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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mai 20, 2008

comme je m'ennuyais en faisant la queue, j'ai sorti mon appareil de ma poche, et comme la photo était là je la dépose ici, et puis j'ai remis les vêtements au fond d'un panier et m'en suis allée
activité, allacrité en accord avec notre moyen petit vent, présence des avignonnais, sauf aux Halles qui, par contre, étaient surtout fréquentées par des touristes, et nous avons posé, avec mon poissonnier, pour une batterie de photographes (enfin , ce n’était pas la montée des marches et ils ne gueulaient pas) Vent qui nous assurait un ciel bleu mais qui, avec l’aide des nouvelles chaussures finalement mal choisies, d’une robe boule se faisant ballon, de deux paniers et du sac contenant les futures nouvelles chaussures qui s‘obstinaient à se mettre en drapeau, s’est emparé de moi au coin de l’opéra, me faisant reculer sous l’œil ironique de gentilles grosses dames. M’a fallu pour arriver à la rue Saint Sébastien un temps et des efforts dignes d’un roman d’aventures.
Je me suis interdit la vente privée de Ventilo, et me suis installée devant le théâtre qui se déroule à l’assemblée, avec les différents niveaux de sincérité, des passages où l’automaticité du langage s’avère navrant, des phrases et indignations attendues, mais de vrais talents, sérieux ou comiques, et sous les mouvements exagérés de réelles tensions, parfois à peine devinées.
Et quand je laissais reposer ma machine, ou qu’ils se reposaient entre deux lois, je terminais, quittant l’écriture de la poésie - et la lucidité que l’on se doit - dans « l’instinct de ciel » de Jean-Michel Maulpoix, pour les histoires d’écrivains ou de livres, ou de lecteurs, prétextes ou objets des nouvelles, ma dernière découverte (toujours en retard suis) Roberto Bolzano avec « appels téléphoniques » , et, au-delà de ma première réaction vaguement ennuyée par l’intérêt des récits mais leur presque banalité, même dans le tragique, une impression de distance, d’absence, je me suis laisée envahir progressivement, lentement, en y entrant, par son monde, une vision un peu à coté et une très légère étrangeté qui éclaire notre réalité. Et les fins qui n’en sont pas, ouvertes, ou retombées, comme après la saga en quelques pages de la vie de Clara « je passe toutes les nuits à me demander où elle pourrait être, me dit-il. Au ton de sa voix, à la tournure que prenait la conversation, je compris qu’il avait besoin de mon amitié, de l’amitié de n’importe qui. Mais moi je n’étais pas en mesure de lui offrir une compensation »

ou l’histoire de B qui « écrit un livre où il se moque, en la travestissant de diverses façons, de certains écrivains," dont A à la gloire naissante puis affirmée, et des interrogations de B, de plus en plus nerveuses, jusqu’à l’angoisse, devant la bonne critique, le soutien de son modèle inavoué mais facilement identifiable, et leur rencontre finale : « Il reprend des forces, essaie de sourire, tend la main. Surtout,pense-t-il, éviter des scènes violentes, surtout éviter le mélodrame. Enfin, dit A, comment vas-tu. Très bien, dit B. »
Puisqu'il ne pleuvait plus dans ma cour et que mon copain le gecko était revenu, j’ai sorti les deux pauvres dernières terres que je n’ose plus toucher, ayant cassé et recollé un bras de chacune, pour les stopper en les laquant, et puis j’ai renoncé de peur d'aggraver ma migraine, mais me suis jointe à ma petite bonne femme pour contempler le petit oranger et lui demander
« tu es un peu fou, toi. Des feuilles jeunes et même des fleurs après trois ans de sommeil ? Est-ce que tu vas continuer ?
- tu attends quoi ? m’a-t-elle demandé
- des petites - restons modestes, de toutes petites - boules rondes d’une belle couleur, d’une douce odeur, que l’on appelle fruits, et, un peu curieusement vu leur taille, oranges. Il en portait quand il est arrivé
- tu crois que ?
- je n’ose pas - il faudrait qu’il soit vraiment fou
Alors elle lui a demandé de s'appliquer à en produire, parce qu'elle voulait les voir, mais il n’a pas répondu, et le sot totem, derrière elle, n’est pas intervenu - donc je l’ai rentrée avant que le soir ne tombe.
Des photos oubliées, sans autre relation que le décalage encore, et une loggia dans le bleu du ciel rencontrée lundi matin, d’où l’on pourrait, je le veux, voir la mer et ses bateaux. Et, paresseusement, ou plutôt pour me pardonner mon détournement d’hier des brides d’ »une histoire de bleu » de Jean-Michel Maul poix (Poésie/Gallimard), relu (ou relue ?) avec l’attention fervente que permet la nuit; plus encore dans la douceur de l’été qui vient.
« C’est un dimanche d’été dans l’antichambre de la mer. Les rideaux tirés baillent un peu. La lumière clignote. Son eau claire coule et tremble sur le bois ciré des meubles et le papier. Une frêle escadre est en partance. Et le tangage calme d’un poème. Un désir s’éveille ou s’endort…. »
Et la mer qui ne se donne pas, dans les chambres choisies parce qu’elles donnent sur elle. « On l’entend crier derrière les volets : elle est la gorge de la nuit, la voix de ce qui ne parle pas, la récitation muette des lointains, la causerie assourdie du silence, une belle alliance de mots posée comme un emplâtre sur le vide de la langue… Elle ne dit rien, n’explique rien, ne donne pas de leçon. Et pourtant il convient d’y prêter l’oreille. Écouter ce bruit vide n’est que vivre et se tenir en soi : habiter sa propre pâleur, avec ce curieux désir de couleurs... »

Et : « le bleu du ciel se passe de nos services
Voilà qu’avec des mots sonores nous prétendons le célébrer, quand en réalité nous rédigeons la mièvre apologie de notre misère…. Et pourtant cela nous occupe : l’infini est plein de périphéries, nul n’en achèvera la chronique. Tout ce bleu, en nous, est une lumière qui brûle, qui attend son jour, qui le chasse à cor et à cri, qui creuse, qui trace, qui détecte, corrompue, sans doute, et vite empiégée, déçue et décevante, mais nous n’en avons pas d’autre, pas de plus intime… »
Ou : « Ce bleu n’appartient à personne.
Il n’est ni le bien des hommes, ni le royaume des dieux. Il circule et se répand, distribuant partout la matière mobile de son propre rêve… »

« Neuf jours sur la mer comme dans une église.
Seul avec les dieux, avec leur absence. La pression de leurs mains invisibles sur mes épaules. Seul à comparaître devant le bleu. Dans le grand dimanche de la mer. Buvant l’espace comme un ivrogne. Des goulées d’angoisse et de croyance. Désireux d’ajouter encore du ciel au ciel et de l’eau salée à la mer. Pleurant, baigné d’abîmes… »

Et la proximité est difficile, mais pendant les moments où je laisse refroidir ma pauvre machine (j’aimerais la garder disponible jusqu’à l’arrivée de la liseuse attendue) j’ai tenté, défit pour moi qui ne sais ce qu’est la versification, et moins encore la consigne même minime d’un anagramme, de répondre au sujet des impromptus littéraires http://impromptus.fr/dotclear : « un nouveau départ », sujet et lettres, et tant est facile pour moi qu’en chemin j’avais oublié l’anagramme, qu’une lettre avait été changée et une omise. Après rectification ce qui m’est resté est justement le refus du départ, mais l’indulgence a joué.
Ulysse était las,
noir de soucis et désespérance, allongé dans l’oliveraie,
naissant à nouveau au souvenir du goût de la terre.
Or la longue nef noire, tirée sur le sable, gardée par ses compagnons assemblés,
unis dans une interrogation résignée, attendait sa décision..
Vertigineusement défait,
éperdu, dans le grand désir du sommeil,
ahuri de la crainte des vagues recommencées,
un sourire conciliant sur ses lèvres et dans ses yeux,
déguisant son non-vouloir sous sa parole d’or,
entre supplication et hauteur, il s’est avancé,
pour chanter le miel de la terre, son labeur, l’odeur des plantes -
« Ahimé, que reste-t-il de nos biens à Ithaque » -
refouler dans le rêve leur appareillage vers leur passé,
tendrement consentir encore à la jouissance hors de l‘épopée.
et c'est un de mes plus beaux flops