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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mars 31, 2008

Dimanche, trou douillet, plus ou moins, même pour une oisive.

Bonjour – faisait pas chaud dans la cour dimanche aux petites heures, même si administrativement elles avaient grandi, et au bout d’un long temps en pyjama et châle, la dame a décidé que je commençais à être présentable et qu’une douche chaude et un peu de fromage et de miel s’imposaient – et donc elle m’a abandonné sous la protection illusoire d’un bidule transparent qui dansait dans le vent. A mon copain vexé d’être délaissé (parce que, je crois, elle en avait vraiment assez), elle a répondu qu’il avait un nez pas possible bien sûr, mais qu’il resterait ainsi, que les longs nez donnaient du style et les nuques plates de la race.

Je crois qu’ensuite, elle s’est occupée de ses cheveux, de penser à sa famille, de gratouiller nos ainés, de lire et de rêver. Elle est revenue avec une tasse de café, m’a rallongé une jambe trop courte pour me permettre de varier un éventuel boitillement, m’a un peu lissé, gentiment. Elle a posé une tête très blanche, devenue un peu chauve, sur la table en se promettant d’y mettre un essai de capuchon, mais elle a découvert que la terre brune avait déjà avalé toute l’eau du petit bac, se l’était incorporée, était redevenue sèche - elle a grommelé que, comme elle, comme les humains, nous étions surtout de l’eau transmuée (elle pratique l’approximation avec constance). Et elle m’a de nouveau laissé, avec les plantes qui ondulaient un peu, de moins en moins, et la gentille et un peu sotte pâquerette qui aura vécu toute sa vie avant le printemps. Dans la succession de bleus et gris au dessus de nous, les gris semblaient vouloir gagner la partie - pas tout à fait ; cela faisait comme une roche gris bleu un peu ravinée, avec des masses blanches et des rigoles entre bleu et noir.
Et comme quelques gouttes molles tombaient, sans conviction, lentement, elle est venue nous chercher, et puis a renoué avec la paresse.
Elle avait regardé cette noble porte, voulant rêver qu’elle la franchissait pour trouver un couloir et une grande pièce vide, aux murs beige sale, ouvrant sur un jardin intérieur. Elle se serait assise au milieu et aurait regardé les murs pour y installer des fresques un peu sombres et indécises, des silhouettes entre des arbres, humains et statues, ou bien, elle y a pensé brusquement, un papier peint panoramique, avec de grandes palmes et des montagnes dans le lointain, comme celui que l’un de ses ancêtres avait réalisé pour un commanditaire, au retour de son embarquement de mauvais sujet, mais dessinateur moyennement habile - l’un ou le premier panoramique, pour lequel seul le nom du fabriquant, de l’entrepreneur, est resté à la postérité, sauf pour quelques chercheurs – et elle a eu, et elle n’a plus, une plaquette racontant l’histoire, et reproduisant l’un des rares exemplaires complets..
Bon elle voulait rêver, mais ça n’a pas vraiment marché, parce qu’elle a vu trop souvent des gens franchir cette porte pour que la pièce vide soit crédible, même pour elle.
N’importe quoi une fois de plus (et je n’étais pas sure du nom du fabricant, mais, merveille de la toile, je l’ai retrouvé sur
http://www.ngashop.com.au/Conservation/Paper/LesSauv.cfm et le grand oncle itou)

10 commentaires:

Rosie a dit…

Bravo Briget, première fois à ma connaissance que tu fais parler tes personnages en terre cuite, j'aime beaucoup.

Ils ont aussi une âme, même inerte.

La dame va vraiment être très belle et l'homme au grand nez, tu as bien raison, il y en a des gens au grand nez, la perfection cela n'existe pas.

Bravo pour tes créations.

Bon lundi et bisous xxxx

micheline a dit…

créer de ses mains me fascine toujours...toutes ces gracieuses demoiselles : de petits clônes en devenir ???
un monsieur aussi tout au moins une tête comme il se doit!!
et soit rappelé en passant "jamais grand nez n'a déparé belle figure"
Pour les rêves lointains...d'évocatrices gravures sans essayer de traduire la substantifique moëlle de l'écriture

Brigetoun a dit…

zut !je croyais que c'était un petit garçon

Anonyme a dit…

Heureux de savoir que j'ai un certain style.....

tanette a dit…

J'ai aimé hier ton "moment de narcissisme",(d'autant qu'en cliquant sur la photo on t'aperçoit davantage...)comme j''aime beaucoup aujourd'hui ton billet raconté par tes oeuvres, la jeune fille a une belle position...

OLIVIER a dit…

Que de talents tu as !!!
Toi qui aime l'opéra, connais-tu Sylvie Valayre ? je l'ai entendue hier, je l'ai trouvée magnifique ! dans les deux sens ;)
Je te souhaite une belle semaine !
OLIVIER

Anonyme a dit…

Ah mais bien entendu, c'est un garçon ! Enfin c'est comme cela que je le considérais !

Je trouve que ton personnage se prétendant abandonné (il va falloir leur trouver un nom) ressemble, avec son beau nez, au petit Nicolas (mais non, pas l'apprenti roi, celui de Sempé !).

J'aime beaucoup ces lourdes portes (j'en avais une comme cela quand j'habitais Paris), j'imagine toujours qu'elle cachent des merveilles...

Anonyme a dit…

Magnifique cette illustration des voyages du capitaine . très bernardin de Sint-Pierre et mévoque certains motifs des toiles de Jouy.
Voici que tes personnages sont en quête d'auteur et prennent la parole! Une langue bien pendue et qui te connait bien!

Anonyme a dit…

tes personnages me rapellent tant de choses...

sera belle la demoiselle !

Anonyme a dit…

Tout ce que nous voulons, en fait, c'est que la terre s'éveille...