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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, février 05, 2009

un antre de chaleur - des fauteuils qui auraient pu être ceux de mes grands parents, dans l'appartement donnant sur le parc, à Alger, dont je ne connais pas le nom actuel (pour les autres ce serait un mélange d'anciennes copies de qualité, 18ème interprété au 19ème, et d'extrême orient) - un carreau assez charmant pour sa belle qualité, sans rien d'exceptionnel - une gamme de roux - le haut d'un grand tapis plus décor que nid à rêves - et puis le petit kitsch de la statuette de fer blanc, du palmier soigneusement découpé, africanisme gentil - et je revoie des soldats ou sujets de mon enfance, qui justement n’avaient rien d’africain, mais possédaient cette même raideur frêle à la peinture écaillée - et je pourrais encore m’asseoir devant lui (sauf que ce serait dans la rue, et, pire, dans ma rue, où je ne tiens pas à être trop vite cataloguée comme un peu fadate) et à me raconter des histoires.
Mais j'y renonce, car j'ai la tête comme une coucourde. Tellement belle coucourde, jointe à de fort agaçantes courbatures qui ont fait que j'ai mis un temps infini à ne pas me coiffer, ces derniers matins, que j'ai fini par exhumer d'un tiroir un thermomètre et constater que j'avais effectivement quelques raisons à me déclarer dolente, ce qui m'a permis d'être toute aussi paresseuse que d'ordinaire, mais sans l'ombre d'un remords.
Comme cela s'améliorait mercredi après midi, j'ai mélangé l'écoute des débats de la loi de mobilisation pour le logement, et la lecture découverte du "bal du Comte d'Orgel" de Radiguet, y trouvant surtout le plaisir de l'écho de l'écriture du 19ème siècle - cela, pourtant, que je ne sais pourquoi j'ai trouvé ravissant
"Anne d'Orgel répétait la phrase de François, mot à mot, comme s'il eût traduit une langue étrangère et Mme d'Orgel, dans son amour conjugal, paraissait n'entendre que lorsque c'était Anne qui parlait. Celui-ci n'agissait de la sorte que pout conserver le dé de la conversation. Buvait-il, mangeait-il, il agitait sa main libre pour empêcher qu'on s'en emparât, et imposer silence...." Il y a le plaisir de l'imparfait du subjonctif, comme un bonbon, et l'impression que j'ai d'avoir rencontré, sous des visages variés, Anne d'Orgel.
Et puis j'ai demandé au cheikh sous son palmier de me raconter des histoires, mais il m'a toisée avec un mépris un peu rageur. Et puis s'est amadoué, quand je lui ai demandé d'excuser le traitement qu'avait subie son image, lui disant qu'en réalité c'était un hommage, mais l'était trop occupé, malgré toute sa courtoisie revenue, et il m'a renvoyée à "gens des nuages" de Jemia et J.M.G. Le Clézio, ces gens des nuages (le superbe nom) qui gardent leurs traditions en adoptant ce qui peut être utile dans le monde moderne sans sacrifier l'essentiel, ces "nomades se déplaçant pour rejoindre leurs troupeaux de chameaux en roulant à travers le désert à bord de leur Land-Rover sur lesquels sont montés des capteurs solaires qui leur fournissent, à l'étape, la lumière électrique sous leurs tentes". Et pendant que je lisais, les grains de son chapelet glissaient entre ses doigts, et j'ai revu l'énorme rosaire pendu à la ceinture de Mère Marie-François et résisté à la tentation d'allumer la cigarette qui m'en tient lieu.

mon pauvre cher "paumée", pour notre plaisir je sors du passé un peu de bleu.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Un peu de bleu, pour raviver la pointe de la canne, au billard: un geste magique qui, enfant, me portait à l'interrogation.
J'aime ta coucourde, mot que je découvre et emmagasine subito en la citrouille qui me tient lieu de tête. Et ces "gens des nuages" qui infiniment me plaisent et vont, nomades, rejoindre ceux du voyage, en arpenteurs du ciel.
A toi, une aussi bonne journée que possible.

Anonyme a dit…

.....(j'ai mis un temps infini à ne pas me coiffer).....j'adore ton humour discret...qui défrise !

Muse a dit…

Un petit effort pour venir te lire, mais tu es de ces blogs que j'aime.
Toi aussi tu as une passion pour les imparfaits du subjonctifs? Je les savoure quand je les vois dans un texte... et dire que l'on ne les apprends plus au primaire!!! Passe une bonne journée Brig et ménage la coucourde

micheline a dit…

"qui gardent leurs traditions en adoptant ce qui peut être utile dans le monde moderne sans sacrifier l'essentiel"
c'est bien tout le problème!

Anonyme a dit…

Mais tout le monde est malade en ce moment...! Il doit y avoir un virus qui circule.
Moi, c'est l'estomac !

tanette a dit…

Oh comme j'aime ce mot : coucourde (que j'écrivais cougourde)dommage qu'il traduise un certain mal être et une tête fiévreuse...Prends bien soin de toi !