j'avance, assez loin derrière un groupe, comme Octavien derrière ses amis, mais le tremblement intérieur, celui que j'ai senti en lisant le sien dans Arria Marcella, chez Téhophile, n'est pas venu, - juste un peu d'ennui et la longueur de cette rue, et, de rage, j'y vois un mélange de corons et de propylées - une tentative de ricanement qui reste suspendue dans le vide.
Les guides, toutes les pages, les voix de tous les visiteurs qui se ressemblent, entre curiosité, érudition, menus à venir et chaleur, mise au point des appareils, comparaison d'iceux et jalousies tues, et puis Octavien et Arria Marcella, et même Pline maintenant que la mer s'en est allée, ont nettoyé ces ruines, les laissent comme des chicots morts, et vos esprits, pauvres êtres, se sont fanés, réduits à des mots usés.
Je marche, l'esprit vacant, et mes pieds maintenant, dans ce silence, parlent.
Et ils reconnaissent, un peu, la pierre, mais ils s'ébaubissent du doux confort, de la richesse de ces larges dalles, ils se sentent un peu humiliés, eux qui sont voués à la petite caillasse - et elle leur semble; même arrondie par ses quelques siècles, garder une rusticité barbare - et ils sont pleins de révérence pour les sandales qui ont foulé ces belles surfaces lisses.
Et leur répondent , dans un souffle ténu, des plantes calleuses d'esclaves qui évoquent les rochers de leur enfance, ou les chemins de terre battue et de poussière, les marches dans la garrigue et le contact cruel des lentisques, les laisses de mer, et puis, peu à peu, ce sont des chaussures patriciennes, descendues de litières, et de lestes jambes de femmes... et j'avance avec eux, je les ai retrouvés, et je m'arrête près d'un pilier pour mettre ma main à coté de la leur.
Je regarde autour de moi, je respire l'air chaud, et puis je les salue et je me hâte parce que j'ai faim. et après avoir écrit ce truc pour l'exercice 64 d'écriture ludique - sur cette image d'"Harmonie" http://www.ecritureludique.net/article-23783426.html , je me suis changée, j'ai constaté avec plaisir que le temps était sec (cela n'aurait rien changé), j'ai fermé ma porte, et je suis partie vers la gare routière pour m'en aller à Caumont entendre la présentation des différentes motions pour le congrès du PS - et; en marchant, sur des pavés, sur du macadam, une petite douleur s'est installée, a grandi, qui était peut-être honteusement psychosomatique, parce que j'appréhendais d'avoir à mendier une voiture pour rentrer, ou à persuader un chauffeur de taxi de venir me chercher, et en me trouvant plein de mauvaises raisons, en rageant contre moi, si mal que j'en tremblais un peu, j'ai tourné bride et m'en suis retournée chez moi - il suffira d'aller voter, c'est l'essentiel.
Et je vais être scandaleusement longue, parce que je me sentais minable, et que, pour ne plus y penser, j'ai ouvert et lu, d'un oeil vague, l'exercice 63 d'écriture ludique "éléments au choix " (isa/zabilou), http://www.ecritureludique.net/article-23783410.html , et cela disait :
"Le principe de cet exercice est de choisir cinq éléments dans chacune des listes ci-dessous (personnages, lieux, dates et nombres), et de construire un récit incluant l'ensemble des éléments choisis
Personnages : prêtre, assassin, chien, femme, homme, poisson rouge, vieux, chat, peintre, maître, voleuse, femme d'affaires, magistrate, recteur d'académie, policier
Lieux : Un balcon, un bar, une abbaye, une maison close/bordel, un sous-sol, un/des toit(s), une cage, une cellule, une cuisine, une salle de bain, un bureau, une réserve (de magasin), un ascenseur, une cabine, des escaliers
Dates / Nombres : 22 mars, 15, 7, 1, 5, 12, 31 décembre, 1 mai, 74, 156, 2943, 33, 7 octobre, 150, 1528"
J'ai reniflé, j'ai regardé le mur, je me suis gratté le cuir chevelu, j'ai verdi mon choix pour bien le voir, et, en m'amusant de plus en plus, avec un peu d'application tout de même, je me suis raconté une histoire (et je me sers en les détournant de photos que le Faucon http://falconhill.blogspot.com/ avait eu la faiblesse de m'envoyer.
J'ai reniflé, j'ai regardé le mur, je me suis gratté le cuir chevelu, j'ai verdi mon choix pour bien le voir, et, en m'amusant de plus en plus, avec un peu d'application tout de même, je me suis raconté une histoire (et je me sers en les détournant de photos que le Faucon http://falconhill.blogspot.com/ avait eu la faiblesse de m'envoyer.
divergences
un peu à l'écart du village, un peu au dessus, il y avait des pans de mur en ruines, et puis de beaux restes, la partie la plus récente, relevée en 1528 et depuis lors toujours retapée, juste assez pour être habitable, avec un cloître et sa belle terrasse contre les toits de l'ancienne église, et de belles pièces au dessous, autour du cloître et à coté, avec, un peu en contrebas, sur le flanc de la colline, une énorme cuisine sur un monde de caves, celliers, remises croulantes, en sous-sol, avec des escaliers qui débouchaient dans les broussailles, là où dans le passé il y avait eu sans doute un potager - et puis dans cette drôle d'ancienne abbaye, qui nous avait dominés comme un château dans des temps très anciens, il y avait, un peu à l'écart, mais pas complètement, simplement ils ne frayaient que rarement avec nous, et l'on voyait, de plus en plus rarement, mais encore assez souvent, des voitures qui grimpaient vers le porche, et parfois les conducteurs s'arrêtaient et nous demandaient le chemin, et nous savions qu'ils devaient venir parce que la veille en descendant prendre un verre et faire des achats le vieux avait demandé que la Nicole vienne les aider, il y avait Maurice et Jérémy, un vieux couple - ils avaient tous les deux 74 ans et ils se connaissaient depuis 33 ans, quand Jérémy était arrivé pour louer la Bracaillerie dont Maurice venait d'hériter, et Jérémy nous l'appelions le peintre, et c'était pour lui que venaient les voitures, il y avait même eu une équipe de télévision un jour, et à l'époque avant que Maurice ne reprenne ses voyages un peu mystérieux, quelques uns les avaient rencontrés qui se promenaient dans le vallon en se tenant par le cou, et même une fois la Marie les avait vus s'embrasser, et de temps en temps, Maurice revenait pour quelques jours.
un peu à l'écart du village, un peu au dessus, il y avait des pans de mur en ruines, et puis de beaux restes, la partie la plus récente, relevée en 1528 et depuis lors toujours retapée, juste assez pour être habitable, avec un cloître et sa belle terrasse contre les toits de l'ancienne église, et de belles pièces au dessous, autour du cloître et à coté, avec, un peu en contrebas, sur le flanc de la colline, une énorme cuisine sur un monde de caves, celliers, remises croulantes, en sous-sol, avec des escaliers qui débouchaient dans les broussailles, là où dans le passé il y avait eu sans doute un potager - et puis dans cette drôle d'ancienne abbaye, qui nous avait dominés comme un château dans des temps très anciens, il y avait, un peu à l'écart, mais pas complètement, simplement ils ne frayaient que rarement avec nous, et l'on voyait, de plus en plus rarement, mais encore assez souvent, des voitures qui grimpaient vers le porche, et parfois les conducteurs s'arrêtaient et nous demandaient le chemin, et nous savions qu'ils devaient venir parce que la veille en descendant prendre un verre et faire des achats le vieux avait demandé que la Nicole vienne les aider, il y avait Maurice et Jérémy, un vieux couple - ils avaient tous les deux 74 ans et ils se connaissaient depuis 33 ans, quand Jérémy était arrivé pour louer la Bracaillerie dont Maurice venait d'hériter, et Jérémy nous l'appelions le peintre, et c'était pour lui que venaient les voitures, il y avait même eu une équipe de télévision un jour, et à l'époque avant que Maurice ne reprenne ses voyages un peu mystérieux, quelques uns les avaient rencontrés qui se promenaient dans le vallon en se tenant par le cou, et même une fois la Marie les avait vus s'embrasser, et de temps en temps, Maurice revenait pour quelques jours.
Quand il descendait au café, lors de ces passages, Maurice était généralement avec le peintre, et leurs visages étaient splendides.
Et puis, il y a 15 ans, Maurice était revenu, et c'est depuis que nous l'appelions le vieux. C'était comme ça, il y avait le vieux et le peintre, et en riant un peu les mauvais esprits les appelaient nos seigneurs, mais ce n'était pas ça, simplement ils étaient différents.
Et Nicole nous racontait, et ceux qui, de temps en temps, pour une raison ou l'autre, ou parce qu'ils étaient invités, montaient à la Bracaillerie le savaient bien, qu'ils ne se parlaient plus guère les deux, le peintre dans le dortoir du cloître et l'été sur la terrasse, les yeux sur sa toile ou sur les arbres et la campagne par dessus les toits, sans qu’il y ait un rapport clair entre les deux, et le vieux dans la sacristie, et qui régnait sur la cuisine, parce qu’il était un fabuleux cuistot, et qui aimait recevoir, juste pour qu'on lui fasse des compliments, et ce n'était pas difficile - et puis aussi pour qu'on l'écoute, et il dévidait des histoires dont on ne savait pas très bien s'il les avait vécues, et le peintre les connaissait toutes depuis le temps ces histoires, et il regardait en l'air, et puis un jour il avait offert au vieux un poisson rouge dans un tout petit bocal "pour te rappeler tes voyages", mais Maurice n’avair pas réagi, et il avait installé le poisson dans un bel aquarium avec plantes, lumière et tout, et quand ils étaient à table tous les deux, il tournait le dos à Jérémy et il parlait à son poisson.
Et puis, il y a 15 ans, Maurice était revenu, et c'est depuis que nous l'appelions le vieux. C'était comme ça, il y avait le vieux et le peintre, et en riant un peu les mauvais esprits les appelaient nos seigneurs, mais ce n'était pas ça, simplement ils étaient différents.
Et Nicole nous racontait, et ceux qui, de temps en temps, pour une raison ou l'autre, ou parce qu'ils étaient invités, montaient à la Bracaillerie le savaient bien, qu'ils ne se parlaient plus guère les deux, le peintre dans le dortoir du cloître et l'été sur la terrasse, les yeux sur sa toile ou sur les arbres et la campagne par dessus les toits, sans qu’il y ait un rapport clair entre les deux, et le vieux dans la sacristie, et qui régnait sur la cuisine, parce qu’il était un fabuleux cuistot, et qui aimait recevoir, juste pour qu'on lui fasse des compliments, et ce n'était pas difficile - et puis aussi pour qu'on l'écoute, et il dévidait des histoires dont on ne savait pas très bien s'il les avait vécues, et le peintre les connaissait toutes depuis le temps ces histoires, et il regardait en l'air, et puis un jour il avait offert au vieux un poisson rouge dans un tout petit bocal "pour te rappeler tes voyages", mais Maurice n’avair pas réagi, et il avait installé le poisson dans un bel aquarium avec plantes, lumière et tout, et quand ils étaient à table tous les deux, il tournait le dos à Jérémy et il parlait à son poisson.
Bon, je vois bien que vous soupirez aussi, et vite, avant que vous partiez, je finis mon histoire.
Parce que l'autre jour, le 22 mars, le vieux hurlait à l'assassin, et Jérémy a dégringolé les escaliers pour trouver son ami qui avec un grand couteau menaçait le chat que Jérémy avait adopté depuis quelques jours, après l'avoir rencontré, perdu, dans la garrigue, et il y avait de l'eau près de l'aquarium et plus de poisson dedans.
Et vous dites : « c'est tout, c'est pour dire ça que tu .... » Ben oui.
Merci si vous avez suivi, et le tout pour http://www.ecritureludique.net/index.html#bouton
Parce que l'autre jour, le 22 mars, le vieux hurlait à l'assassin, et Jérémy a dégringolé les escaliers pour trouver son ami qui avec un grand couteau menaçait le chat que Jérémy avait adopté depuis quelques jours, après l'avoir rencontré, perdu, dans la garrigue, et il y avait de l'eau près de l'aquarium et plus de poisson dedans.
Et vous dites : « c'est tout, c'est pour dire ça que tu .... » Ben oui.
Merci si vous avez suivi, et le tout pour http://www.ecritureludique.net/index.html#bouton
9 commentaires:
Hi hi :) Merci pour les photos. (graou le chat)
Bonne journée (attention à la pluie, soupir...)
Un saint homme de chat bien fourré gros et gras! L.F.
J'ose pas lire ton deuxième texte, n'ayant pas fini le mien. Je voulais l'homme, la femme et le poisson, mais bien sûr que je voulais que ce dernier devienne l'assassin...
;-)
Un grand jour de verve et de verbe!
Tes ruines m'enchantent et les corons romains (boutiques, sans doute) et les pavés et ces autres qui ressemblent à celles, sadiennes, de Crestet.
Alors bon appétit et change vite les plantes des esclaves en plaintes, cela complète mieux le décor (sourire)
le Pompéi qui est le mien !
pour moi ce sont bien des plantes, j'aurais du dire de pieds - et j'aurais du garder en réserve le deuxième dont je suis un rien moins mécontente
il y adu souffle ici :)
Eh bien tu as fais là un plein d'écriture ...dans le premier texte je partage avec toi la passion des vieilles pierres, et de leur histoire réelle ou supposée...
Le second me renvoie à des histoires des sentiments que les moins de vingt ans ne peuvent pas "comprendre"!
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