gargouillis d'eau se frayant passage dans mon demi-sommeil. J'ouvre, tardivement, les volets - plaisir des yeux, soudain, bref , instinctif et inexplicable, devant l'ensemble table cailloux mouillés, et puis frisson et retrait devant une telle humidité.
j'entends sur France Culture les mots : "la nostalgie de la douleur" et le nom de Gadda et je n'ai plus que le souvenir de l'avoir lu une fois et demi avec une petite ferveur.

et puis journée blanche - avec lecture assez distraite d'"autobiographie" de William Cliff, plaisir de cette poésie faite à partir du peu qu'est notre vie, y compris dans sa trivialité, tout ce qui construit un être humain, plaisir du rythme des sonnets et de ces phrases qui prennent leur départ au milieu du dernier tercet d'un poème et se continuent pendant deux ou trois des premiers vers du sonnet suivant. Et quelques moments de lyrisme discret

"nous partions en forêt avec nos sacs et notre vie
ouverte sur des horizons indistincts et souvent
le feuillage de arbres les prairies giflées de vent
semblaient sourire aux inventions de notre rêverie

j'ai passé des journées entières regardant au loin
les nuages passer et frôler la tête des arbres
ma tête aussi partait avec ces nuées et la barbe
du temps tombait en poudre ou volait en fumée de foin..."
très loin de l'arbre rencontré ce matin, qui parlait de liberté en se dégageant des toits, et m'a fait signe (pourquoi aujourd'hui ? ne sais) lors de ma petite expédition-courses dans le quartier (et je le soupçonne d'avoir en réalité apprécié son enclos)

Et en fin d'après-midi, comme je m'extirpais un peu du coton où j'étais tombée, j'ai vu que le ciel se déchirait, un peu - puis que le bleu gagnait.