"Il reste bien, pris dans les maillage métropolitain, quelques fragments de ville et quelques résidus de campagne. Mais le vivace, lui, a pris ses quartiers dans les lieux de relégation. Le paradoxe veut que les endroits les plus apparemment inhabitables soient les seuls à être encore habités en quelque façon. Une vieille baraque squattée aura toujours l'air plus peuplée que ces appartements de standing où l'on ne peut que poser ses meubles et perfectionner la déco en attendant le prochain déménagement. Les bidonvilles sont dans bien des mégapoles les derniers lieux vivants, vivables, et sans surprise, aussi, les lieux les plus mortels. Ils sont l'envers du décor électronique de la métropole mondiale. Les cités-dortoirs de la banlieue Nord de Paris, délaissées par une petite bourgeoisie partie à la chasse aux pavillons, rendues à la vie par le chômage de masse, rayonnent plus intensément désormais que le Quartier latin. Par le verbe autant que par le feu.
L'incendie de novembre 2005 ne naît pas de l'extrême dépossession, comme on l'a tant glosé, mais au contraire de la pleine possession d'un territoire. On peut brûler des voitures parce qu'on s'emmerde, mais pour propager l'émeute un mois durant et maintenir durablement la police en échec, il faut savoir s'organiser, il faut disposer de complicités; connaître le terrain à la perfection, partager un langage et un ennemi commun..." "l"insurrection qui vient" p41-42.
Je ne pourrais m'en prétendre l'auteur que si je me croyais capable d'en être un, et de ne pas avoir maintenant conscience que je ne peux plus avoir sur ces quartiers que le regard d'une passante bienveillante, à laquelle on n'autorise qu'un parcours de surface.
Repris "l'insurrection" dans la nuit tombée, des désaccords, des acquiescements, des constats de l'âge et des désillusions que la vie a laissés sur moi en s'écoulant, et puis cela, au début
"I AM WHAT I AM", donc, non un simple mensonge, une simple campagne de publicité, mais une campagne militaire, un cri de guerre dirigé contre tout ce qu'il y a entre les êtres, contre tout ce qui circule indistinctement, tout ce qui les lie invisiblement, tout ce qui fait obstacle à la parfaite désolation, contre tout ce qui fait que nous existons et que le monde n'a pas partout l'aspect d'une autoroute, d'un parc d'attraction ou d'une ville nouvelle : ennui pur, sans passion et bien ordonné, espace vide, glacé, où ne transitent plus que des corps immatriculés, des molécules automobiles et des marchandises idéales....
On veut faire de nous des Moi bien délimités, bien séparés, classables et recensables par qualités, bref : contrôlables, quand nous sommes créatures parmi les créatures, singularités parmi nos semblables, chair vivante tissant la chair du monde"
et comme j'ai vieilli, je m'en vais défiler.
7 commentaires:
Bonne manif, brige. Tu entends de l'anti-américanisme, tu leur files une entre les yeux avec ta sarbacane de ma part, merci.
Bonne manif. Et coucou. Oui, il y a eu un vide. Le cinquième anniversaire de la mort de mon fils, je ne sais pas pourquoi, m'a plongée dans une vraie déprime. J'écrivais et illustrais mon blog, pas très régulièrement et surtout pour que ma fille au Gabon ait des nouvelles de notre Berry, je lisais les blogs amis sans courage pour commenter sauf parfois, la rage aidant, sur le blog d'Olivier Bonnet. Si je suis revenue c'est bon signe, non ? J'apprécie toujours tes mots et tes images, si riches et significatifs... Bises ma Belle
oui c'est une magnifique présentation chère Brigitte qui montre la paradoxe de la vie. Cela devrait être une belle expérience de grimper cette tour.
bien sûr, les mots ne suffisent pas
merci de défiler pour moi
Tiens, hier je me suis défilé!
Un défilé n'est pas une manif.
Bon 1er mai, Brige, en serrant les coudes, l'union faisant la force.
Étant enfant, j'ai joué sur et dans cette petite tour (sans doute un reste d'une demeure plus ancienne).
À l'époque, ce lieu, avant d'être cinéma Utopia, puis restaurant Tapalocas, était la menuiserie Hermitte, dont le fils était un collègue de classe et de scouts. J'y étais émerveillé par les odeurs de bois et les tas de copeaux...
tu me fais rêver - voilà pourquoi cette tour me séduit, je ne comprenais pas, mon inconscient avait deviné (sourire)
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