un salut apeuré en le rencontrant, et puis l'idée que je n'étais pas comestible, une matinée dans les petits paquets désordonnés de clients pris entre début d'excitation et plaisir de savourer ce qui n'était pas encore la presse, une application à ne pas trop me charger et ne pas submerger mes visiteuses, un trajet presque logique de boutiques en boutiques et un arrêt devant ma porte, photographiant comme pour conjurer ma fatigue (bras et dos hurlant) l'ensemble fort lourd et encombrant que je devrai hisser avec moi sur mon escalier échelle, et l'arrivée d'une charmante jeune voisine qui s'est chargé du plus gros en évitant de faire preuve de trop d'aisance pour ne pas me vexer. un rangement tri, une cuisine rapide, et une réaction un rien pénible au début tonitruant de mon traitement qui, jointe à ma flemme native, m’a fait fuir dans un sommeil bien lourd et bien abandonné mes grandes résolutions de ménage profond.
M’en suis tenue dans le début de nuit à un lavage du sol et un peu de cire pour le plaisir de l’odeur, à un peu d’épluchage-préparation avec cette petite appréhension de celle qui veut que tout soit simple mais qui n’a fait qu’une dizaine de fois la cuisine pour d’autres qu’elle (et c’est assez spécial dans ce cas) et plus depuis près de deux ans.
M’en suis tenue dans le début de nuit à un lavage du sol et un peu de cire pour le plaisir de l’odeur, à un peu d’épluchage-préparation avec cette petite appréhension de celle qui veut que tout soit simple mais qui n’a fait qu’une dizaine de fois la cuisine pour d’autres qu’elle (et c’est assez spécial dans ce cas) et plus depuis près de deux ans.
et puis terminé un Le Clézio que je n’avais pas lu (comme la plupart) et dans lequel j’ai trouvé ces derniers soirs plaisir, rêve, poésie, enseignements; colère sur ce que nous sommes et avons été (et Gauguin est férocement évoqué, après les recruteurs de main d‘oeuvre) , y trouvant l’émerveillement des premiers visiteurs, mais sans leur avidité, et une justification à mon refus du tourisme (avec le désir de pouvoir y aller en étant acceptée, légitime, et certaine de l’être)
De longs passages, (de Raga) - l’arrivée des îliens à la fin d’un trop long voyage sur la grande pirogue
« Maintenant, la mer est calmée. Loin des récifs, la mer respire librement, elle gonfle son souffle, et la pirogue monte et descend sur les vagues dans un balancement puissant et régulier qui apaise les voyageurs. La joue contre les roseaux du plancher, Marantaré écoute la mer, le glissement de l’eau sur la coque, les bulles qui crépitent, le grincement du balancier, le vent dans la voile, et elle rêve. »
Et après les rencontres, la marche vers les villages dans la montagne avec leurs cultures, et les récits, un peu avant la fin :
« Révolutionnaires, les peuples des îles n’ont pour eux que le pouvoir de l’exemple, leur beauté, leur rêve qui a pris naissance dans la souffrance et l’oubli. Dans l’expérience de la violence, ces peuples ont trouvé le remède de la sagesse, du doute et de l’humour. Leur scepticisme n’est pas feint, il n’a rien à voir avec le cynisme de la modernité. Sur leurs rivages lointains sont venues mourir les vagues de toutes les tempêtes qui ont balayé les continents. Leur innoncence n’est pas une inconscience.
Le « miroir de la mer » dont parlait Joseph Conrad est la conscience des peuples des îles. Dans ses tumultes comme dans le calme de ses lagons, il ne retient pas l’image individuelle. La mer est ce lieu où tout peut apparaître à chaque instant. De l’horizon tout peut venir. De mortelles menaces, de noirs vaisseaux montés par des mercenaires et des missionnaires, conquérants, fanatiques bienfaiteurs qui veulent plier le monde à leur idée, ou spoliateurs sans scrupules venus, comme naguère, s’emparer des terres, des enfants, ou de leurs images.
Mais surgissent aussi tous les bruissements du monde, les rêves, les dieux nouveaux, venus danser sur les plages pour plaire aux gens des îles, les chants nouveaux, le musiques nouvelles. Quelques gadgets qui peuvent rendre la vie plus facile. Parfois des médecines, de recettes, une pommade pour cicatriser les plaies, un cachet pour calmer les maux de ventre. Et surtout, la connaissance, par les livres, les journaux, les cassettes vidéo. L’amour de la liberté, l’espace. »
De longs passages, (de Raga) - l’arrivée des îliens à la fin d’un trop long voyage sur la grande pirogue
« Maintenant, la mer est calmée. Loin des récifs, la mer respire librement, elle gonfle son souffle, et la pirogue monte et descend sur les vagues dans un balancement puissant et régulier qui apaise les voyageurs. La joue contre les roseaux du plancher, Marantaré écoute la mer, le glissement de l’eau sur la coque, les bulles qui crépitent, le grincement du balancier, le vent dans la voile, et elle rêve. »
Et après les rencontres, la marche vers les villages dans la montagne avec leurs cultures, et les récits, un peu avant la fin :
« Révolutionnaires, les peuples des îles n’ont pour eux que le pouvoir de l’exemple, leur beauté, leur rêve qui a pris naissance dans la souffrance et l’oubli. Dans l’expérience de la violence, ces peuples ont trouvé le remède de la sagesse, du doute et de l’humour. Leur scepticisme n’est pas feint, il n’a rien à voir avec le cynisme de la modernité. Sur leurs rivages lointains sont venues mourir les vagues de toutes les tempêtes qui ont balayé les continents. Leur innoncence n’est pas une inconscience.
Le « miroir de la mer » dont parlait Joseph Conrad est la conscience des peuples des îles. Dans ses tumultes comme dans le calme de ses lagons, il ne retient pas l’image individuelle. La mer est ce lieu où tout peut apparaître à chaque instant. De l’horizon tout peut venir. De mortelles menaces, de noirs vaisseaux montés par des mercenaires et des missionnaires, conquérants, fanatiques bienfaiteurs qui veulent plier le monde à leur idée, ou spoliateurs sans scrupules venus, comme naguère, s’emparer des terres, des enfants, ou de leurs images.
Mais surgissent aussi tous les bruissements du monde, les rêves, les dieux nouveaux, venus danser sur les plages pour plaire aux gens des îles, les chants nouveaux, le musiques nouvelles. Quelques gadgets qui peuvent rendre la vie plus facile. Parfois des médecines, de recettes, une pommade pour cicatriser les plaies, un cachet pour calmer les maux de ventre. Et surtout, la connaissance, par les livres, les journaux, les cassettes vidéo. L’amour de la liberté, l’espace. »
6 commentaires:
Te voilà à retrouver des gestes simples pour deux reines; certaines présences nous font retrouver des chemin que nous voulions oublier.
Je vais moi aussi me pencher sur le cas le Clézio; les passages proposés me tentent.
Mon départ étant prévu dimanche matin, afin d'éviter les camions dans les deux cols, je viens te souhaiter de douces fêtes de Noël.
c'est bien cela même si peint tellement couleurs brigetoun inimitables
Touver le juste : pas d'emphase ni de trop simplet .. ces petits cadeaux si nécessaires si superflus , ces repas de fêtes qu'on voudrait sans chichi et pourtant marqué d'une note privilégie pour un partage affectueux....
m'ont fait une grande plage d'éveil cette nuit sans pouvoir tenir un livre trop lourd à mes bras et à mes méninges embrumées.
"L’amour de la liberté, l’espace. »
Le Clézio est un écrivain qui emporte...loin, sur des rivages baignés de lumières et bercés par les alizés
à la rencontre des peuples...
Le problème c'est que peu de français l'ont lu, traduit dans le monde entier mais dans l'hexagone on lui préfère des auteurs tape à l'œil dont les bouquins sont montés en épingle par une poignée de critiques...
baci du samedi :-)
Un petit coucou de Bruxelles
et l'arrivée d'une charmante jeune voisine qui s'est chargé du plus gros en évitant de faire preuve de trop d'aisance pour ne pas me vexer.......des petits détails que j'adore et que tu n'omets jamais !
Bonsoir
Je vous lis souvent ,votre univers est si simplement vrai
Un petit signe d'amitié au fait , viens de rerelire Poisson d'or de Le Clézio avec autant d'émotion
Arlette
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