commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, août 30, 2008

La lumière vendredi matin arrivait à mettre à nu les pierres, presque jusqu’à les nier, et en même temps à souligner, sculpter les ombres. dans les rues étroites qui filaient vers le soleil, ou s’approchaient de cette trajectoire - il lui fallait l’espace, le volume de l’air de la place de l’horloge, et les arbres, pour se transformer en caresse et en jeu presque mouvant.
rue Saint Sébastien elle avait pénétré le mur, et il en devenait source, et marcher était délicieux dans une chaleur aimable et douce.
Mais dans ma cour, en début d’après midi, contre le mur qui ne recevait plus la lumière qu’en peu en dessous de son sommet, mais renvoyait toute la chaleur, j’ai attrapé un petit coup de bambou en lisant deux motions socialistes, et puis les premières pages de «Rock'n roll : Un portrait de Led Zeppelin » de François Bon » - coup de bambou qui ne s’est manifesté qu’après, pendant que je divaguais autour d’elles, dans l’ombre fraîche de ma chambre.
« Plant chemise ouverte et pantalon bas toison blonde, un bracelet à la main gauche (droitier, mais agrippe le micro de sa main gauche pour sculpter de l'autre sa phrase dans la lumière), chaîne d'or sur la poitrine nue on la voit mais on s'en moque, homme nu sous crinière à cet instant il est, avant même que surgisse devant lui Jimmy Page son double son ombre, lui ensemble satin brodé de dragons mais torse nu aussi sous la veste et collier avec pendentif, ces signes ésotériques qu'il a imposés aux trois autres et la Gibson de 1958 bas sur les cuisses, immobile, courbé, rien que la jambe gauche bat temps binaire depuis le genou…..
Un instant sur le micro un reflet des projecteurs montre un ongle de pouce verni qu'il a laissé grandir d'un bon centimètre, c'était la mode, Open your arms Open your arms Open your arms baby Let my love come running in, Page arpente la scène comme s'il lui fallait le rythme dans les jambes pour que son riff résiste à la poussée binaire de Bonham et sa façon désarticulée de battre. Se retourne vers salle, guitare plus bas que le nombril, on le voit son nombril rond tout lisse et blanc et celui de Plant dans pilosité généreuse, s'arc-boute à l'horizontale pour les derniers accords et relève soudain la Les Paul à plat au-dessus de sa tête… »

Et la photo devrait être du jour de ce concert en 75 à Earl’s Court, ou du lendemain si j’en juge par cette vidéo où ils jouent justement Rock’n’Roll http://www.youtube.com/watch?v=FPczhhroQN0
Et je pense que je vais le lire, pour cette description qui est au début, et pour le récit avec ce ton détaché et proche, mais en même temps, ces pages finies, un début de dérive complaisamment plaintive, ou presque, en réalisant qu’ils ne faisaient pas partie de mes souvenirs, parce que je suis juste un peu trop vieille (j’avais 33 ans) , et parce qu’à cette époque j’étais morte - j’avais déjà admis depuis plusieurs années que ma solitude était définitive et sans espoir, et je travaillais jusqu ‘à remplir toutes mes journées, sans penser - et j’avais aussi pris l’habitude de me parler, partout, au risque d’être cataloguée comme démente - d’ailleurs à cette date, ou un peu avant, j’étais dans cette maison à barreaux, même si le »corps médical » me voyant lire Proust (il m’avait fallu cela pour en avoir un début d’envie) et vivre (à cause des coups de téléphone du bureau, aussi, et de ma capacité à y répondre, allongée et perf au bras), avait décidé que je ne relevais pas de leur spécialité, mais d’une faiblesse extrême, et m’avait autant que possible isolée des autres pensionnaires - et j’ai appris le fonctionnement de la plonge dans une cuisine de communauté et fait toutes les promenades possibles ramenant des petits trésors, des fleurs des champs ou de bords de route et des poteries - mais en sortant, et peut être finalement était-ce en 1975, j’étais tout de même »démente » pour la Sécurité sociale, ce qui me donnait une illusion d’existence.
Mais comme contact avec le monde, c’est l’époque où j’ai découvert que je pouvais m’offrir une place dans les hauteurs du théâtre des Champs Elysées (et rapidement en descendre les étages) et puis, grâce à un de ces beaux concerts pendant le festival d’automne, à l’amphithéâtre de l’opéra Bastille, avec son public peu nombreux, vaguement élitiste, mais simplement attentif et heureux, me souvenir de ma découverte, oubliée, de la musique contemporaine, longues années avant, à Avignon, avec Sobel (un merveilleux après midi) Lévinas, Aperghis et d’autres, ce qui m’a conduite à la Cité de la musique, à l’Ircam, à la maison de Nanterre, et, comme Avignon c’était aussi le théâtre comme je ne l’avais pas connu à Toulon, les soirées, devenues indispensables,à l’Odéon, aux Amandiers, Clichy, Bobigny, à la Colline, au théâtre de la Bastille etc… et j’avais retrouvé une autre vie, qui me chassait du bureau certains soirs, de plus en plus souvent, qui ne facilitait pas pour autant le lien avec mon entourage, et qui finissait par prendre toute la place dans ce qui me restait de conscience, en dehors de mon travail - oubliant, parce que je le voulais, ce que cela pouvait avoir d’étriqué finalement (en apparence).
Pardon - Vrai que j’ai eu un coup de bambou - pardon demandé au livre ainsi piraté, mais que je lirai certainement pour les phrases lues et justement pour la presque étrangeté (et contrairement à ce qui est dit dans http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1377, il n‘y a pas que les Inrock qui en parlent, je suis arrivée à ces quelques pages par Médiapart, comme au lion de Rollin, fort tentant, et à Pynchon)-
et puis, en changeant mon sac de mains, le matin, une petite annonce en feuilles rousses de la fin de l’été, assez lointaine pour être agréable.

6 commentaires:

joye a dit…

J'adore l'idée que je peux maintenant me faire de toi, l'artiste littéraire en robe de soirée et perles qui rentre après une soirée de Debussy pour filer ses chaussettes et rocker à mort dans son living, les Zeps à l'écoute !!!

:-)

Brigetoun a dit…

chut !j'ai perdu mes perles -
et n'ai un living que si on désigne ainsi l'unique espace de vie

Muse a dit…

les perles peut être mais tu as gardé le goût de l'art que tu sais si bien retranscrire à nous donner des envies de...Me faudra du temps pour remonter au 2août la lecture de tes billets mais cela se fera promis.
Le bel Henri va encore recevoir ma visite...

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ta troisième photo, quand la lumière sculpte les ombres comme tu dis !

Anonyme a dit…

Les ombres vont recommencer à devenir obliques...

Anonyme a dit…

bjr brigetown , je passais en visite , beau reportage , à plus alain