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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juin 26, 2008

Sortie ce matin, pour la première fois depuis plusieurs jours - je regrette moins les billets que je n’ai pu avoir (quoique Pommerat !) et jette un œil que je m’oblige à garder désabusé sur le programme du off et la probabilité de pépites dans cette forêt, parce que je crains un peu que l’ensemble reste nettement virtuel. (manquerait presque également la motivation) - on verra
Cul posé sur la table, en fin d’après-midi, dans ma cour, pendant que les pierres finissent de rendre leur chaleur, je lis les 31 pages de « voiture » de François Bon (Publie.net http://www.publie.net/tnc/ 1,30 euro). - noté, vers le centre, après Proust, l’arrivée assumée dans la littérature de cette modification du regard qu’apporte la voiture, et l’introduction de la guerre dans la »Recherche » - et de l’avion -, noté les pages relatives comme à un « marqueur » du changement de civilisation, à l’histoire du grand-père de François Bon, fils de tailleur de pierre, la découverte du moteur pendant la guerre et d’une passion devenue métier
« En 1925 il revient au village avec sa Bretonne d’épousée et le bébé de six mois, pend un garage au tailleur de pierre, et devient motoriste…. » - et puis la seconde guerre mondiale et « …le garagiste est l’homme-voiture dans toutes ses déclinaisons……. Il est taxi, non pas qu’on ait beaucoup besoin de taxi, sauf lorsqu’on le frète à plusieurs pour aller consulter les guérisseurs les plus célèbres, le rebouteux de Feliveau ou la dormeuse de Chaix. Chez la dormeuse, le chauffeur se rend à la cuisine, on lui sert un verre de vin rouge. Il est ambulancier, il a aménagé sa Traction pour installer un brancard à la place des sièges arrières…. Et continuité du service de l’ambulance au service des morts : pour simplifier les procédures administratives, le décès est déclaré au domicile, on convoque le grand-père pour ramener de Luçon les morts directement sur les brancards (Brigetoun en passant : relativité des statistiques) .A la maison on en plaisante, puisque le mort est censé être vivant on réinvente la conversation que l’on a avec lui… » et j’ai la sensation d’avoir vécu dans un monde autre mais semblable, sur le même niveau du temps.
Il m’aurait fallu une DS, je n’ai rencontré mercredi matin qu’une 2cv, ce qui m’a déjà semblé merveilleux, même si elle n'est que la petite soeur lointaine des premières que j'aimais.
Et ce n’est pas tant la voiture (objet que je goûte peu sauf pour des raisons extérieures à elle, pour le rêve, le plaisir esthétique que me donnaient les beautés de ma jeunesse, la Jaguar E ou la Berlinetta de Ferrari, et plus loin le cabriolet d’une marque dont j’ai oublié le nom et qui avait survécu dans les premières années d’après guerre, dans lequel j’ai vu arriver ce grand-oncle admiré d’autant plus que je sentais la réprobation souriante qui l’environnait - et ma joie en montant dans cette merveille - et le souvenir des vieilles tractions, pendant ma courte vie étudiante, que l’on trouvait encore dans des cours de ferme disait la légende, qui étaient là, et idéales pour transporter des pannets - je ne sais l‘écrire avec certitude, disons châssis - ; moi bien sur je n‘avais rien, je profitais, et d’ailleurs je n‘ai pas dépassé les contre-collés), qu’en effet cette nouvelle façon de voir les villes, de passer des déviations aux rocades.
Transformation que je constate plus dans la langue et les attitudes que dans ma réalité, qui est d’usagère du train, - à l’époque où ce dernier pénétrait comme par une blessure au cœur des villes - et de piéton, avec, de plus en plus rarement après de courts trajets pendant lesquels je me laisse transporter, ce qui reste de vraie campagne.
Mais il y a eu une voiture vers la fin de mon enfance. Je pense en lisant « … sur cette décennie 1955-1965 » que c’est sans doute vers la première de ces dates qu’elle est arrivée dans la famille, avec le réfrigérateur, un « tourne-disque » et la fin d’une campagne en Indochine. Et qu’elle correspondait (203) à cette notation : »voiture moyenne par laquelle une société s’indifférenciait, en tout cas plaçait déjà ses repères sociaux hors du champ automobile »
Au-delà du garage, on retrouve le moteur chez Claudel, la voiture et cette vision chez Bergounioux, Echenoz….

9 commentaires:

Muse a dit…

j'ouvre le bal ce soir avant d'aller fermer mes yeux car une dure journée qui m'attend encore.
La deuche ma seconde voiture...j'ai eu aussi une DS21 plus tard..le top!

micheline a dit…

on avait failli avoir une 7 CV citroen!! notre première voiture!
mais vraiment c'était trop!!!... beau !
on eut une Matford d'occasion où se risquèrent mes premiers essais de conduite...-sans permis bien sûr- apprentissage seulement accompagnée de mon père, suffisait..et pas peu fière!
rêve englouti dans la débâcle de 40
où sombrèrent avec l'essentiel de nos biens , le fleuron de notre prestige social!

20 ans après je n'avais toujours pas de permis ni de voiture bien entendu !mais ça ne saurait tarder!!

et ma petite dernière va s'endormant dans le garage.."ils" trouvent le moyen de me faire comprendre qu'à mon âge..
c'est plus prudent!
aurais-je dit mon dernier Mot?

Anonyme a dit…

j'ai la 2CV des temps modernes, la Twingo (la "vieille").

Quelles tarnsformations sur le paysage aura apporté cet objet de rêve qu'est la voiture. Il faut intégrer la vitesse au regard pour décider de la taille d'un panneau, de la hauteur et la masse d'un signalement végétal d'une intersection, rappeler à l'ordre l'attention...

En te lisant, j'ai une pensée fière pour ma Maman, qui, titulaire du permis depuis des décennies, se déplace toujours en bus et sur ses pieds, sauf, comme toi, si elle se fait conduire.

Oliv'

joye a dit…

Brige, en te lisant, j'ai l'impression de continuer mes cours de civilisation. C'est une sensation super agréable - pas de conférence somnifère dans ta salle ! - c'est un monde qui fait cache-cache avec moi et que tu me présentes à petites doses énivrantes. Telle une brigeomane digne de mon nom, je reviens et reviens et reviens...

OLIVIER a dit…

Elle est superbe cette 2 pattes !
Merci pour tes mots !
Je vous ai mis quelques mots, photos et un cadeau !
A bientôt chère Amie !

Anonyme a dit…

On revoit des 2CV, soudainement, comme les papillons aux premiers beaux jours d'avril! J'en ai vu une, une ancienne, couleur (si l'on peut dire) d'origine, ce matin, revenant du marché!
Très intéressant ton essai socio-historique sur la place de la voiture dans la vie de tous les jours et dans l'imaginaire.

Brigetoun a dit…

plutôt François Bon qu'il faut lire - en 31 pages intéressantes s'habituer à la lecture sur écran

Anonyme a dit…

Je suis aussi lent qu'une 2cv ce matin je perds pieds.

Anonyme a dit…

C'est sans gloire que j'ai perçu le changement de regard dont parle François Bon. En tant qu' ex-paysagiste, je suis habitué à la notion de regard, j'ai construit nombre de paysages routiers...

Oliv'