Vendredi une voiture s’enfonçait vers la montagne lozérienne, par de jolies routes choisies par le chauffeur, et sous un ciel qui n’était plus que cataracte, suivant avec forces virages de belles vallées dont on ne voyait pas l’autre rive si proche, avec un chauffeur stoïque, une femme de gout trouvant nature et pierres par trop lugubres, une Brigetoun heureuse de savoir qu’elle aimait ce qui se cachait là et photographiant en roulant un paysage doublement flou. Dans la nuit un peu, et au rythme de la journée de samedi le ciel s’est troué, l’air restant plein de la fraicheur humide qui avait imbibé sol, murs, arbres, herbes et âmes.
Au moment le plus intéressant de la toujours longue assemblée, alors que j’avais écouté religieusement les politiques locaux, me suis évadée pour une courte, très courte parce que je me sentais coupable, incursion dans la ville et ses pierres dont j’aime la rudesse. Impression que la ville redresse la tête.
Et en regagnant la réunion, décidé qu’il me fallait cette petite maison aussi décrépite que moi, ou presque, ce qui pourrait être un atelier pour s’y croire, et la vue sur la montagne pour cette fois riante
Dans l’après midi de samedi redescente de la pierre noire aux crépis, des tuiles plates ou des lauzes aux tuiles canales ou industrielles, des toits courbés aux pentes faibles, des sapins aux pins et palmiers et enfin, quant le soir a commencé à décolorer le ciel, la mer.
Un dimanche qui faisait eau de toute part, tambourinement violent ou adouci par instant juste pour mesurer la remontée du son, sur la véranda. Mais au cœur de la journée, la merveille absolument, évidemment, avec une autorité absolue, réellement merveilleuse, avec aussi cette fragilité qui creuse l’attendrissement au creux des estomacs, et la grâce faite, en un bref éclair, des yeux acceptant de s’ouvrir, et la perfection des mains, des pieds, des oreilles.
Retour du ciel pour lundi et mardi mais avec un très joli vent, un rien trop froid, que j’ai laissé à Toulon – le jardin qui se prépare à l’éclosion de mai et juin.
Et déjeuner au paradis terrestre d’une dame-amie d’enfance, dont la fidélité par delà des trous de plusieurs dizaines d’années, des vies aussi différentes que possible, mais peut-être quelques similitudes dans les gouts et dans les caractères (elle étant la version pleine d’assurance, moi la version faussement humble) m’étonne toujours, m’émerveille et me fais grand plaisir, comme de bien entendu.
Retour presque en grande fille indépendante, en saluant au bout de rues, des morceaux de notre montagne (le Faron) - D’autres retrouvailles dans la journée, grâces en soient rendues à ma sœur, et l’impression que, hasard des noms cités, ou souvenirs se recréant de virées toulonnaises en virées toulonnaises, j’étais moins perplexe, juste un peu, devant les personnages évoqués et croyais me souvenir.
Et mardi avant le train, le plaisir de ce qui reste pour moi Le marché provençal,
d’un café à une terrasse sur le port à coté de cet insolent Monsieur de Cuverville
et de quelques uns des rares vestiges de l’ancien Toulon.
Et dans le train, mardi après-midi, je lisais une édition bilingue de douze des « novelle per un anno » de Pirandello, qui m’a été prêtée, et, dans « i nostri ricordi, nos souvenirs », ceci qui est presque l’exact contraire de mes retrouvailles épisodiques avec Toulon :« Car si même pour ces anciens camarades, comme pour n’importe qui, l’enfance apparaissait baignée de la suave poésie de l’éloignement, certainement que cette poésie n’avait jamais pu prendre dans leur âme la consistance qu’elle avait prise dans la mienne, eux qui sans cesse avaient eu sous les yeux de quoi comparer avec la réalité minable, étroite, monotone, sans cesse différente pour eux, qui se révélait maintenant à moi » - alors qu’ayant décidé qu’à part la beauté de la rade je détestais cette ville, je découvre son charme et tout ce qu’elle offre et soutient qu’elle s’est transformée et améliorée, ce qui rend perplexes ceux et celles qui l’ayant retrouvée souvent, avant de s’y installer définitivement, trouvent qu’elle a perdu par rapport à un âge d’or que je ne me souviens pas d’avoir connu.
Et dans le train, mardi après-midi, je lisais une édition bilingue de douze des « novelle per un anno » de Pirandello, qui m’a été prêtée, et, dans « i nostri ricordi, nos souvenirs », ceci qui est presque l’exact contraire de mes retrouvailles épisodiques avec Toulon :« Car si même pour ces anciens camarades, comme pour n’importe qui, l’enfance apparaissait baignée de la suave poésie de l’éloignement, certainement que cette poésie n’avait jamais pu prendre dans leur âme la consistance qu’elle avait prise dans la mienne, eux qui sans cesse avaient eu sous les yeux de quoi comparer avec la réalité minable, étroite, monotone, sans cesse différente pour eux, qui se révélait maintenant à moi » - alors qu’ayant décidé qu’à part la beauté de la rade je détestais cette ville, je découvre son charme et tout ce qu’elle offre et soutient qu’elle s’est transformée et améliorée, ce qui rend perplexes ceux et celles qui l’ayant retrouvée souvent, avant de s’y installer définitivement, trouvent qu’elle a perdu par rapport à un âge d’or que je ne me souviens pas d’avoir connu.
9 commentaires:
Bien contente de te relire, bon retour, ma belle amie.
Tes mosaïques de photos sont absolument superbes, je les ai agrandies en cliquant dessus pour mieux les voir, tu as visité de bien beaux endroits.
La Merveille, est bien une merveille selon tes mots, oui, très attendrissant un nouveau-né, c'est la fraîcheur, l'innocence.
Je vois que tu as bien profité de ton voyage et j'en suis ravie pour toi.
Bon mercredi et bisous xxxxx
Joli et agréable billet
Un régal de ciels et de pierres. Quant au déluge, console-toi comme tu voudras, sur les bords de Loire ce fut de même, à ne pas mettre un chien dehors.
Je pensais à toi, devant cet écran-radar, et cette écharpe de pluie traversant en diagonale le pays! Les points rouges intenses indiquaient ta présence. Heureusement que le ciel finit toujours par se déchirer. Merci de tes mots chez moi apportant un peu de ton soleil de ta ville d'enfance redécouverte.
Rebonjour !
Tu ne parles de la teneur de la réunion, je crois que le positif se trouvait ailleurs, dans le charme du Toulon retrouvé.
réunion de parents et de plus en plus de frères et soeurs d'handicapés. En retenir pour ceux qui en sont exempts : ce ne sont pas gens à oublier et négliger
Nous aurions pu nous croiser décidemment...mais mes journée étaient tournées à rester auprès de celle que je visitais, cette Maman que les ans rendent plus faible de visite en visite.
des yeux acceptant de s’ouvrir, et la perfection des mains, des pieds, des oreilles...
pour pouvoir assumer l'immense héritage
"la mer toujours recommencée.."
Heureux, très, je suis de lire ce récit de la "virade de Brigetoun", et de voir ces très belles photos de ces très beaux lieux...
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