Photos de la matinée de jeudi où j’ai pu sortir pour des courses hautement anarchiques (y compris une robe inutile, peu mais trop chère, et trop jeune, en accord avec une petite liesse intérieure) – blanc, jaune (sur la réclame désuète et l’énorme insecte) et bleu – et puis la petite boule entre roux et rose.
Me suis embarquée un peu avant minuit, mercredi soir, avec la voix et celui qui écoute les voix et bruits dans la nuit dans « où que je sois encore » d’Arnaud Maïsetti (déplacements – Seuil – son blog http://arnaud-maisetti.blogspot.com )
Ecoutant « les pas d’une histoire perdue encore – d’une histoire en retard de toute une vie, de toute une histoire à venir ; histoire venue s’échouer contre moi et les murs blancs de cette chambre semblant se rapprocher à mesure que la nuit s’établit dehors, dedans, partout. J’écoute encore, je regarde. Sur le monde plane le murmure amer de l’histoire – le murmure éparpillé des devoirs à se transmettre. Comme l’histoire possible de cet homme que je peux inventer….
« La voix du soir s’établit, la première voix de l’histoire de ce soir, et je pressens combien elle prépare toutes les autres qui la suivent, la poursuivent, en retard sur moi-même, en retard sur elle… »
Ecoutant « les pas d’une histoire perdue encore – d’une histoire en retard de toute une vie, de toute une histoire à venir ; histoire venue s’échouer contre moi et les murs blancs de cette chambre semblant se rapprocher à mesure que la nuit s’établit dehors, dedans, partout. J’écoute encore, je regarde. Sur le monde plane le murmure amer de l’histoire – le murmure éparpillé des devoirs à se transmettre. Comme l’histoire possible de cet homme que je peux inventer….
« La voix du soir s’établit, la première voix de l’histoire de ce soir, et je pressens combien elle prépare toutes les autres qui la suivent, la poursuivent, en retard sur moi-même, en retard sur elle… »
et dans la nuit qui m’entourait je l’ai suivi à travers les révolutions même petites, les façons d’écouter la pluie, un vent admirable… ce qu’on fait de nous vivants, la communauté, la solitude… le dehors pris et dit par celui qui parle… être ombre… un certain lyrisme permis par la nuit, l’insomnie, les voix, l’écoulement du temps… une fille sous la pluie – et, plus tôt, sans rapport, ou avec, une fille croisée un jour qui avançait avec des yeux fermés … la nuit face au chaos, chaos qui gouverne les vies
et ne suis plus sure que ces notes cernent bien ce qui veut être dit, n’y reconnaissant plus totalement ce que je ressentais, mais en vraie-fausse vieillarde, doucement en accord avec cette voix même dans ses véhémences, discrètes, arrivée à : « Nous ne sommes pas résignés, nous qui veillons dans nos chambres les heures faibles qui s’éloignent. Qui n’avons pas autre chose à faire – puisque l’histoire est passée – que de planter doigts et ongles et os dans l’instant pour ne pas être emportés – nous sommes plus légers que des noyés – plus faibles que les heures qu’on efface… », parce que j’ai toujours eu un peu de lâcheté et qu’il m’est resté pour cela un peu de poids, lestée par cela, me suis enfoncée tranquillement dans le sommeil, laissant ce « nous » veiller. Les retrouverai avec la nuit qui vient.
Acharnement lent et presque insensible sur les terres, torpeur fébrile de la digestion, cire sur terres et meubles pour le plaisir de l’odeur du miel, pas de repassage, rage contre ma boite à courrier et sa lenteur…
Avec l’aide d’un petit peu de chimie, m’en suis partie d’un pas presque léger au Chêne noir (premier billet que je ne jette pas) curieuse et en attente de voir et entendre ce que donnait le Léo Ferré (un théâtre où il avait son rond de serviette) de « poète vos papiers » mis en musique par le quatuor d’Yves Rouseau et chanté par Claudia Solal et Jeanne Adred. Salle chenue et donc ouverte (désolée pour nos successeurs qui me semblent souvent un peu rigides)
Passé l’agacement du début, de la préface (récitée) qui est du Léo jouant les primaires :
« La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe.
Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore… »
Parce que si vraiment
« le vers doit faire l’amour dans la tête des populations
A l’école de la poésie et de la musique on n’apprend pas, on se bat ! » s’il fut éminent pour cela, il n’était pas seul.
Il y a eu la musique au début discrète, du vrai jazz peu à peu, les violons de Régis Huby, Yves Rousseau sa contrebasse et sa bonne humeur, la batterie de Christophe Marguet qui a eu droit à un solo assez chouette, finissant dans une légère banalité (toujours opinion personnelle) et Jean-Marc Larché au saxo parfait accompagnateur des voix, et gouteux quand on lui laisse de l’espace.
« La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe.
Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore… »
Parce que si vraiment
« le vers doit faire l’amour dans la tête des populations
A l’école de la poésie et de la musique on n’apprend pas, on se bat ! » s’il fut éminent pour cela, il n’était pas seul.
Il y a eu la musique au début discrète, du vrai jazz peu à peu, les violons de Régis Huby, Yves Rousseau sa contrebasse et sa bonne humeur, la batterie de Christophe Marguet qui a eu droit à un solo assez chouette, finissant dans une légère banalité (toujours opinion personnelle) et Jean-Marc Larché au saxo parfait accompagnateur des voix, et gouteux quand on lui laisse de l’espace.
et « la muse en carte » :
« Je suis l’apocalypse
et tire à perdre haleine
des sons ultra biaisés
d’un cornet à chansons
….
Je suis la rengaine
du sang qui désespère
et qui draine l’amour
…
Je suis la poésie
et je me bois cul sec… » chantée par Claudia Solal, cheveux sur les épaules, chemisier noir tombant pour dénuder une épaule, détaillant les paroles en bonne diseuse, chanteuse savante avec de beaux passages de mezzo.
« Je suis l’apocalypse
et tire à perdre haleine
des sons ultra biaisés
d’un cornet à chansons
….
Je suis la rengaine
du sang qui désespère
et qui draine l’amour
…
Je suis la poésie
et je me bois cul sec… » chantée par Claudia Solal, cheveux sur les épaules, chemisier noir tombant pour dénuder une épaule, détaillant les paroles en bonne diseuse, chanteuse savante avec de beaux passages de mezzo.
Un beau choix de textes – les chanteuses alternant ou parfois en duo, des passages de squat, et peut-être ma préférence pour Jeanne Added, frange parallèle aux yeux et à la bouche, barrés d’un nez très droit, belle géométrie, voix presque enfantine ou grave, apparemment (seulement) moins travaillée, proférant les mots ce qui la rapproche plus de Ferré
« Madame la misère », « tristesse de Paris », « les morts qui vivent », « le testament » avec la celtique, Breton et la maison, etc…. et :
« de cette sève de cactus
qui coule au pied du mont de Vénus
l’été s’en fout »
ou
« non sans blague Christ tu fuis de ton flanc triste
Sur ce monde impotent et sur ces potentats
Qui t’ont étiqueté d’étiquettes à touriste
Le plat du jour, c’est Christ avec les bras en croix »
et puis dans « il y a » une bande enregistrée par Ferré et sa voix
et en bis, que j’ai écouté debout au coin de la scène avec une remontée de notre jeunesse et une envie de fumer « les copains de la neuille, les frangins de la nuit….’
Et suis rentrée très vite pour m’accorder la troisième de la journée et noter cela.
Bravo à ceux qui m’ont accompagnée.
« Madame la misère », « tristesse de Paris », « les morts qui vivent », « le testament » avec la celtique, Breton et la maison, etc…. et :
« de cette sève de cactus
qui coule au pied du mont de Vénus
l’été s’en fout »
ou
« non sans blague Christ tu fuis de ton flanc triste
Sur ce monde impotent et sur ces potentats
Qui t’ont étiqueté d’étiquettes à touriste
Le plat du jour, c’est Christ avec les bras en croix »
et puis dans « il y a » une bande enregistrée par Ferré et sa voix
et en bis, que j’ai écouté debout au coin de la scène avec une remontée de notre jeunesse et une envie de fumer « les copains de la neuille, les frangins de la nuit….’
Et suis rentrée très vite pour m’accorder la troisième de la journée et noter cela.
Bravo à ceux qui m’ont accompagnée.
12 commentaires:
Remarqué le nouveau bandeau peint à l'écran...
Arnaud Maïsetti, oui ! Brige, tu es une femme de goût !
ben oui j'ai picoré des mots ...ceux que je comprends entre ceux que je ne comprends pas et qui me laissent penaude
ceux qui font tilt sans trop savoir pourquoi ...
et ce bandeau de taches colorées.. et je retourne à mes moutons qui bêlent dans le passé...
micheline
Si c'est de nous dont tu parles, vraiment aucun mérite, je te lis comme on boit du petit lait et prendre le grand Ferré pour thème n'a pu que rajouter à mon plaisir.
Je n'osais moi aussi parler de ce bandeau coloré, annonciateur de printemps? Bonne journée Brig.
l'enregistrement direct ne marche plus????
pas terrible mais le grand espace en haut m'agaçait alors j'ai meublé - Micheline je ne comprends pas - tous désolée pas beaucoup de temps ce matin, le pire étant que je ne sais pas trop pourquoi
Pourquoi bravo, ça coule tout seul avec Léo, c'est extra !
Chère Brig,
Je découvre tant avec tes notes, du bonheur !
« le vers doit faire l’amour dans la tête des populations
A l’école de la poésie et de la musique on n’apprend pas, on se bat ! »
Phrase puissante et douce, merci Cher Léo !
Tu parles bcp de demoiselles et j'en suis ravi. Elles semblaient enchanteresses ces chanteuses !
beau week-end !
TON AMI OLIVIER
accompagné, je t'ai, et suivi et pisté, au jeu de la marelle tu es forte et ça marche et l'on voit et l'on chante... à nos amours mortes.
Long, je ne sais pas, mais excellent et très instructif ton billet de ce jour. "la muse en carte", formidable, vraiment.
merci pour l'écoute...
bonjour , l'écriture et le style sont vraiment très beaux ^^
Léo ferré en plus j'adore même si je ne connais pas tout
(pour en revenir a mon texte la mere noël doit en fait resté malade pour permettre aux deux amants de se revoir même si ce n'est ni explicite ni implicite dans la lettre ... (débuts et essais d'écriture ce qui est dur...)
mais vous avez mis le doigt sur un défaut de mon écriture inutilité dans le récit ou pas assez explicite
merci
par contre je n'arrive pas très bien à me repérer dans votre blog (peut être un souci de comprehension du menu de gauche ^^ )
à bientôt
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