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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mai 30, 2008

« Chaque fois que je suis à Paris, je scrute attentivement tous les gens que je vois dans l’espoir de reconnaître une célébrité. Bonne récolte aujourd’hui : je tombe sur ma sœur et son mari. »
Brigetoun un peu vampire a du goût pour les journaux, les notes - pas uniquement vampire tout de même puisque la distance est immense entre les auteurs de ces textes, entre eux, et avec elle, lectrice généralement admirative - le lien tenant, avec des formes et puissances diverses, en l’humanité qui s’y exprime, presque directement, avec le filtre du choix du scripteur et d’un souci affirmé ou inconscient de la forme.

Je continue à avancer par petits bouts dans le carnet de notes de Bergounioux, en ponctuation obstinée d’autres lectures, puisque avec ma légèreté je papillonne suivant les heures, l’état du ciel, de mon crâne et de l’air qui passe, et, outre la lecture du bloc-note du désordre http://www.desordre.net/blog; j’ai en réserve le choix que Philippe de Jonckheere en a fait pour Publie-net
Mais depuis mercredi, lentement parce que je suis en même temps la discussion sur le projet de constitution (en bonne française cela me passionne en partie parce que mon ignorance me rend nécessaire un essai de décryptage pour entrevoir l’effet de telle ou telle mesure), j’ai mis le nez dans la sélection qu’a fait Philippe Didion de ses « notules dominicales de culture domestique », toujours pour Publie-net
http://www.publie.net/ et, j’espère ne pas être offensante, mais je m’y coule plus facilement, sans effort, moins en posture d’admiration.
Sans l’omniprésence admirable du travail d’écrivain que l’on trouve chez Bergounioux avec, par rapport au cahier de notes et au « désordre », moins de passages rendant magnifiquement présents les paysages et l’effet sur eux des saisons, ou leur répercussion sur le je qui s’exprime, moins d’introspection, peut être plus secret malgré les détails et la petite ironie du regard qu’il porte sur lui-même, et c’est-ce regard qui me le rend fraternel - et drôle. (mais je n’ai fait qu’en lire une quarantaine de pages pour le moment, parce que je lis aussi les compte rendus des débats)
« Un repas commun est prévu dans une ferme auberge du coin mais personne n’a songé à m’y convier. Ça ne me rend pas amer. J’ai tellement bien travaillé mon insignifiance que j’en suis arrivé à devenir transparent."
Les photos rythment mon trajet d’aller et retour, entre deux averses, vers les halles, avec cette fontaine plus sobre, pas moins à mon goût que celle des Corps Saints pour ses belles proportions, cette façade dont la relative laideur m’a frappé à un moment où je me reposais (deux paniers, un sac et des vêtements), et enfin ce pauvre Corneille bougonnant contre la pluie qui avait imbibée sa pierre jusqu’à la tacher durablement.
Une autre bride :« confirmation du fait que je préférerai toujours l’idée de vacances aux vacances elles-mêmes…. »
Et : « Mon incapacité à prendre part à une discussion me pèse aussi. Je suis entouré des gens qui me sont les plus chers, mes amis les plus proches, mais ne parviens pas à leur dire ce que je veux leur dire qu’à l’occasion de brefs tête à tête ».
Une recension des mini événements de la vie, de tous ordres, et un regard souvent acerbe - critique souvent teintée de tendresse - sur les personnages rencontrés.

Et parfois une jolie férocité
«C’est le problème dans ce cénacle dont les membres peuvent être classés en trois catégories : le étudiants qui viennent là glaner des choses utiles à leurs travaux, quelque curieux, dont je suis, qui ne sont là que pour le plaisir, et les chercheurs professionnels qui s‘épient, s’observent, se jalousent et se tirent souvent dans les pattes pour la plus grande joie des deux premières catégories… Chacun a peur que l‘autre vienne empiéter sur son territoire, lui piquer le thème ou le bout de texte de Perec qu’il décortique en vue d’une publication. La première fois où je suis venu, on m’a regardé d ‘un drôle d’air puis, un jour, Roland Braseur m’a demandé si je m’apprêtais à publier quelque chose. Tout le monde a semblé soulagé de ma réponse négative et c’est à ce moment là, quand on a su que j’étais totalement inoffensif, que j’ai été pleinement accepté. »
Mais un beau portrait d’un bavard rencontré dans un train, et, au lieu de s’agacer du long monologue que ce vieil homme adresse à une jeune femme, il s’y intéresse assez pour nous restituer le récit avec une évidente sympathie.
Quand finira la pluie ?

12 commentaires:

Muse a dit…

J'admire ta capacité à avaler autant de pages de lectures!
Entendu ici ou là que ces pluies ne font même rien pour nos nappes phréatiques...

albin, journalier a dit…

Vu avec plaisir et un certain retard la référence à votre blog par François Bon dans le forum du Tiers Livre et cette belle ressemblance avec Jeanne Moreau.
Travailler son insignifiance est un beau programme mais trop ambitieux.

Brigetoun a dit…

un travail c'est ma place naturelle, quand je ne laisse pas revenir l'adolescente odieuse.
Et si j'y arrive c'est tellement agréable de regarder et de profiter des autres. Je dois dire que je suis assez gatée en famille, nombreux, divers, ayant tous leur grace(et leurs fichus défauts, nous sommes une sacrée tribu scotchée et batailleuse)

Anonyme a dit…

Rien que ta première phrase est un régal et égal à ton humour, j'adore !

Brigetoun a dit…

merci mais elle n'est pas de moi justement. (elle le pourrait pour le sens, pas forcément pour l'efficace briéveté)
bon vais faire la cuisine

Anonyme a dit…

Encore une fontaine sans eau, non ?
Coupée par les commerçants pour éloigner les Sdf ?

Brigetoun a dit…

je crains que tu ais raison -à rapprocher des embarquements de chiens (même si parfois les laisses ne seraient pas du luxe mais moi qui ai facilement peur des chiens, justement pas de ceux-là) et j'espère que la "sécurité" lors du festival sera moins visible que l'année dernière

Rom a dit…

"Mon incapacité à prendre part à une discussion me pèse aussi"
Mon incapacité à m'y soustraire, parfois, aussi.
"Chacun a peur que l‘autre vienne empiéter sur son territoire"
Je rêve, parfois, que l'on piétine le mien, en propriétaire...
"Quand finira la pluie ?"
Jamais j'espère ou alors que s'engloutisse avec elle la mer et les cieux.
Fichue tendresse pour une chose et son contraire.
Bonne fin de journée.

Anonyme a dit…

Rom, combien de fois m'a-t-on dit : « Bois un coup, ça te passera ! »

Rom a dit…

Au diable l'avarice!
S'il faut pêcher, autant que ce soit bien...
Un seul coup me paraît mesquin!
Sourire, Michel

Anonyme a dit…

Ouvrir ensemble Bergounioux, De Jonckheere et Didion, ça m'impressionne vivement ! Et je vous envie d'avoir encore à avancer dans le "Carnet de notes", c'est tellement essentiel le chemin qu'on fait avec lui...

rene chabriere a dit…

il y a quelque temps, j'ai publié sur mon blog un article qu'il a écrit au sujet des causses de Lozère, en voici le lien

http://photo-loz.blogspot.com/2010/08/le-monde-existe.html

bien à vous