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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, avril 30, 2008

Après une journée calfeutrée, de contemplation de vieilles images, thé, paresse et plongée dans le carnet de notes de Bergounioux, l’acharnement dans l’écriture, une gravité dans l’exigence de restitution, son pessimisme entêté qui me le rend plus proche, moins intimidant, et puis la joie des étés« Nous nous enfonçons dans le bois où je n’avais plus remis les pieds depuis huit ou neuf ans. J’y avais cherché, jadis, des insectes. Cette marche, au crépuscule, me délivre de l’oppression vague qui nait du travail à l’atelier, de l’encerclement végétal. Par les trouées des sapins, on découvre à quel point le hameau est encagé par les arbres, submergé de verdure…. Nous traversons Lestat, nous attardons près d’un troupeau. Les veaux se regroupent pour nous regarder. Leurs têtes juvéniles aux yeux blancs, effarés, sont drôles. Le taureau, monumental, bosselé de muscles, nous dédaigne. On n’aperçoit que on échine dans les bruyères.»
retour de la jeune lumière et des feuilles tendres qui se hissent, éclosent, se jouent, saluent l’été tout proche, et même dans ma cour la sève s’amuse ; l’oranger affirme que des fleurs lui viennent, le petit olivier lance des petits groupes de minuscules granulés et le jasmin hésite, fait repartir au milieu des branches épuisées de fins rameaux qui se terminent en ce qui sera peut-être des boutons, et je penche sur eux mon ignorance grande.










mais à vrai dire, paresse toujours, ou plutôt acharnement pour tordre un buste, changer des bras, tirer d’un amas une ébauche frustre qui ne laisse rien apparaître des cheveux dans les yeux, doigts et épaules crispés et rages impuissantes puis quasi soulagements, qui occupèrent ma matinée…










ébauche à laquelle revenir peut-être quand les rustines auront pris et qu’il sera possible de sortir ce qu’elle peut contenir, sans brisure misérable. Mais pour l’allongée (pour Rosie) elle gardera son nez pointu et ses extrémités grossières, je ne peux plus guère et n’ai pas envie d’intervenir.
Et le soir, piano à l’opéra. Salle emplie au tiers environ mais d’un public attentif et connaisseur. Roger Muraro, immense et chauve, semblant sorti d’un laboratoire de bonne classe, avec un programme autour de Messiaen qu’il raconte ainsi : « Quand je pense à Messiaen, la première image qui me vient est son écharpe, sa tête penchée en avant et ses mains jointes. Lorsque je jouais devant lui, il ne disait rien, il écoutait. Rien d’autre, la transparence totale. Laconique, les commentaires venaient après. S’il avait quelque chose à dire, il ne le disait pas par rapport à ce qu’il venait d’entendre. Il revivait le moment où il avait écrit l’œuvre et réagissait par rapport à cela »… Je ne sais ce qu’il entendait, moi petite cela a été une virtuosité qui était musique, toujours là mais toujours soumise.
Petit topo sur ses intentions en composant son joli programme, qui commençait, en petit clin d’œil par les douze variations de Mozart sur « Ah ! vous dirai-je maman » pour leur naïveté savante sans afféterie.
Ensuite, deux « petites esquisses d’oiseaux » de Messiaen – « le rouge-gorge » : brusquerie des trilles, variété discrète, complexité – « le merle noir » : variations légères et aigües sur la quasi solennité du tissu de notes graves martelées
.
Et puis, trois pièces choisies pour « leur effet miroir », jouées en enchainant des « reflets dans l’eau de Debussy : symbolisme juste à la limite en deçà de l’être trop pour que j’aime, la solidité de la construction sous le ruissellement de notes, et l’effacement final – et puis Chopin (que je dis ne pas aimer) mais avec la barcarole en fa dièse majeur, et il m’a conquise : harmonie qui ne m’a pas semblée gratuite, quasi sobriété dans le miroitement, mouvement rebondissant et assené mais sans violence sentimentale – et, tiré par le tout-de-même emportement final, Messiaen à nouveau avec le calme cristallin du « baiser de l’Enfant Jésus », spiritualité simple, composition savante et raffinée, ritournelle devenant grave malgré la lumière, l’extrême richesse de l’ensemble, et un pianiste pénétré.
Un entracte toujours longuet, et de nouveau Messiaen et les oiseaux, mais cette fois une pièce plus élaborée du « catalogue » : « le loriot », au début très proche du rouge-gorge, plus volubile et fier, plus développé et complexe, structuré par des notes blanches, des martèlements lents.
Et pour finir, le confort des « tableaux d’une exposition » de Moussorgski que je ne peux entendre sans me retrouver adolescente assise avec le reste de la couvée sur les tomettes de maman, pendant qu’un adulte, je ne sais plus lequel, nous explique ce que nous écoutons. Mais, malgré la conviction du pianiste, sa science des ruptures, des couleurs et le plaisir évident à en être fascinant qu’il semblait trouver à jouer cette musique, je ne peux m’empêcher, assez vite, de m’ennuyer ferme devant cette œuvre.

12 commentaires:

Rosie a dit…

Dis donc, tu en as des arbres dans ton jardin, un olivier, un oranger et du jasmin, ton oranger est-ce qu'il produit des oranges comestibles?

Et bien zut! pour mon coup de coeur l'allongée, dis, tu veux bien la peinturer, la prénommer Rosie et la garder, je l'aime vraiment. L'autre terre cuite que tu travailles en ébauche assise, très belle aussi, ne la laisse pas sécher hein, sinon gare à toi, ah! ah!

Opéra et piano, dommage que la fin du concert t'ait déplu, l'opéra et la belle musique, tellement agréable à entendre.

Je te souhaite une belle journée mercredi et bisous.

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

tous très intéressantes, tes créations, j'ai une préférence pour l'avant dernière pourtant

Anonyme a dit…

La pause un peu longuette valait bien ce programme copieux et printanier.
Que leur manque-t-il à tes statuettes qu'elles ne trouvent grâce sous tes doigts? J'aime ton mot "rustine" qui rime avec Justine. Pourtant une belle allongée en répons à une fière assise.

OLIVIER a dit…

Ma chère Brig,
Un Olivier n'est jamais petit ! ;)
Ah ! l'opéra ! à te lire, je n'ai qu'une envie, en voir un, un jour. Juste écouter, je n'y arrive pas, mes oreilles ne supportent pas.
Décide toi pour tes statuettes qu'on le voit finies ! :)
Belle journée !
OLIVIER

Anonyme a dit…

J'ai vu récemment Roger Muraro jouer "Des canyons aux étoiles" de Messiæn avec l'Orchestre des Jeunes et de la Méditerranée. L'admiration que lui portaient plusieurs jeunes musiciens a reçu de sa part une attitude très chaleureuse.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup la façon que tu as de nous faire suivre l'évolution de tes créations en terre.

Sur la musique de Messiaen, je ne connais pas assez pour commenter..

Muse a dit…

Il faudra bien Messiaen et son printemps pour le convaincre d'être là où il doit être.Entre tes oeuvres , tes sorties musique et tes notes bloguesques si bien explicites à me donner envie d'écouter ce compositeur avignonnais, dont on célèbre le centenaire de sa naissance.

joye a dit…

J'aime toujours la suite dans tes idées et les connections entre les images, les mots, les idées, la lecture, la brige...

Anonyme a dit…

Ton prochain roman " la statuette au nez pointu" ?

Anonyme a dit…

mais l'iconographie est un art...

Anonyme a dit…

Et voilà comment des explications sur les Tableaux d'une exposition tuent l'émotion dans l'oeuf.

Anonyme a dit…

Piano à l'Opéra, un exercice périlleux, pas toujours réussi... C'est sans doute pour cela que les budgets de la Culture sacrifient à tour de bras de merveilleux orchestres et opéras ?

Je suis heureux de revoir tes créations, toujours aussi superbes.

Tiens, tu as changé de police de caractère pour ton blog ? Cela donne un peu d'air frais...