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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, février 03, 2009

la petite effervescence de la rentrée des classes était passée quand je suis sortie de chez le teinturier, et je marchais dans les rues humides, d'une humidité grasse qui s'accrochait aux cailloux du sol, d'une humidité persistante qui pénétrait les pierres, les préparant à une longue barbouillure plaintive quand le sec reviendrait et commencerait à les réchauffer, et à chaque coin de rue, après chaque pan de mur, ce qui s'ouvrait devant moi était un désert transi et morne, mollement morne, indifférent, peuplé de voitures, c'est à dire rien, de rares silhouettes courbées et d'arbres noirs.
et en marchant je me disais que je devrais rouvrir "paumée" puisque le fermer, l'absence de la dernière ossature, ne m'avait pas amené un regain d'intérêt pour l'ombre d'une activité (à part l'écoute des retransmissions de concerts nantais, avec une attention variable, parfois totale il est vrai; et cela me rassurait un peu), juste un vide un peu plus vague, des bajoues tombant mollement, et une somnolence paresseuse. (et une propension à me trouver légèrement comique en adolescente malheureuse)
J'ai décidé de renier mon semblant de décision, et je me demandais ce que, diable, je pourrais bien y déposer, sur "paumée", qui me plaise, ou le transforme, ou intéresse. J'ai tenté une supplique à l'intelligence, à la fantaisie, et au dieu de la volonté (toutes les qualités étant féminines je suis contrainte grammaticalement à faire appel à un dieu) lorsque je les ai rencontrés, ou l'ai cru, au détour d'une rue, mais ils m'ont tourné le dos, chétive que je suis.

Alors j'en resterai à mon fond, et tant pis pour son exiguïté.
Attendant qu'il se manifeste, ce fond, ce que, je dois le constater, il n'a pas fait, me suis installée, devant "Shara" de Naomi Kawase, les cadrages merveilleux, mais la caméra toujours un peu flottante, la lenteur extrême et les moments d'énergie déchaînée, une beauté cherchée, montrée, sans que ce soit esthétisme - la retenue extrême, les objets, les plantes, le dédale de la maison et des rues, le découpement à la fois net et variable de l'espace, les panneaux coulissants, les petits bruits, une lumière qui exsude la chaleur, tout étant pétri des sentiments des personnages se débattant avec, ou acceptant, la disparition d'un des jumeaux - et la vie.
Une simplicité totale du scénario - une révérence devant l'humanité, et le monde - Naomi Kawase "fait" son film avec toute la délicatesse tranquillement efficace, la retenue que Reiko, la mère, qu'elle incarne, met à plier le linge, cultiver un jardin merveilleux et porter et mettre au monde un enfant.

6 commentaires:

micheline a dit…

oui tu peux rester à ton "fond" sans trop prier le dieu de la volonté, c'est un vain dieu

"Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel" (Lamartine)

Anonyme a dit…

Il y est le "fond" dans ces images spontanées et dans ce style littéraire si juste à la critique.

Anonyme a dit…

Belle rentrée.
L'air du matin grise et fait tourner la tête.
Après la neige, l'herbe est plus verte.

Anonyme a dit…

Welcome back, then.

:-)

albin, journalier a dit…

Ne changez rien, ni fond ni forme.

Anonyme a dit…

Alors ces deux anges blancs rencontrés seraient des dieux ?