Elle a vidé la lessiveuse dans un grand panier et l'a traîné dehors, en écoutant le claquement des drisses et des grandes toiles que l'on hissait, les appels, les ordres.
Elle a étendu les draps, raides encore d'humidité, dans la lumière qui montait de la mer, et elle regardait la Rêveuse tourner sur son ancre, les voiles se gonfler en trouvant le vent, la majesté lente du départ.
Elle est rentrée pour surveiller les devoirs de l'aîné, moucher un nez, calmer d'une petite claque un début de pleurs, guetter, le bébé sur la hanche, devant la porte donnant sur le village, Antonine qui n'arrivait pas. Et quand, enfin, la jeune fille a grimpé la côte, en retard, elle a noté, navrée et un peu agacée, les yeux rouges et les cheveux découragés.
Pour l'année nouvelle, l'enfoncement dans le temps, les "anticipations" d'Arnaud Massetti ont presque triplé leur volume, les ai trouvées en émergeant d'une sieste pour une fois revigorante, avec une tête presque légère et des yeux qui tiraient à peine, et me suis installée avec elles dans de nouvelles normalités, un avenir peut être pas si irréel, juste une dérive assez tranquillement affreuse
" chacun se retrouvait dans son envie de se réfugier à l’abri du temps, dans sa peur aussi : là-bas, on ne risquait rien, on n’éprouvait rien, on ne vieillirait pas. Là-bas, on n’avait rien à oublier. On n’aurait rien à regretter, aucun compte rendre. Quand on se réveillait, c’était alors que le rêve insupportable commençait, il n’avait pas d’importance, rien de ce qui s’y passait n’était essentiel, tout était trop plongé dans les choses et le déroulement insensé de la vie et de la douleur. Là-bas, dans le sommeil, on n’avait pas ce mal de crâne, cette nausée, ce vertige incessant, ce corps qui nous encombrait, cette vie à faire comme une tâche qui recommençait mais ne renouvelait rien..."
http://www.publie.net/tnc/spip.php?article124 (pour les premières pages dont j'ai déjà dû parler, la présentation, le téléchargement)
un second fragment, très arbitrairement choisi
"Le soleil continue sa course vers la mer, dans une lenteur encore redoublée par sa pâleur qui s’accentue. Il semble même s’arrêter, pierre dans le ciel fixée là comme pour toujours — mais ce n’est qu’une illusion. La couleur du ciel est d’un rose efflé, éparpillé en lambeaux oranges et quasi violets des aurores boréales. Puis, peu à peu, la couleur vire au gris-bleu amer fondu avec la nacre des vagues. Tout s’accélère. Quelques cris sortent de la foule. Je me penche à la fenêtre. Et avant qu’il ne touche la mer, le soleil s’éteint."
" chacun se retrouvait dans son envie de se réfugier à l’abri du temps, dans sa peur aussi : là-bas, on ne risquait rien, on n’éprouvait rien, on ne vieillirait pas. Là-bas, on n’avait rien à oublier. On n’aurait rien à regretter, aucun compte rendre. Quand on se réveillait, c’était alors que le rêve insupportable commençait, il n’avait pas d’importance, rien de ce qui s’y passait n’était essentiel, tout était trop plongé dans les choses et le déroulement insensé de la vie et de la douleur. Là-bas, dans le sommeil, on n’avait pas ce mal de crâne, cette nausée, ce vertige incessant, ce corps qui nous encombrait, cette vie à faire comme une tâche qui recommençait mais ne renouvelait rien..."
http://www.publie.net/tnc/spip.php?article124 (pour les premières pages dont j'ai déjà dû parler, la présentation, le téléchargement)
un second fragment, très arbitrairement choisi
"Le soleil continue sa course vers la mer, dans une lenteur encore redoublée par sa pâleur qui s’accentue. Il semble même s’arrêter, pierre dans le ciel fixée là comme pour toujours — mais ce n’est qu’une illusion. La couleur du ciel est d’un rose efflé, éparpillé en lambeaux oranges et quasi violets des aurores boréales. Puis, peu à peu, la couleur vire au gris-bleu amer fondu avec la nacre des vagues. Tout s’accélère. Quelques cris sortent de la foule. Je me penche à la fenêtre. Et avant qu’il ne touche la mer, le soleil s’éteint."
11 commentaires:
"c'est pourquoi j'ai si mal à la tête"
celle qui essaie de continuer à penser!
Avec un peu de retard, je vous souhaite une bonne année 2009. Que la santé, la sérénité, la joie et la créativité soient au rendez-vous tous les jours de cette année.
Un rêve d'évasion, toutes voiles dehors ...
Belle, ta première image avec ce voilier et ce drap encore raide d'humidité.
De bien bonnes choses comme ce "rose efflé" qui mettent, un temps, "à l'abri du temps": il neige sur Paris! Un petit bonheur?
sans doute une coquille le rose, mais je garde
pardonne mon absence de quelques jours. J'accueillais mon fils, le compagnon, qui me squattais mon ordinateur et j'ai terminé par un week end de folie avec une gastro qui m'a tenue deux jours au lit...
Je vois que ton lien à la mer est toujours très présent.
Je t'embrasse en guise de voeux si tu me le permets...
J'adore ta lessiveuge !
aïe ! merci !y a pas que les yeux qui s'en vont comme ils peuvent - là je corrige parce que, prononcé, c'est franchement laid "lessiveuge"
Ah, Arnaud Maïsetti, dans le temps, je lisais son blog ! Tiens, que le monde -- ou la blogosphère, au moins -- est petit. :-)
Efflé existe! ne corrige pas. Quelque chose qui effleure le rose, qui s'approche du rose.
La neige, toujours! Comme l'avait titré (malencontreusement un journaliste): Paris sous la neige, le pays frissonne!
donc j'avais raison d'aimer - bravo pour toi et Arnaud
Encore un billet qui élargit ma sphère.... Car suis allée visiter le blog d'Arnaud Maïsetti, que je ne connaissais pas. Et surtout, aucun regret mais plutôt des remerciements appuyés pour me l'avoir fait découvrir. Grand Merci Brigetoun.
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