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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, septembre 14, 2008

Puisque c’est à la lisière de ce qui pourrait être fugace vérité, s’inventer par un reste de dandysme ou de dandinisme que c’est derrière elle que je me retirerais.
Et il y aurait de grandes salles vides, en début de décrépitude … non cela ne coïncide pas avec le superbe soin mis à l’entretien, à l’exaltation du bois et de chaque sculpture, même des bronzes qui ont l’exact équilibre, juste avant une brillance artificielle et ostentatoire - ce pourrait être un hommage aux passants, une pleinitude qui attire mais se clot sur sa digne et sévère opulence, ou simplement un reste de sensualité poussant à nourrir,frotter les reliefs, la parfaite épaisseur grasse de l’ovale.
Mais derrière les ferrures, des dalles qui ne retentissent plus que rarement sous les pas, ou même ne sont plus que la matérialisation du souvenir des pas, le long de galeries et de corridors, par les grandes ouvertures rythmant l’enfillade des pièces au stuc las, et les doubles portes, au simple moulurage, avec juste quelques fantaisies, petits grains, fleurs sommairement tracées au centre d’une accolade en haut d ‘un panneau, et la surprise d’une petite lyre ou d’une colombe, sont peintes d’un souvenir de bleu cérulé, un peu écaillé, un peu passé, en une fine pellicule soulignant les veines verticales..
Et si quelqu’un y pénétrait, avec une curiosité un peu rêveuse, l’endroit lui évoquant vaguement des souvenirs de romans ou plus simplement de contes, il s’ébahirait de cet abandon digne (admettons qu’il ne serait pas là seulement pour une visite de futur locataire), il hésiterait entre l’évocation d’une lignée éteinte, ou une crainte refoulée de la rencontre d’un vieillard un peu monstrueux, beau bien entendu mais avec des yeux dignes de Némo (ses critères pourraient être un peu sommaires) et pour parfaire, une grande chevelure ordonnée et une courte barbe (Némo n’est pas Léonard) découvert en franchissant l’avant dernier seuil, ou en suivant un des petits corridors fantasques, puisqu’il y en aurait, ou en descendant quelques marches derrière une petite porte, ou un escalier tourbillonant en s’enfonçant, et il s’interrogerait sur cette pronfondeur inexplicable.
Et en fait, je me serais installée pendant de longues périodes dans ces grandes salles, glissant de l’une à l’autre, regardant les premiers temps par l’entrebâillement des volets qui laissent passer des rais de lumière peuplés de poussières dorées, et puis immobile au centre d’un salon, et à travers les murs j’aurais regardé une plage noyée d’un soleil applatissant et la mer au friselis scintillant, mais cela aurait été au début, dans un temps vraisemblablement éloigné, de quand il y avait du temps.
Le visiteur, en continuant, aurait débouché dans une cour, trop étendue et trop herbue pour être un patio, sans souvenir de plantations régulières, d ‘une géométrie de buis, de bandes fleuries, ou d’un bassin de pierre entouré d’orangers en caisse, plutôt un potager incongru, avec dans le fond, et la cour serait enclose mais grande; comme campagnarde, une petite batisse, minuscule mais gracieuse comme une gloriette, et sur un coussin de damas éraflé une petite vieille, les bras autour des jambes, une tête un peu ridée posée sur les genoux, qui le fixerait avec un sourire indécis. Et nous nous regarderions, hésitant à parler. Je me demanderais si je suis furieuse de cette intrusion ou si ce ne serait pas une petite envie de gaité qui me viendrait.
Et j’arrête là mon petit délire, parce que je ne sais comment cela évoluerait, et ma foi je m’en moque. Au fond je serais peut être furieuse et glaciale.

Et j’ai laissé mon nez dans Voltaire, j'ai retourné devant un radiateur les livres dont les feuilles prenaient de belles formes gondolées, et ne suis allée ni boire l’hypocras aux Carmes (peut être un saut sur la place ce matin) ni dîner et danser sous le micocoulier dans la cour d’Utopia. Cocon.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis entrée dans l'église
Il n'y avait personne
Que le regard éteint du plâtre des statues
Je connais un endroit où il n'y rien au-dessus
Je lis encore ton blog.

Bon dimanche, belle guide.

Brigetoun a dit…

c'et bien, mais tu n'es pas obligée.
Je m'interroge sur l'église et les statues

Anonyme a dit…

la même porte en deux photos c'est ça ?

Anonyme a dit…

Plus Voltaire que Rousseau; Diderot nous mettra d'accord peut-être. Trois clés pour une porte, ce n'est pas trop pour la pousser. Une porte cache autant qu'elle révèle.

Brigetoun a dit…

Denis est hors concours, et en fait j'ai relu l'"histoire des deux mondes"