familiaux.
Ahhhhh, la nostalgie de bon matin est un sentiment très agréable.
Je te remercie.
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