une photo ratée de samedi, gardée parce qu'elle me plaisait et, qu'heureusement pour moi, je suis capable d'aimer ce que je ne vois pas,ou mal, que je ne comprends pas, que je ne conçois pas.
Un peu plus tard, dans le début de nuit, deux paires d'yeux aux portes de la vieillesse, toujours capables de voir le réel, et le choix de faire un détour dans le chemin vers la gare pour admirer un val, la descente sur la plaine, et un très beau village.
Les phares qui éclairent quelques mètres de route, montant en lents virages dans la nuit, l'apparition vague d'arbustes et je devine le dégradé des verts plus ou moins ternis des feuillus, et quelques rousseurs, cette mosaïque des tons de la Provence en hiver, et parfois, éclairés par un reflet des phares, les squelettes des arbres, et nous parlons de la beauté, qui est autour de nous. Un mur sortant de la pénombre et des volets fermés, et nous passons sous le village et le laissons à sa paix.
Brusquement la certitude que le paysage que nous sentons sans le voir s'ouvre et que nous y descendons. Quelques mots du chauffeur pour dire que c'est beau, sauf les tours industrielles illuminées (et je proteste intérieurement pour elles, mais je sens la même ferveur devant l'ouverture de la plaine).
Et puis une fin dans l'ennui des cultures jusqu'à la petite gare déserte.