La pièce était calme, trop calme, pour engager une conversation ou développer une pensée il aurait fallu autre chose que cet entre-deux où elle baignait, enfin surtout pour engager une conversation : comment amener une étincelle dans tous ces yeux perdus dans le vide, ou plongés dans les circonvolutions embourbées des cerveaux qui y était annexés. L’homme y renonçait, et puis qu’aurait-il dit, envasé lui-même dans ce vide en attente, sans que rien ne sollicite son attention éternellement absente. Justement quand il l’aurait voulu.
Ce n’était pas seulement le calme, la pièce était trop grande, les corps tassés sur les rangées de sièges, ces coupelles dessinées avec soin pour donner l’illusion du confort sans permettre aux corps d’en prendre vraiment possession - et certains essayaient dérisoirement de s’évader de la règle en ne s’appuyant que sur une fesse, en posant leurs pieds sur le haut du siège immédiatement devant eux - ces corps étaient perdus à des distances gigantesques, aussi éloignés dans cet espace que leurs esprits ou ce qui en tenait lieu, comme des petits îlots perdus, ou regroupés en archipels lâches.
Elle était trop calme, trop grande et trop blanche, trop éclairée. L’homme restait debout au centre et se sentait à la fois invisible et évident, comme une tache sur une surface pure, si éclairé qu’il sentait que la lumière le traversait. Et tout son intérieur devait être visible pour les autres, autant qu’opaque pour lui.
Retréci par l’angoisse - se sentant disparaître - vacant - et, dans cette intense solitude, il essayait de s’inventorier.
Comme il avait sommeil, et de plus en plus sommeil dans cette clarté éblouissante, il peinait à trouver le chemin vers cette chose qui devait bien être en lui et que l’on appelait pensée. Il a essayé de partir du plus proche : que faisait-il là ?
Et à ce moment un chiffre est apparu sur l’écran, et il s’est dirigé vers le comptoir, pour acheter un billet pour ce voyage dont on lui avait dit qu’il voulait le faire.
Et, par son mouvement, il a senti qu’il éveillait la pièce, que des bustes se redressaient, des regards le suivaient.
Pour les impromptus littéraires http://impromptus.fr/dotclear : un texte commençant par : «La pièce était calme, trop calme, pour engager une conversation ou développer une pensée » - bon, un bon honte de la pirouette finale, pour plaire et clore, mais qui me correspond assez.
Journée au cours de laquelle la pauvre ébauche de dimanche a fait des allers et retours entre la cour et le sol dans un recoin à l‘intérieur, au gré de ma forme et du temps - de sorties pour accueillir les gouttes de pluie, en, quand le soleil ou une vague sécheresse revenait, attente confinée que mon mal être s’éloigne.
Petites incursions dans les « notules » de Philippe Didon, et gratitude devant le choix qu’il en a fait pour Publie-net, qui me semble privilégier l’humour de son regard, déclenchant chez moi de bienvenus accès de rire.
Annonce de la mort d’Yves Saint-Laurent, admiration pour une certaine perfection, cette alliance de classicisme au sens de rigueur, probité et d’un barroque raffiné, un peu comme une façade du 18ème siècle (je sais : vision toute personnelle), la discrétion de l’homme et cette extrême fragilité, souvenir, moi qui suis bien sur étrangère à ce monde, de ce presque mort, assis à la corbeille du Chatelet, à quelques fauteuils du mien, il y a plusieurs années.
Petites incursions dans les « notules » de Philippe Didon, et gratitude devant le choix qu’il en a fait pour Publie-net, qui me semble privilégier l’humour de son regard, déclenchant chez moi de bienvenus accès de rire.
Annonce de la mort d’Yves Saint-Laurent, admiration pour une certaine perfection, cette alliance de classicisme au sens de rigueur, probité et d’un barroque raffiné, un peu comme une façade du 18ème siècle (je sais : vision toute personnelle), la discrétion de l’homme et cette extrême fragilité, souvenir, moi qui suis bien sur étrangère à ce monde, de ce presque mort, assis à la corbeille du Chatelet, à quelques fauteuils du mien, il y a plusieurs années.
8 commentaires:
J'aime beaucoup ton texte pour les Impromptus, avec le sujet de la pièce calme, trop calme, pour entretenir une conversation. Tu as bien rendu, à mon sens, le sujet et je ne déteste pas ta finale, je trouve qu'elle va très bien avec ton texte. Bravo, ma belle.
Je n'avais pas vu ta nouvelle création, elle se dessine lentement, mais d'après la photo ou l'angle, je ne vois pas bien ce qu'en sera le personnage, tu pourrais m'éclairer, dis?
Yves St-Laurent est décédé, tu m'en apprends la nouvelle, j'utilise un de ces parfums, Opium, que j'aime énormément, j'ai déjà assisté par privilège diplomatique à deux de ses défilés à Paris, des souvenirs inoubliables.
Bon mardi, ma belle amie et bisous.
Moi aussi, j'aime ta photo !
Je te mettrai un mot chez les impromptus !
Qt à M. Saint-Laurent, elles sont belles ces femmes en smoking, vous quoi !
Belle journée ma chère Brig !
OLIVIER
prendre un billet pour un ailleurs ..
la mer toujours recommencée,
le frêle esquif de nos pensées...
voyage pour l'inconnu...l'idée de voyage te taraude dirait-on... Je prépare le mien pour Marvejols, sans doute la semaine prochaine...
La façade Saint-Laurent est née, pas pour les embourbés du cerveau ! comme tu y vas ! ! !
Juste te souhaiter une bonne nuit.
Mystérieux voyage!
Le grand voyage?
Des rencontres, inattendues, des chemins qui se rapprochent fugacement sans jamais se croiser. L'un sait, l'autre pas...
Enregistrer un commentaire