Bien décidée à m’abstenir, m’en suis allée dans la ville, bouti roulé entre bras et hanche, sac à linge tirant l’autre bras, et puis :
« La date de péremption était dépassée ». Sophie Meurcier de la Trouche, affalée sur le sol de la teinturerie, le bouti en sculpture effondrée sur sa droite, le joli sac en pachwoork si délicieusement harmonieux se vidant des draps et housse sur sa gauche, là où elle les avait laissés tomber, jambes allongées quasi dignement, pelure en pagaille, nuque appuyée en équilibre précaire contre un portant, se demandait pourquoi diable cette phrase avait été mise au passé par les gentils animateurs des impromptus littéraires.
Et en s’appliquant à retrouver une voix pour répondre « il ne semble pas », avec l’espoir que son ébauche de sourire ne soit pas grimace, au : « ça ne va pas Madame ? » de la tenancière des lieux, en levant les mains en dénégation aux offres de chaise, de sucre, au bras tendu pour la relever, elle songeait que c’était le présent qui s’imposait.
Et l’ébauche de dialogue l’ayant raccrochée au présent, renouant avec les mini-humiliations en les désarmant autant que possible par un calme affiché, qui l’a gagnée en douceur, elle s’est reposée, un peu, assez pour s’amuser de l’entrain gêné avec lequel ces braves gens profitaient de la situation pour sauter son tour.
Et quand la boutique s’est vidée, s’est relevée sans trop d’élégance, a trainé ses tissus bien pesants jusqu’au comptoir, payé, attendu un peu sous l’œil gentiment complice plus que compatissant de la jeune et très maigre repasseuse, et puis est repartie, à pas lents et prudents de petite vieille, vers sa demeure, le vent l’accompagnant cette fois.
Le soleil était jeune, l’air frais et mouvant, tonique et sans doute légèrement grisant pour de jeunes créatures et, en avançant, portée de plus en plus par le raccourcissement du trajet restant à conquérir, elle a repensé à ces nouvelles boutiques pour bourses plates qui mettent en vente des denrées entre leur date de péremption et le moment où elles deviennent dangereuses, encore presque bonnes au goût si on se dépêche d’en profiter.
Bon, restait à profiter sans relâche, des beautés et douceurs, de sa vie, d’elle, occuper toute la place entre ses limites.
Et en s’appliquant à retrouver une voix pour répondre « il ne semble pas », avec l’espoir que son ébauche de sourire ne soit pas grimace, au : « ça ne va pas Madame ? » de la tenancière des lieux, en levant les mains en dénégation aux offres de chaise, de sucre, au bras tendu pour la relever, elle songeait que c’était le présent qui s’imposait.
Et l’ébauche de dialogue l’ayant raccrochée au présent, renouant avec les mini-humiliations en les désarmant autant que possible par un calme affiché, qui l’a gagnée en douceur, elle s’est reposée, un peu, assez pour s’amuser de l’entrain gêné avec lequel ces braves gens profitaient de la situation pour sauter son tour.
Et quand la boutique s’est vidée, s’est relevée sans trop d’élégance, a trainé ses tissus bien pesants jusqu’au comptoir, payé, attendu un peu sous l’œil gentiment complice plus que compatissant de la jeune et très maigre repasseuse, et puis est repartie, à pas lents et prudents de petite vieille, vers sa demeure, le vent l’accompagnant cette fois.
Le soleil était jeune, l’air frais et mouvant, tonique et sans doute légèrement grisant pour de jeunes créatures et, en avançant, portée de plus en plus par le raccourcissement du trajet restant à conquérir, elle a repensé à ces nouvelles boutiques pour bourses plates qui mettent en vente des denrées entre leur date de péremption et le moment où elles deviennent dangereuses, encore presque bonnes au goût si on se dépêche d’en profiter.
Bon, restait à profiter sans relâche, des beautés et douceurs, de sa vie, d’elle, occuper toute la place entre ses limites.
La vue du balcon de l’hôtel et son charme vieillot au dessus de ma tête, lors de mon dernier arrêt, m’a été soulagement (profité pour le prendre), et, après rangement des vêtements et draps ramenés, pendant que cuisaient un bon peu de coquillettes, de celles qui gonflent et permettent une belle assiette, me suis escrimée à écrire cela et l’envoyer.
Après déjeuner, dormi benoitement pendant les questions orales au gouvernement, mis des épaules à la tête, et lu, tempes un rien battantes, de belles choses, et zut pour le repassage.
Après déjeuner, dormi benoitement pendant les questions orales au gouvernement, mis des épaules à la tête, et lu, tempes un rien battantes, de belles choses, et zut pour le repassage.
11 commentaires:
Bien ton texte de date de préemption était dépassée, même si cela ne te disait rien.
Magnifique ta photo.
J'espère que tes coquillettes étaient bonnes.
Bon mercredi et bisous
Et le repassage attendit !!
au passé bien entendu!
moi je ne repasse guère qu'avec mes mains !! tout ce petit linge qui ne demande qu'à être plié et rangé dans son placard.
principe d'économie !!
comme vivre à l'économie sans doute!
"sac à linge tirant l'autre bras..." Tu as joliment mêlé la réalité à la consigne d'écriture et tes photos me plaisent toujours autant. Bonne journée et tant pis pour le repassage...
Ma chère Brig, je viens de relire ton texte et ton écriture est flamboyante ! Une scène, peut être vécue, et de l'actualité avec les produits vendus juste à la date limite.
Je vais m'y essayer...
Pensées,
OLIVIER
Je suis venue pour le soleil, je suis restée pour relire ton texte excellent !
:-)
ben à vrai dire, tant pis j'avoue, c'est une photographie de ma matinée d'hier, objets; dialogue et tout,et tout, donc facile-
bonne journée à vous
Il y a des dates pour tout; à telle aubaine que le désir en nous vînt de vouloir anti-dater. On veut vivre trop vite préférant l'étant plutôt que l'être.
Pas de date de péremption pour ton texte consistant et toujours dans ton actualité. Pas grave tu repasseras une autre fois !
Bonne soirée !
"La date de péremption était dépassée", certes, mais avec ou sans "Escherichia coli" (j'avoue, j'ai copié-collé le nom de cette jolie bactérie) ?
Excellent travail, comme d'habitude, qui mérite amplement une exemption (en réalité simple report) du repassage...
J'aime à te voir bouti entre bras et hanches...Péremption ou pas me plait beaucoup le ton de ton histoire. Bonne soirée Brig!
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