Commencé par la lecture d’un texte téléchargé sur Médiapart où je retrouvais enfin un mai 68 moins étrange que celui qui est relaté par les officiels témoins et propriétaires (voir si cela vous intéresse http://brigttecelerier.blogspot.com – pour moi c’est le fondement de ce que j’ai tenté d’être, avec plus ou moins de succès), choisi avec gourmandise et passé une commande sur Publi-net http://www.publie.net et suis partie en quête d’un téléphone.
Retour avec le téléphone et, bien sûr, des livres. Bataille pour comprendre, malgré mon handicap devant tout mode d’emploi, comment installer et utiliser mon nouveau joujou (il me reste plein de découvertes à faire), et en début d’après-midi un peu plus de deux heures d’énervement et de plaisir sur ma bonne femme.
qui se dégage peu à peu. Gelée et courbatue je lui ai demandé de patienter, sans trop se durcir (les jambes, la nuque, le visage etc…créer des angles, mais renoncer à la vraisemblance)
et m’en vais être parasite, ennuyeuse, ou tentatrice, en prélevant le début de chaque élément de cette promesse de lectures, moisson à venir, que j’ai devant moi.
Sur écran (publie-net)
«Il fronce les sourcils, il se frotte les yeux, il pense avoir mal vu et il regarde encore. L’écrivain classique, un matin, aperçoit soudain dans sa ville quelque chose dont il a déjà lu l’exacte description. Non pas une narration évoquant ce qu’il est en train de regarder à présent, mais au contraire la même chose, la réplique parfaite, sous la forme écrite, de ce que la réalité, visuelle et en relief, olfactive, sonore, lui propose maintenant. » Marc Pautrel (la vie des écrivains classiques)
«J e t'écris, mais pas depuis Corfou et sa prison, je t'écris d'Athènes, à peu près libre... Oh non, je ne suis pas en perme. Je suis officiellement, éternellement assiégé. Enfin, quelle importance, partout c'est plus ou moins pareil, prison, asile, parti, société... On ne peut même plus être en soi-même. Et pourtant on est tellement seul, comme si tous les matins on partait se faire fusiller... » Chrònis Mìssios (toi au moins, tu es mort avant)
« La matinée passée avec les enfants à Trois Fontaines, belle partie de ballon dans la nef avec Nathan en passoire aux cages et Madeleine comme avant-centre efficace, le goal était souvent battu, à sa décharge ses cages étaient vraiment démesurées. Le parc s'ouvrait aussi à nous, ses seuls habitants, deux ondées nous poussèrent à nous retrancher sous des marronniers épaissément fleuris. Là étendu sous le feuillage et les fleurs rouges, j'observe une buse planer à contre le vent. Mon ventre sert de piste pour les voitures miniatures de Nathan. » Philippe de Jonckheere (Désordre, un journal) mais là j’ai triché en prenant la deuxième entrée, sautant Le Pen et Chirac
« De La Nuit juste avant les forêts, il faudrait parler comme d’une pièce creusée dans une langue que n’épuiserait jamais rien, au cœur d’une durée affranchie de son terme, don d’une présence enfin, qu’aucun espace ne saurait circonscrire – hors le corps même, le corps proféré d’un théâtre faisant violence à l’acte de lecture. » Arnaud Maïsetti (Seul comme on ne peut pas le dire) pour entrer dans son écriture, après le blog http://arnaud-maisetti.blogspot.com par l’intermédiaire de mon amour du théâtre de Koltès (une lecture de La Nuit juste avant les forêts)
«Il fronce les sourcils, il se frotte les yeux, il pense avoir mal vu et il regarde encore. L’écrivain classique, un matin, aperçoit soudain dans sa ville quelque chose dont il a déjà lu l’exacte description. Non pas une narration évoquant ce qu’il est en train de regarder à présent, mais au contraire la même chose, la réplique parfaite, sous la forme écrite, de ce que la réalité, visuelle et en relief, olfactive, sonore, lui propose maintenant. » Marc Pautrel (la vie des écrivains classiques)
«J e t'écris, mais pas depuis Corfou et sa prison, je t'écris d'Athènes, à peu près libre... Oh non, je ne suis pas en perme. Je suis officiellement, éternellement assiégé. Enfin, quelle importance, partout c'est plus ou moins pareil, prison, asile, parti, société... On ne peut même plus être en soi-même. Et pourtant on est tellement seul, comme si tous les matins on partait se faire fusiller... » Chrònis Mìssios (toi au moins, tu es mort avant)
« La matinée passée avec les enfants à Trois Fontaines, belle partie de ballon dans la nef avec Nathan en passoire aux cages et Madeleine comme avant-centre efficace, le goal était souvent battu, à sa décharge ses cages étaient vraiment démesurées. Le parc s'ouvrait aussi à nous, ses seuls habitants, deux ondées nous poussèrent à nous retrancher sous des marronniers épaissément fleuris. Là étendu sous le feuillage et les fleurs rouges, j'observe une buse planer à contre le vent. Mon ventre sert de piste pour les voitures miniatures de Nathan. » Philippe de Jonckheere (Désordre, un journal) mais là j’ai triché en prenant la deuxième entrée, sautant Le Pen et Chirac
« De La Nuit juste avant les forêts, il faudrait parler comme d’une pièce creusée dans une langue que n’épuiserait jamais rien, au cœur d’une durée affranchie de son terme, don d’une présence enfin, qu’aucun espace ne saurait circonscrire – hors le corps même, le corps proféré d’un théâtre faisant violence à l’acte de lecture. » Arnaud Maïsetti (Seul comme on ne peut pas le dire) pour entrer dans son écriture, après le blog http://arnaud-maisetti.blogspot.com par l’intermédiaire de mon amour du théâtre de Koltès (une lecture de La Nuit juste avant les forêts)
Deux arbres qui m’avaient plu par le rebond entre la boule dense et sombre et les ramures argentées, et je continue encore et encore (pas obligés de suivre)
« Hier il y avait un peu plus de vent.
C'était du vent qui venait de là !
Aujourd'hui on dirait qu'il a changé un peu, il viendrait plus de par là,
on dirait ! » Serge Valetti (plus d’histoires) court
« Au loin l’Acropole toute blanche, le Parthénon éclatant, l’Erechthéion, les Propylées, partout du marbre.
« Tu n’es qu’un petit chien de salon. Tu aboies, mais les visiteurs savent bien que tu ne peux pas mordre. »
«Tu es un drôle de type, un libérateur de canaris qui vont se faire bouffer par les chats. Tu sais bien que sans leur cage ils sont perdus : la liberté, c’est l’insécurité. Pourquoi se donner tant de mal ?» Màrio Hàkkas (les cénobites, précédé de le bidet)
« dans la rue un homme en costume noir traînait un enfant qui ne voulait pas : trace des doigts serrés aux poignets, l’enfant à genoux et l’homme tirant sur les bras, face à face les deux visages fermés, hostiles, ennemis pour toujours…Sereine Berlottier (ferroviaires)
« La voiture. A l’arrière l’enfant pleure. encore. Des larmes presque sèches. Presque écoulées. Devant, le père, conduit. Sans se retourner.Pas même le rétroviseur pour vérifier que le monde s’éteint avec la route.
Et la nuit. » Sébastien Rongier (au troisième étage) court itou.
« Hier il y avait un peu plus de vent.
C'était du vent qui venait de là !
Aujourd'hui on dirait qu'il a changé un peu, il viendrait plus de par là,
on dirait ! » Serge Valetti (plus d’histoires) court
« Au loin l’Acropole toute blanche, le Parthénon éclatant, l’Erechthéion, les Propylées, partout du marbre.
« Tu n’es qu’un petit chien de salon. Tu aboies, mais les visiteurs savent bien que tu ne peux pas mordre. »
«Tu es un drôle de type, un libérateur de canaris qui vont se faire bouffer par les chats. Tu sais bien que sans leur cage ils sont perdus : la liberté, c’est l’insécurité. Pourquoi se donner tant de mal ?» Màrio Hàkkas (les cénobites, précédé de le bidet)
« dans la rue un homme en costume noir traînait un enfant qui ne voulait pas : trace des doigts serrés aux poignets, l’enfant à genoux et l’homme tirant sur les bras, face à face les deux visages fermés, hostiles, ennemis pour toujours…Sereine Berlottier (ferroviaires)
« La voiture. A l’arrière l’enfant pleure. encore. Des larmes presque sèches. Presque écoulées. Devant, le père, conduit. Sans se retourner.Pas même le rétroviseur pour vérifier que le monde s’éteint avec la route.
Et la nuit. » Sébastien Rongier (au troisième étage) court itou.
Sur papier, classiquement et pour lecture mobile :
« Je n’ai jamais été un enfant.
Dès la naissance, mon enf ance s’est envolée ailleurs, à jamais éloignée de sa part sublime, orpheline » Hafid Aggoune (premières heures au Paradis)
« Voix qui m’attire du dehors et plonge au-dedans de moi. Cri prolongé et sourd abolit les distances. Soudain ressentie l’insensibilité de la mort quand le souvenir s’abat après m’avoir frôlé ». Arnaud Maïsetti à nouveau (où que je sois encore…)
« Dans la chambre où elle est enfermée depuis plusieurs heures, la jeune fille entend les cris et les rires qui montent de la grande salle. A mesure que la soirée avance et que les esprits s’échauffent sous l’influence de l’alcool, l’angoisse grandit en elle à la pensée du sort que lui réservent les hommes qu’elle entend festoyer, et, au premier rang, le pire de tous, le chef de la bande, Hugo Baskerville, propriétaire dévoyé du manoir qui porte son nom » Pierre Bayard (l’affaire du chien des Bakerville) et je me dis que je vais le commencer dans la nuit, qu’il va avec mon humeur
« C’est une journée claire, la première après plus d’un mois de grisaille et de froidure, et a grande lumière est singulièrement bienfaisante. A dix heures, nous sommes à Vierzon et prenons pied sur l’autoroute. A Gif à onze heures et demie.
Je passe au Rustol quelques-uns des personnages en fer que j’ai rapportés, monté sur socle le galet recueilli à Carennac – la vierge sous ses voiles » et la suite est jolie. Pierre Bergounioux (carnet de notes 1991 – 2000) mais là, dans cette une somme à déguster par brides, j’ai pris la seconde page.
« Je n’ai jamais été un enfant.
Dès la naissance, mon enf ance s’est envolée ailleurs, à jamais éloignée de sa part sublime, orpheline » Hafid Aggoune (premières heures au Paradis)
« Voix qui m’attire du dehors et plonge au-dedans de moi. Cri prolongé et sourd abolit les distances. Soudain ressentie l’insensibilité de la mort quand le souvenir s’abat après m’avoir frôlé ». Arnaud Maïsetti à nouveau (où que je sois encore…)
« Dans la chambre où elle est enfermée depuis plusieurs heures, la jeune fille entend les cris et les rires qui montent de la grande salle. A mesure que la soirée avance et que les esprits s’échauffent sous l’influence de l’alcool, l’angoisse grandit en elle à la pensée du sort que lui réservent les hommes qu’elle entend festoyer, et, au premier rang, le pire de tous, le chef de la bande, Hugo Baskerville, propriétaire dévoyé du manoir qui porte son nom » Pierre Bayard (l’affaire du chien des Bakerville) et je me dis que je vais le commencer dans la nuit, qu’il va avec mon humeur
« C’est une journée claire, la première après plus d’un mois de grisaille et de froidure, et a grande lumière est singulièrement bienfaisante. A dix heures, nous sommes à Vierzon et prenons pied sur l’autoroute. A Gif à onze heures et demie.
Je passe au Rustol quelques-uns des personnages en fer que j’ai rapportés, monté sur socle le galet recueilli à Carennac – la vierge sous ses voiles » et la suite est jolie. Pierre Bergounioux (carnet de notes 1991 – 2000) mais là, dans cette une somme à déguster par brides, j’ai pris la seconde page.
7 commentaires:
Un temps oubliée, je retrouve le plaisir de la lecture, auquel je joins celui de l'écriture... J'ai une boulimie d'auteurs que je ne connais pas et que je veux encore découvrir, tant qu'il en est temps. Passe un bon dimanche Brig et joyeuses Pâques!
Plusieurs passions réduisent mon temps de lecture au minimum, je le déplore.
C'est plus qu'une soif que tu étanches là, c'est de la boulimie!
Et quelle relation!
La lecture conduit immanquablement à l'écriture.
Beau soleil ce matin. Durera-t-il?
J'ai justement décidé que ces quatre jours de « congé » seraient consacrés à la lecture et à la réflexion autour de ces lectures.
Je suis plutôt dans la relecture, cependant.
J'aime toujours autant les lectures que tu nous fais partager(avec un succès indéniable), découvertes ou redécouvertes.
J'aime aussi ta "bonne femme", mais je te l'ai déjà dit hier (ce qui me fait penser que nous n'avons plus de nouvelles de Jeanne-Aurélie).
Mai 68, est-ce un anniversaire ou une mémoire que nous devons retrouver. Cet évènement est entré dans les mémoires comme d'autres luttes politiques et sociales. Il y en aura, je le crains (parce que les aspirations des français ne sont toujours ni entendues ni écoutées), d'autres.
Jeanne Aurélie a vu ses bras mincir, en même temps que l'autre s'améliorait un peu mais je n'y étais pas, alors j'ai ciré Jeanne
Quel beau billet, et quel bel hommage à la lecture... Les phrases qu'on lit nous accompagnent un temps, ou parfois même toujours, nous hantent et orientent notre action. La lecture est un acte situé dans le temps, certes, mais qui l'étire, le distord, le rend caduc. Le temps file, nous pensons à ces phrases lues, nous les lisons encore et encore dans notre tête. Nous les compilons, opérons des liens entre telle et telle lecture, telle et telle pensée. Le temps s'enfuit, le livre n'est plus là, mais l'impression reste.
Tu es faite de ce bois qui garde la mémoire des mots et a envie de nous en livrer les échos. Merci, Brigetoun !
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