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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 26, 2008

Longue, très longue, et encore plus, sans soucis d’ennuyer, les éventuels lecteurs étant sur la route ou dans les valises.
Journée flageolante mais pleine. Matinée en belgitude. Partis vers le théâtre des Doms, chez les wallons, pour voir « Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis » dont j’attendais, arbitrairement de l’amusement, je me suis trouvée confrontée à une liste d’attente
Me suis engouffrée, aussi rapidement que possible, dans les rues étroites, tentant de visualiser le trajet le plus court vers le théâtre des Halles et les méditations de Descartes mon autre envie, qui débutait dix minutes plus tard. Renoncé en regardant ma montre en débouchant sur la rue Carreterie et me suis retrouvé chez les wallons au Gilgamesh pour voir « tout au bord » de Bernard Cognieux et Marie-Paule Kumps. (délicieuse voix et accent presque léger)
Décor de petits bourgeois encombré, qu’ils transforment au gré de leur jeu
« les enfants sont partis… Pendant des années, le quotidien les a envahis, leur tenant lieu de boussole. Aujourd’hui un vague malaise s’empare d’eux… D’introspections maladroites en changement de vies hasardeux, ils glissent doucement (pas tant que ça ils commencent presque d’emblée à ne plus aller travailler) de situations cocasses en épisodes plus graves, trébuchent, perdent pied, touchent le fond et refont surface » et bien entendu c’est pour la naissance d’un petit fils - on annonçait bien une « comédie familiale » - avant il a entrepris d’apprendre à jouer de la clarinette, elle a acheté un vélo et passé deux jours avec des sans logis, sans papier, jusqu’à se retrouver au poste, ils se sont installés dans un parc de loisir abandonné etc… Je n’aurais pas eu l’idée d’aller voir cela, mais c’est mieux qu’un moment agréable. Amusement de voir que le public avait l’âge requis.
Retour dans des rues où il redevient presque possible de marcher, et où les parades ont la place de se faire voir.
Et départ en fin d’après-midi vers le gymnase du lycée Mistral pour « Ricercar » de François Tanguy et le théâtre du radeau, carcasse mécontente, entre une envie de voir et entendre cette « forme contrapuntique moins élaborée que la fugue.. » qui « enchaîne des épisodes différents qui peuvent être sans lien thématique… mouvements d’entrelacs., de reprises, de diversités des sources et des dynamismes » - et la petite envie de critiquer puisque ce spectacle est encensé, demandé et que nous ne sommes qu’une station dans une tournée (comme « 2008 Vallée » est une reprise, et « je tremble » une amplification ».
Des brides de notes et des bouts des textes dits (et qui figurent sur les feuillets qui nous sont donnés avec le programme) en désordre et sans rapport
« la marquise en voulait de la topaze, elle avait quelques verres dans le nez, elle criait, menaçait, trépignait ; la figure drôlement pâle, elle disait des coçonneries en patois vénitien, ou dans un patois espagnol, c’est plus probable ». Gadda (l’affreux pastis de la rue des merles) dont une autre page interviendra, comme plusieurs cantos de Pound, plusieurs passages du « purgatoire » et un du « paradis » de Dante, Pirandello et Walser
Plateau étiré qui limite les gradins, fractionné - plaisir des premières images et des costumes, les hommes en complets gris et chapeaux, deux femmes dans des flots de tulle ornant des costumes d’un dix-huitième revisité (à la Greenaway) - visages plâtrés.
« fausse beauté qui tant me coûte cher,/ Rude en effet, hypocrite douleur,/ Amour dure plus que fer à mâcher;/ Nommer que puis, de ma défaçon sœur… » Villon, reconnu au passage avec un plaisir de longue amitié.
Textes souvent proférés, souvent noyés dans la bande son (Domenico Scarlatti à Berio en passant par Verdi à vrai dire souvent difficilement identifiables pour moi, par ignorance souvent, par déplaisir plus souvent encore de la puissance qui dénature le son, qui le rend difficilement supportable, et sentir que cela est volontaire, pour créer ce léger inconfort nécessaire, ne m‘était pas une consolation),
« L’homme des champs quand le raisin brunit,/ bouche souvent d’une fourchée d’épines,/ dans une haie, un trou plus grand/ que n’était le chemin par où monta/ mon guide seul, et moi qui le suivais… » Purgatorio
Décor complexe et modelable par des panneaux que l ‘on amène ou enlève, par la lumière et souvent l'obscurité un peu modelée. Agitation et des îlots comme une plante se détachant dans un carré de lumière
« … Le Kakémo pousse sur la terre nue hors de la brume/ le soleil paraît d’un bon au dessus de la montagne/ de sorte que je me souviens du bruit dans la cheminée… » Erza Pound
Textes lancés, parfois avec un soupçon d ‘emphase pendant que des silhouettes passent lentement ou en courant (des robes très Zénaïde Floriot) autour de la diseuse. Musique omniprésente
« Già eran li occhi miei rifissi al volto/ déjà mes yeux étaient refixés au visage/ de ma dame, et avec eux mon âme,/ qui s’était détachée de toute autre pensée./ Elle ne riait pas ; mais : »Si je riais »,/ dit-elle, ‘tu deviendrais pareil/ à Sémélé réduite en cendre.. » le Paradisio
Passages au noir presque total, musique se faisant discrète pour que le texte, dit simplement, devienne intelligible
« …. J’ai pris sa veste qui est restée chez moi depuis son départ. Je l’ai mise sur le lit. Je suis sur le lit, à côté de la veste. C’est une veste. Oui je veux que ça soit une veste. C’est une veste longue, chaude. Quand je l’enfile parfois, elle m’arrive aux chevilles… » Danièle Collobert
Et l’actrice qui dit le texte dont viennent ces lignes enchaîne sur « contre tout espoir » de Nadejda Mandelstam
« Je n’ai effectivement pas dormi pendant cinq nuits, veillant le proscrit devenu fou. Mais… épuisée par une nuit blanche sans fin, je m’endors vers le matin d’un sommeil inquiet, transparent en quelque sorte, à travers lequel je vois Mandelstam assis sur le lit branlant, les jambes croisées et le veston déboutonné, prétant l’oreille au silence.. »
Violence d'opéra souvent. Et basta
Simplement j’ai plutôt adhéré. De tous ces artifices naît en effet une musique.
Mais me suis endormie au moment de repartir vers les Funambules et un petit spectacle dont j’ai rencontré les acteurs.
Tiens si, encore cela, du « De natura rerum » de Lucrèce
« De même du miroir, l’image à peine émise, en venant au regard chasse et pousse en avant tout air interposé entre les yeux et elle, et fait que nous pouvons percevoir tout cet air… » juste parce que cela m’avait frappé, pour une raison inconnue

7 commentaires:

albin, journalier a dit…

Ni plus ni moins du vent.

tanette a dit…

Pas encore pu rattraper mon retard de lecture mais te fais un petit coucou en passant.

Anonyme a dit…

Cela tient du parcours du combattant!
L'art de la fugue, tu connais mieux que personne.
Pour la liste d'attente, peut-elle, la tienne, serpentine à souhait, rivaliser en compète, avec celles de la Tour Eiffel?

Anonyme a dit…

A te lire c'est un dernier sprint avant la fin du Festival, tu vas t'ennuyer lundi !

joye a dit…

Avignon est un long fleuve mouvementé stocké de toutes sortes de poissons.

micheline a dit…

on ne choidit pas toujours le lieu où l'on habite mais sans doute a-t-on des raisons profondes d'y rester..quand on pourrait aller aileurs..
je me suis quelquefois posé la question.
pour brigetoun , je crois que la quastion ne se pose pas: ce serait Avignon

Muse a dit…

Te saluer de la part du Vert Galant à mon retour et mettre à mon programme la lecture des articles manqués de la semaine; Je vois juste que tes journée sont toujours aussi bien remplies.