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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 03, 2008

Entre sols et ciels (n’importe quoi et les branches là datent de Toulon ou de la Lozère, ce qui saute aux yeux), entre sols et ciels (pas cieux) une Brigetoun qui commence à s’énerver nettement de n’être toujours pas sortie, malgré la garantie, malgré les dépenses engagées, de l’état précaire de sa machine (toujours pas reçu le disque qui doit aider), et s'agace de ne pouvoir consulter, lire ou commenter, ou écrire là maintenant, pour s’en tenir à la petite règle quotidienne, qu’en ayant le sentiment d’un risque aventureux. (au moins) Sur le tiers-livre des photos d’une librairie où l’on aimerait flâner, d’un libraire que l’on aimerait connaître, et c’est justement proche de cette région où j’avais rêvé de m’installer, parce que, dans un passé dont je ne sais plus très bien s’il n’est pas mythique, j’y avais découvert la vie et sa puissance, à un âge qui maintenant serait celui où l’on commence à penser à la vieillesse, grâce à l’humus, aux champignons, à la terre profonde et grasse et à un bonhomme. http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article330 ; mais cette librairie pourrait sans doute être dans n’importe quelle petite ville française, (simplement, à l’époque, dans mon refus d’adolescente prolongée pour tout ce que l’on appelle « le midi », j’aurais pensé n’importe où sauf justement là, dans cette région dont j’étais partie, et il en reste quelque chose dans mon inconscient, malgré toutes les preuves du contraire) – oui, j’aimerais y flâner et, pour une fois, solliciter les mots que le libraire pourrait mettre sur le livre que j’aurais pris dans mes mains.
Dos au mur, cheveux ramenés sur mes épaules pour commencer à les faire sécher avant que le soleil ne descende, vers quatre heures, derrière un pignon et ne me touche plus, je termine « lambeaux » de Charles Juliet, un peu de cette masse de découvertes que ma presque inculture pour tout ce qui est postérieur aux années 60, et encore, me réserve. Et, lisant :
« Souvent, tu es incapable d’écrire ou même de lire, mais tu laisses ton esprit vaguer, demeures à l’écoute du murmure, te plais à observer le fonctionnement de ta pensée.
Tu te trouves dans la plus totale des confusions et tu en souffres. Tant de choses t’encombrent et voilent ton œil. Tu t’appliques à l’épurer en même temps que tu travailles à te constituer un vocabulaire… »
… »D’abord descendre. Encore descendre. Le dégager de la tourbe, ou de la boue, ou bien encore d’un magma en fusion. Puis le tirer, le hisser, lui faire péniblement traverser plusieurs strates au sein desquelles il risque de s’enliser, de se dissoudre. S’il en émerge, enfin il vient au jour, et quand tu le couches sur le papier, alors que tu le crois gonflé de ta substance, tu découvres qu’il n’est qu’un mot inerte, pauvre, gris… «

Et puis, après le long travail douloureux pour se connaître et la bataille pour faire accoucher avec des mots le passé : « Certes le doute est là, mais tu n’as plus à le redouter. Car il a perdu le pouvoir de te démolir. D’arrêter ta main à l’instant où te vient le désir de prendre la plume. »

je retrouve l’exigence, l'acharnement et la difficulté pour écrire, ou se satisfaire du résultat, qui ponctuent le « Carnet de notes 1991 – 2000 » de Bergounioux
pour un quasi état de grâce : « Levé à six heures. Il me faut relire ce que j’ai écrit depuis le début, prendre de la hauteur, obtenir une vue d’ensemble. A cheminer petitement, par sauts de deux pages, avec des interruptions, je ne sais plus où j’en suis et ne peux avancer. C’est l’affaire de deux heures, après quoi je reprends le fil – l’appel de la terre froide, le désir de s’en retourner à la confusion primordiale, à la non-conscience, au repos. Mais je n’aurai pas même le temps de remplir une page. Je dois être à onze heures chez le dentiste. »

Et ce retour entêté sur le passé, sur ce qui les a faits, et sur leur famille. Et je pense que, ce qui rend cet effort acceptable pour ceux qui sont ainsi évoqués, c’est l’amour tenace, par delà toutes les difficultés, de ce regard.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

harcelé par le temps et mal équipé je repasse tard ce soir te relire.

Anonyme a dit…

Enervement... machine... et moi qui croyais être le seul a cet état d'impuissance dans le fin fond de ma campagne...

joye a dit…

Je comprends que ce texte te fait résonner mais on peut beaucoup mieux lire dans la blogosphère, à mon avis pas si humble. Suis mon regard, brige... ;-)

Juste hier, je pensais à ma formation dans les classiques en me demandant ce qu'il y avait de distinctif dans la littérature contemporaine. Je ne le sais pas encore.

Muse a dit…

J'étais à deux pas de chez toi aujourd'hui pour le vernissage d'une expo à Pernes les fontaines...début de matinée à Sénanques puis Gordes.Et dimanche repos!

Brigetoun a dit…

provision de beauté ?

Anonyme a dit…

Et dire que cette poire ornait encore, il y a peu, le dessus de la tête du lit de ma grand-mère puis de mes parents!