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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, février 18, 2008

Des photos sans rapport avec rien, sauf mon bon plaisir : le souvenir bouffé par lumière et maladresse d’une fausse boutique sur mon chemin, un chien qui s’en allait dans le soleil, silhouettes modelées ou peintes pour un hommage à la danse, où elles ont la bonne grâce de rendre hommage à mon reflet, et parmi toutes les photos-cadeaux du Faucon, les chevaux de la Saint Valentin à Roquemaure, pour l’amour du pays, qu’importe si elles ne vont pas avec ce qui suit.
Et une longue dérive devant une fenêtre donnant sur la nuit, sans risque d’ennuyer dans le désert actuel, en écoutant la » trilogie de la différence » d’Antonio Negri, pour marquer l’agréable lecture de la nuit de samedi, et vérifier que je suis encore capable de cela, et bien non, j’ai beau stopper par moment, en arrêt, je fais mal les deux, écouter et ordonner mon souvenir. Tant pis.
Racheté « Bourlinguer » de Cendrars et plongée à la recherche du souvenir, après quarante ans, d’un jardin qui m’était un trésor. Et j’avais tout oublié sauf l’apparition dans le texte de « Gènes », de ce jardin napolitain. « A gauche, comme un nid de serpents, une maisonnette envahie par les ronces, les jets, les lances, les mille tiges, les épaisses ramures tourmentées comme des ceps, le tronc, gros comme la cuisse, d’un rosier grimpant furieux de sève et redevenu sauvage et dont les nœuds emmêlés et inextricables retombent du toit et des fenêtres crevés en une lourde masse sombre et parfumée qui se dénoue comme une chevelure broussailleuse sur une terrasse en balcon, à moitié effondrée, qu’elle écrase de tout son poids avant de rebondir dans une ravine, un vallon de verdure qui coule jusqu’à la mer ; à droite, au sommet d’un petit épaulement, d’une espèce de butte artificielle, de motte crevée par d’énormes racines qui ont remué et mis au jour deux, trois blocs de pierre d’un monument antique enfoui sous terre, un pin millénaire…. »
mais j’avais tout oublié, sauf une ambiance, oublié que cet enclos était le cadre de la mort de la petite fille, son amour d’enfant, qu'il s'agissait de la roue des choses à laquelle sont attachés les hommes, et, avant le jardin, justifiant le retour de Blaise et donnant le thème du texte, les lignes où il se fustige, et trouve l’évidence de sa faute (envers le père ?) dans Cassien et sa verve sévère, lui qui était marseillais, fondateur de Saint Victor « Quelle est donc, je vous prie, la communauté de l’âme avec les esprits du mal, si étroite et si intime qu’ils puissent, je ne dirais pas s’attacher du dehors mais s’unir à elle ?.... Et telle est enfin l’unité qui existe entre eux et notre esprit qu’il est quasi impossible sans une grâce de Dieu, de discerner ce qui procède de leur excitation et ce qui est de notre volonté.. » et suit une énumération des esprits du mal, exhaustive et savoureusement incarnés.
Et ceci, noté, sans rapport évident, dans la marge, hier en lisant debout dans l’ilot de lumière d’une petite lampe, et qui déborde sur les pages suivantes : En vérité, je vous le dis, cet homme qui nous gouverne est ivre, car Cassien disait que le mal ne peut atteindre notre esprit que par la débilité du corps. Or donc, il est évident que cet homme n’agit et ne parle pas guidé par la raison, et qu’est ce qui rend débile le corps si ce n’est les excitations alcooliques ou, à défaut, autres, comme le gout des brillants mirages ?
Les vieilles dames sont sottes au creux de la nuit.

Et avant, en remontant dans le livre recueil, à vrai dire assez mal fichu, sautant entre autres par-dessus les lignes sans intérêt sur Toulon, l’historiette d’expatriés au Brésil sous l’étiquette « Bordeaux » et les filles d’Anvers, il y a en ouverture « Venise » et l’histoire de la vie et des mémoires du vieil aventurier, ruiné et protégé, finissant sa vie aux Indes et la charge contre le premier éditeur au début du 18ème siècle « lui qui a détourné le cours du récit en excluant soigneusement de sa publication tout ce qui concernait la vie, les aventures réelles, les observations pertinentes et par trop malicieuses de notre vieux médecin, effacé ses réflexions, ses vues personnelles, surtout en matière de religion, et expurgé son vocabulaire : lui qui a affadi avec emphase un style primesautier, cru, direct, ce style qu’ils employaient tous à la grande époque, les voyageurs, les marins, les hommes d’armes, les découvreurs, tous aventuriers pas très forts sur la grammaire, chancelant sur l’orthographe d’une langue encore instable, mais qui écrivaient comme ils parlaient, les bougres, parce qu’ils étaient des grands vivants…. » et la phrase continue courant au long de la page .. » les Mémoires de notre vieil aventurier et médecin qui s’était improvisé auteur pour finir sa vie en paix et qui, oublié de l’autre côté des mers, perdu dans ce pays grouillant et dévorant des Indes, ayant eu vent de ce qui se publiait à Paris et circulait en Europe sans son assentiment, se mourait de male rage, maudissant le Père Catrou qui l’avait dépouillé, protestant contre la mauvaise foi des Jésuites… » et je laisse la phrase tourner sur la page suivante.
Totalement loupé Négri. Ce n’est pas bien, mais je suis bien avec Cendrars. M’en vais voir en dinant ce que j’avais encore oublié, et essayer lundi matin de proposer mes services pour la campagne.
Excuses plates à qui aura suivi.

7 commentaires:

Rosie a dit…

Belle description des jardins napolitains.

J'ai pris plaisir à partager tes lectures très intéressantes.

Bon mardi et bisous, ma belle xxxx

FalconHill a dit…

C'était chouette ce matin... Peut être devrais je tenter les expériences de bouquins dont tu parles.

Merci du merci :)) (et vive les chevaux)

Anonyme a dit…

Ces phrases comme de longues respirations...
Merveilleux rosier, "ce nid de serpents", qui sur la terrasse s'épanouira comme une chevelure délivrée... Belle promenade (errance?) dans tes souvenirs. Des envies de (re)lectures données, offertes.

Anonyme a dit…

Un long parcours quand même entre ta photo en rapport avec rien (c'est déjà quelque-chose) et tes excuses plates, j'ai eu du mal à te suivre ! Bonne campagne et pour te faire sourire, j'ai lu(ché plus où) que Sarko fait du social ! !

OLIVIER a dit…

Tout est beau ! photos, textes, tes mots sauf ce maudit président.
Merci Brig pour ce que tu es.
Bises,
OLIVIER

Anonyme a dit…

Je suis content d'avoir pu écrire ... Bien à vous...

Anonyme a dit…

Bon je vois, je suis l'anonyme précédent...
PStern