Mardi matin, assisté à ce qui me semble un exploit : interpréter Penthésilée de Kleist (« ne comprend pas ce qui lui arrive… dévorée par l’amour, dévore l’être aimé » résumé de présentation), texte moyennement facile, en fin de matinée, devant quatorze personnes, dans une de ces deux petites salles qui ont le mérite d’exister - le théâtre du Funambule offre aux acteurs un cadre d’une austérité qui confine à la laideur, avec les rideaux noirs et le sol à l’aspect de goudron humide de beaucoup de salles avignonnaise, et aux spectateurs une ambiance sympathique, semblant improvisée, remuant le fantasme des troupes pauvres du théâtre naissant avec juste un petit fond d’organisation)
Le donner en jouant sans tomber dans des effets, en arrivant à créer une certaine tension dans ce semblant de public, par le visage, les mains, une gestuelle corporelle qui n’éclate (et là un moment de danse au ras du sol) que sporadiquement; et les inflexions d’une voix. Catherine Clerc - mise en scène Patrick Melior à 10 heures 45.
À 18 heures 30 à l’Ajmi-Manutention, « les rumeurs de ma main » de Gaël Mevel, texte dit par Henri Lamande, avec la musique des « cuisiniers » Gaël Mevel et Thierry Waziniak
Dans la pénombre de ce bar où les boissons au fond, sur le coté, au dessus du bar, sont interdites provisoirement, assise face aux deux plans de travail suspendus, d’une sobriété moderne qui me ferait rêver si je savais faire la cuisine, attente un peu longue en essayant de s’adapter à la climatisation (inconfort pour moi).
A vrai dire les deux cuisiniers sont si délicats qu’ils ne produisent pas de sons, ou rares, ou légers et qui résonnent longuement, à la limite de l’audible - l’un d’eux, comme un géant attentif, aimable - souvenir vague d’un artisan aimé - ne quitte pas ses planches, poêles, réchaud - l’autre se mettra au piano, en jouant ou caressant les cordes.
A vrai dire les deux cuisiniers sont si délicats qu’ils ne produisent pas de sons, ou rares, ou légers et qui résonnent longuement, à la limite de l’audible - l’un d’eux, comme un géant attentif, aimable - souvenir vague d’un artisan aimé - ne quitte pas ses planches, poêles, réchaud - l’autre se mettra au piano, en jouant ou caressant les cordes.
un beau texte - des incursions dans une description amoureuse d’alliance de senteurs, de gouts, de mode de cuisons - le corps d’une femme, qui peu à peu apparaît comme rencontrée, amante, la cusine et la vue, les marches dans la campagne, le gout de cette femme, le toucher, et puis le poids du passé.
Par moments les fouets s’activent, les couteaux qui émincent se précipitent.
Tom qui est mort par son violoncelle, qui était l’homme de la femme - les enfants dans la salle d’école transformée en cuisine.
Une cocotte est réellement chauffée et cela sent.
Assez magique, longtemps, et puis, est-ce à cause de gens qui sont sortis, ou des passages du texte ou de la façon dont il était dit qui rompaient la tension, le rythme, il m’a perdue - et j’ai trouvé, malgré un sursaut d’eux et de moi sur un faux point d’orgue, avant une retombée, que le temps ne s’écoulait plus. Très frustrant de se trouver détachée d’un texte que l’on aimait, et de se demander si la faute n’est pas dans l’écoute.
Par moments les fouets s’activent, les couteaux qui émincent se précipitent.
Tom qui est mort par son violoncelle, qui était l’homme de la femme - les enfants dans la salle d’école transformée en cuisine.
Une cocotte est réellement chauffée et cela sent.
Assez magique, longtemps, et puis, est-ce à cause de gens qui sont sortis, ou des passages du texte ou de la façon dont il était dit qui rompaient la tension, le rythme, il m’a perdue - et j’ai trouvé, malgré un sursaut d’eux et de moi sur un faux point d’orgue, avant une retombée, que le temps ne s’écoulait plus. Très frustrant de se trouver détachée d’un texte que l’on aimait, et de se demander si la faute n’est pas dans l’écoute.
Est-ce pour cela qu’en sortant, en enfilant les rues dans la direction des remparts, au bout de la rue des Teinturiers pour aller au théâtre Alizé voir le « 210° jour » d’après Sôseki Natsumé, j’ai senti mes jambes et mains se raidir, hésité, et puis ai tourné bride, en saluant des souvenirs très anciens (Gildas Bourdet dans le off, et une ou des après midi de discussions) en passant devant la Bourse du travail.
4 commentaires:
le festival "off", c'est un peu un laboratoire où dans les creusets se mijote l'à-venir. Tu glanes et cueilles mais quel courage faut-il!
Tant de choses dans une seule note...sur ton blog, je voyage comme je voyage chez moi -- beaucoup de choses de suite, car pas le temps, pas le temps, de tout voir, tout goûter, tout saisir...mais aujourd'hui, je ne commente que ton image de la table, elle qui me coupe le souffle. J'adore !
Je dois être inculte, mais j'apprends tous les jours beaucoup de choses, comme par exemple l'existence de Gaël Mevel, ou du "210è jour" au théatre...
C'est aussi l'une des choses les plus admirables chez toi : cette faculté à transmettre les savoirs.
De retour lundi, la lecture de ton blog va me manquer !
je me rends compte que je me plains de mes journées bookées mais les tiennes le sont tout autant et tellement plus passionnantes. Les miennes sont alimentaires.
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