Tâtant de l’orteil l’humidité des carreaux de la cour, debout à la lisière, cambrée pour malaxer pensivement le bas de mes cuisses et hâter le réveil, je regardais mon bout de ciel qui, dans son indécision, semblait vouloir se décider pour le bleu. Un oiseau chantait, mais le cher idiot l’a fait dans tous les petits matins avant que la pluie ne s’installe.
Je me suis décidée sur la foi de cette ébauche de lumière et de ce chant, à entrer dans le jour sans trop tarder, bousculant mes rites de retraitée, pour attraper à 9 heures à Utopia la diffusion du Saint François d’Assise de Messiaen
Tennis, col de chemisier sur celui de la saharienne, sans béret, mais à grands pas. Et le ciel était réellement bleu (ça n’a pas duré et il a hésité toute la journée).
Il s’agissait de l’enregistrement de la création à Garnier en 1983 pour Antenne 2, (mise en scène suivie de près par Messiaen). Orchestre pléthorique, les cordes dans la fosse, deux grands plateaux latéraux prenant appui et se prolongeant sur la scène pour les xylophones à droite, les flûtes et bois à gauche, les autres percussions et les cuivres étant installés dans les loges.
Shiji Ozawa encore jeune, presque poupin, comme toujours merveilleux à voir diriger (des gros plans, ce à quoi on n’a pas droit dans la salle mais que l’on devine par l’éloquence de son dos et de sa gestuelle - merveilleux souvenir, déjà très ancien, d’un requiem de Berlioz au Théâtre des Champs Elysées).
François chanté avec belle autorité, superbement, par Van Dam (comme à Salzbourg en 92 et Paris en 2004) - l’ange par Christine Edgar Pierre dans le costume et avec les ailes tricolores du plus bel ange de Fra Angelico.
Priorité à l’intelligibilité du texte, simplement soutenu discrètement par l’orchestre, qui s’intercale, enrobe, s’insinue entre les brides de texte. Et sincèrement, même si, mal réveillée, je baillais par moment à grande bouche,j’ai aimé (pas toujours vrai avec Messiaen.) admiré bien sur la richesse et l’invention, mais en outre aimé.
Shiji Ozawa encore jeune, presque poupin, comme toujours merveilleux à voir diriger (des gros plans, ce à quoi on n’a pas droit dans la salle mais que l’on devine par l’éloquence de son dos et de sa gestuelle - merveilleux souvenir, déjà très ancien, d’un requiem de Berlioz au Théâtre des Champs Elysées).
François chanté avec belle autorité, superbement, par Van Dam (comme à Salzbourg en 92 et Paris en 2004) - l’ange par Christine Edgar Pierre dans le costume et avec les ailes tricolores du plus bel ange de Fra Angelico.
Priorité à l’intelligibilité du texte, simplement soutenu discrètement par l’orchestre, qui s’intercale, enrobe, s’insinue entre les brides de texte. Et sincèrement, même si, mal réveillée, je baillais par moment à grande bouche,j’ai aimé (pas toujours vrai avec Messiaen.) admiré bien sur la richesse et l’invention, mais en outre aimé.
Mais à la fin du second acte, après la présentation des oiseaux, le prêche, superbe,et le beau fouillis de la symphonie des oiseaux, pendant le changement de cassette, comme il était un peu plus de midi, que j’étais un peu crevée, je suis sortie fumer une cigarette, passant le long d’une queue qui attendait le premier film. La cour de la manutention était vivante, le ciel blanchissait, et comme finalement je n’avais plus très envie de renouer avec le catholicisme de Messiaen, j’ai séché les stigmates et la mort et m’en suis revenue.
Les touristes commencent à former de jolis groupes, et leur air heureux rafraîchit mon regard.
Cuisine et la sieste m’a terrassée. Tant pis pour l’aspirateur, le repassage et même les blogs - et n’en suis ressortie que pour aller à l’opéra pour un « aper-opéra », au joli programme.
« A Ceremony of carols » de Britten - voix claires et harpe (la harpiste Lisa Rousselet a l’air d’avoir quinze ans) . Ampleur, bonhomie joyeuse, des canons, le jeu régulier de la harpe en soutien, et au centre « this little ba be » musique pour un enfant doué de goût - deux interventions en solistes d’Anea-Violeta Paraschiv, mezzo, et de Ludivine Gombert, soprano, dont je retrouve avec plaisir la voix puissante et ronde (une ressemblance avec l’ainée de mes fausses petites filles, agréable, n’intervient pas dans ce jugement), l’impression qu’elle est incapable d’une faute de goût.
L’allegro de concert pour harpe d’Enesco - pour se réconcilier avec l’instrument. Varié, élégant, avec un souvenir des oiseaux. Lyrique, pas très allègre, mais plaisir surpris de découvrir tout ce que peut dire une harpe.
« A Ceremony of carols » de Britten - voix claires et harpe (la harpiste Lisa Rousselet a l’air d’avoir quinze ans) . Ampleur, bonhomie joyeuse, des canons, le jeu régulier de la harpe en soutien, et au centre « this little ba be » musique pour un enfant doué de goût - deux interventions en solistes d’Anea-Violeta Paraschiv, mezzo, et de Ludivine Gombert, soprano, dont je retrouve avec plaisir la voix puissante et ronde (une ressemblance avec l’ainée de mes fausses petites filles, agréable, n’intervient pas dans ce jugement), l’impression qu’elle est incapable d’une faute de goût.
L’allegro de concert pour harpe d’Enesco - pour se réconcilier avec l’instrument. Varié, élégant, avec un souvenir des oiseaux. Lyrique, pas très allègre, mais plaisir surpris de découvrir tout ce que peut dire une harpe.
Deux soli de la mezzo : « Die Nacht » de Strauss : je n’ai pas su entendre ce qui sortait cet air d’une certaine banalité, et j’étais en plus distraite par trois petites filles en longues robes blanches qui, sur la place de l’Horloge, au-delà des portes-fenêtres face à moi, un peu en dessous, escortaient une poussette, sans doute le reste d’un cortège de mariage - et « Marguerite au rouet » de Schubert, qui sollicitait d’avantage les graves et allait mieux à mon humble avis à la chanteuse - probité dans la petite plainte et la ligne souple, se balance elle-même.
Retour du chœur pour quatre airs de Brahms, « Vier Gesang », les cors et la harpe remplacés pour l’accompagnement par le piano. Dans la « chanson du clown » la clarté des voix faisait que cette marche était très, très lointainement funèbre. Aimé spécialement « Der Gartner » pour un doux balancement de ballade.
De nouveau la mezzo pour deux brèves, savantes, et belles mélodies de Respighi : « nebbie » et’notte » - préférence pour la seconde, plus mélodique, la musique s’évaporant à la fin.
Et puis Rossini pour trois vertus théologales (un charme inattendu, ces vertus, mais à vrai dire les paroles pourraient être n’importe lesquelles, ces airs n’ont d’autre but que le plaisir de chanter) la fede, la speranza et la carita - simples - le piano comme en commentaire légèrement ironique. Attaques solennelles qui se dissolvent dans des débuts de valses instrumentales et le chant. Dans la dernière un joli solo pour Ludivine Gombert.
Et, après, en bis, le premier des airs de Britten «welcome » pour se dire au revoir, le public ou une partie s’est retourné avec empressement vers le buffet, et m’en suis allée sous un ciel qui avait choisi les nuages, comme des aisselles de pigeons, superposés.
Retour du chœur pour quatre airs de Brahms, « Vier Gesang », les cors et la harpe remplacés pour l’accompagnement par le piano. Dans la « chanson du clown » la clarté des voix faisait que cette marche était très, très lointainement funèbre. Aimé spécialement « Der Gartner » pour un doux balancement de ballade.
De nouveau la mezzo pour deux brèves, savantes, et belles mélodies de Respighi : « nebbie » et’notte » - préférence pour la seconde, plus mélodique, la musique s’évaporant à la fin.
Et puis Rossini pour trois vertus théologales (un charme inattendu, ces vertus, mais à vrai dire les paroles pourraient être n’importe lesquelles, ces airs n’ont d’autre but que le plaisir de chanter) la fede, la speranza et la carita - simples - le piano comme en commentaire légèrement ironique. Attaques solennelles qui se dissolvent dans des débuts de valses instrumentales et le chant. Dans la dernière un joli solo pour Ludivine Gombert.
Et, après, en bis, le premier des airs de Britten «welcome » pour se dire au revoir, le public ou une partie s’est retourné avec empressement vers le buffet, et m’en suis allée sous un ciel qui avait choisi les nuages, comme des aisselles de pigeons, superposés.
9 commentaires:
Admiratif devant l'euphonie du récit et un peu dépassé aussi (euphémisme)
que la musique te soit refuge!
et que nos moeurs en soit adoucis!
Aimée la description de ta mise entrain pour la journée sous un ciel hésitant. La suite de ton récit me fait, comme à chaque fois mesurer l'immensité de mon ignorance, mais, j'aurais bien aimé écouter la harpe.
De la pluie, comme tout le monde, et tu baignes dans la musique... Quelle immersion! On te pardonnera ce petit bémol par la fenêtre volé sur ces sages fillettes qui un moment t'ont distraites. Que ne drape-t-on pas de rideaux ces baies qui sont tentation!
Bonne continuation pour ce week-end musical.
de la symphonie inachevée comme errance et dépossession du monde, réappropriation de soi
Eh bien dis toi que nous sommes dimanche et que tu peux oublier certaines taches ménagères si répétitives et te consacrer à la musique...J'admire ta vivacité du jour, je n'en ai pas fait autant!
Quel beau billet, plein d'une si belle volonté de partage, où l'on a l'impression d'entendre cette musique, dont tu nous parles avec amour.
Et ses photos, toujours choisies avec soin, et toujours aussi percutantes.
A jeudi, Brigetoun et les autres...
sans oublier la cigarette après la symphonie des oiseaux, tu vas les faire tousser !
J'aime bien "j'ai séché les stigmates et la mort."
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