J'ai commandé trois ou quatre textes de Publie.net hier dont, parce qu'une vague impression d'importance m'est venue, "la voix de la mer" de Jacques Ancet. http://www.publie.net/tnc/spip.php?article16
Et, ouvrant le fichier, j'ai vu qu'en fait je l'avais déjà acheté, lu, aimé à souffle retenu, enregistré sur un disque dur avant la mise en place de ma bibliothèque privée par l'éditeur. J'ai constaté mon erreur, mais emportée par le texte, j'ai continué pendant une quarantaine de pages ma lecture, avec, par exemple, le début d'"un bruit de source"
" Parler de sa vie aujourd'hui est, pour lui, un acte étrange et difficile. Dès qu'il essaie de fixer sur elle son regard mental, il la voit s'éloigner, s'éparpiller en un désordre d'images qui toutes viennent se dissoudre dans l'unique certitude qu'il peut en avoir, celle de son corps ici et maintenant : ce froid aux extrémités des doigts tandis qu'il écrit, la table, la lumière de la lampe et, dehors, un jour gris comme une photo en noir et blanc, un peu ternie... Tout le reste n'est qu'une histoire qui ne le concerne plus. Alors, parler du sens de sa vie ne peut être que plus difficile encore. Car il n'en voit aucun, lumineux et lointain, vers lequel s'en iraient ses jours comme le fleuve vers la mer. Á moins, bien sûr – et cette très vieille image du fleuve coulant vers la mer l'y conduit – de voir dans le non sens même – la mort –, le vecteur et le point de fuite de toute existence. "
et de la tombée à la profondeur de la nuit de mardi, plongée dans "les onze" de Pierre Michon, ce que j'avais lu sur ce livre, et qui me faisait craindre une déception, effacé par les mots, leur saveur, le rythme des phrases, leur précision et leur mouvement, leur emportement allègre, la façon dont elles s'imposaient à moi - et tout serait à citer (me restent trente pages ou à peu près pour cette nuit), alors cela, au début avec Corentin en aide de Tiepolo, portraituré en page sur un plafond
"Vous imaginez cela, Monsieur ? Le prince-évèque en bas sur sa canne folâtrant, argumentant, rimant, colérant, doutant, jetant un coup d'oeil à son image peinte se rassurant, le petit Français qui sera lui-même un jour de la carrure de Frédéric Barberousse, qui ne l'est pas encore, qui pour l'instant fait des niches au prince, tous les petits assistants avec leurs pots de rose, de bleu, leurs grimpettes aux échelles, parmi eux Domenico Tiepolo qui a vingt ans, qui apprend la magie, qui aura de la fortune et du mérite dans la magie, le petit Lorenzo Tiepolo son frère qui a quatorze ans, qui apprend la magie, qui jamais n'en pourra assimiler les détours ni la voie droite, qui aura de la fortune dans les bateaux, enfin peut-être le grand manteau mozartien jeté en bas sur une statue de Neumann et qui la coiffe comme d'une cagoule bleu nuit - et Tiepolo là-haut ne jugeant pas un instant de tout cela comme nous avons pris coutume d'en juger, ne tranchant pas des inadéquations des hommes avec leurs rôles, de la fortune et du mérite, du hasard et de la vérité, que sais-je encore, mais peignant..." parce que j'aime en recopiant retrouver mon goût pour les Tiepolo, et au delà des grands plafonds glorieux et blonds, des toiles, cet oiseau qui s'échappe d'un plafond d'une petite salle de je ne sais plus quel palais vénitien, et que le fils a posé juste contre le haut du mur, au delà des moulures.
Alors il y a la blondeur de la mère, les limousins dans la boue, les onze, ces limousins poètes manqués et hommes redoutables (le Comité de Salut Public) etc..
Pour avoir une idée, si vous n'en avez pas encore trop entendu parler, entre autres :
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/05/pierre-michon-les-onze.html
http://www.fabula.org/actualites/article30833.php (avec des liens)
et puis, cherchez, mais comme je vous veux du bien, je vous conseille de l'acheter ou l'emprunter, mais pas de le voler sauf si vous êtes très adroits.
"Vous imaginez cela, Monsieur ? Le prince-évèque en bas sur sa canne folâtrant, argumentant, rimant, colérant, doutant, jetant un coup d'oeil à son image peinte se rassurant, le petit Français qui sera lui-même un jour de la carrure de Frédéric Barberousse, qui ne l'est pas encore, qui pour l'instant fait des niches au prince, tous les petits assistants avec leurs pots de rose, de bleu, leurs grimpettes aux échelles, parmi eux Domenico Tiepolo qui a vingt ans, qui apprend la magie, qui aura de la fortune et du mérite dans la magie, le petit Lorenzo Tiepolo son frère qui a quatorze ans, qui apprend la magie, qui jamais n'en pourra assimiler les détours ni la voie droite, qui aura de la fortune dans les bateaux, enfin peut-être le grand manteau mozartien jeté en bas sur une statue de Neumann et qui la coiffe comme d'une cagoule bleu nuit - et Tiepolo là-haut ne jugeant pas un instant de tout cela comme nous avons pris coutume d'en juger, ne tranchant pas des inadéquations des hommes avec leurs rôles, de la fortune et du mérite, du hasard et de la vérité, que sais-je encore, mais peignant..." parce que j'aime en recopiant retrouver mon goût pour les Tiepolo, et au delà des grands plafonds glorieux et blonds, des toiles, cet oiseau qui s'échappe d'un plafond d'une petite salle de je ne sais plus quel palais vénitien, et que le fils a posé juste contre le haut du mur, au delà des moulures.
Alors il y a la blondeur de la mère, les limousins dans la boue, les onze, ces limousins poètes manqués et hommes redoutables (le Comité de Salut Public) etc..
Pour avoir une idée, si vous n'en avez pas encore trop entendu parler, entre autres :
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/05/pierre-michon-les-onze.html
http://www.fabula.org/actualites/article30833.php (avec des liens)
et puis, cherchez, mais comme je vous veux du bien, je vous conseille de l'acheter ou l'emprunter, mais pas de le voler sauf si vous êtes très adroits.
et puis, dans mon petit tour sur le web, mercredi matin
"Cette lumière est celle de l’esprit, froide et planétaire,
"Cette lumière est celle de l’esprit, froide et planétaire,
Et bleue. Les arbres de l’esprit sont noirs.
L’herbe murmure son humilité, dépose son fardeau de peine
Sur mes pieds comme si j’étais Dieu.
Une brume capiteuse s’est installée en ce lieu
Qu’une rangée de pierres tombales sépare de ma maison.
Je ne vois pas du tout où cela peut mener".
début de "la lune et les cyprès" de Sylvia Plath, traduction Valérie Rouzeau chez Gallimard sur Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/2009/06/anthologie-permanente-sylvia-plath.html
début de "la lune et les cyprès" de Sylvia Plath, traduction Valérie Rouzeau chez Gallimard sur Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/2009/06/anthologie-permanente-sylvia-plath.html
bravo pour votre courage si vous arrivez ici, et pour vous aider à respirer, n'ayant rien qui corresponde nettement aux textes, j'ai posé deux vues de mon ciel mercredi matin, et des terrasses de café où l'on pourrait parler de ce qu'on a lu, ou d'autre chose, ou lire simplement.
http://www.berlol.net/jlr2/?p=1602 qui part de ce que j'aurais voulu citer sur la richesse produite par le canal et sur les limousins
7 commentaires:
Sylvia Plath, c'est une de mes favorites, mais surtout en v.o. !
De belles lectures, comme d'habitude, brige !
Très belle présentation comme toujours Brigitte.J'adore le café. Il n'y a pas beaucoup de temps dans ma ville canadienne pour passer le temps au café à cause du temps des saisons mais je l'adore. je pouvais passer les heures lè,c'est dans mon sang, je suis italienne.
Sylvia Plath, c'est un esprit trop sensible pour notre terre.
Tant de mots pour la dire et puis la suggérer ,- c'est à désespérer de se sentir poète à ses heures,- la divine magie de certaine littérature .
Oui j'ai lu jusqu'au bout...
pas les liens pourtant!!mais comment fais-tu? quand dors-tu?
Terrasses accueillantes où l'on aimerait pouvoir te rencontrer et papoter un peu.
Un détail comme éructerait l'autre...
A la terrasse de Lou Mistrou (ex ? Hôtel de l'Horloge privé de cadran et d'aiguilles), un monsieur à montre très voyante (main gauche) s'était planqué derrière cartes et menus. Il avait repéré votre appareil photo et cherchait désespérément à lui échapper. Las, l'oeil de votre objectif fut implacable. Et ce pauvre en resta comme hypnotisé. Se rongeant cruellement les ongles. Alors que lire, écrire, respirer, se laisser inspirer à cette terrasse...
Je vais avec lenteur, posant mes pas dans les tiens et rien que le nom de Tiepolo pour rêver me suffirait amplement pour me perdre en ses vedute.
Comme je suis arrivé courageux entre les deux photos, je m'en vais respirer.
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