commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juin 25, 2009

"Le visage pâle et ridé de la vielle femme était en harmonie avec l'obscurité de la rue et la rouille de la maison. A la voir au repos, sur sa chaise, on eût dit qu'elle tenait à cette maison comme un colimaçon tient à sa coquille brune ; sa figure, où je ne sais quelle vague expression de malice perçait à travers une bonhomie affectée, était couronnée par un bonnet de tulle rond et plat qui cachait assez mal des cheveux blancs ; ses grands yeux gris étaient aussi calmes que la rue, et les rides nombreuses de son visage pouvaient se comparer aux crevasses des murs...." - Balzac "une double famille" un des "petits Balzacs" que j'aime, relu avec "une étude de femme" dans la nuit de mardi.
rétablissement poussif. Je me demande quelle figure de femme pourrait s'apparenter à cette falaise durement claire, sans doute une jeune fille, mais je veux lui éviter la vengeance d'Électre, le tragique choix d'Antigone; l'exaltation de Jeanne, la soumission rusée d'Ismène, l'ombre est douceur, miel profond, murmure. Ce serait une grande et ferme, drue campagnarde, les pieds plantés dans le sol, pour jaillir. Plutôt jeune mère que jeune fille, prenant appui sur l'humus, pour un épanouissement, jaillissement, surgissement dans la lumière.
Et là ce pourrait être le doux crâne penché d'un vieillard, calmement reposant dans sa sagesse, que femme et filles iraient embrassant.
Et là ce serait, un doux visage, quiet, ferme et usé, de vieille femme, dans son coin, paupières closes, pour un temps, sur son histoire, écoutant, attentive à son monde, avec en vérité un regard filtrant, derrière la fermeture apparente, se reposant, prête, secrètement joyeuse. Et il faudrait l’aimer pour savoir son sourire.
Je vous prie de m’excuser, car le soleil a emporté ma raison, et j'ai brulé mes yeux sur des images.

10 commentaires:

joye a dit…

Très jolis mots, brige, brûle tes yeux autant que tu veux, le résultat est éblouissant ! Of course!

micheline a dit…

je ne sais vraiment pas où me situer parmi ces délires de faces possibles.
et si c'était encore autre chose??

JEA a dit…

A vous lire, Brel revient en mémoire :
- "Les fenêtres souvent
Se ferment en riant
Se ferment en criant
Quand on y va chanter
Ah, je n'ose pas penser
Qu'elles servent à voiler
Plus qu'à laisser entrer
La lumière de l'été."

Nathalie H.D. a dit…

Brigetoun, tes mots pour ces façades aux formes humaines sont d'une beauté magnifique : subtils, doux, rudes, francs ou tendres selon les visages qui les habitent.

Je n'aurais jamais vu les choses comme ça et pourtant j'entre avec toi dans ta vision des murs, c'est magique.

Brigetoun a dit…

grâces te soient rendues

pierre a dit…

Les murs parlent
à défaut
t'inspirent
et dans la pierre brute
Michel-Ange déjà éprouvait le geste et le mouvement.

Muse a dit…

et l'histoire de nos murs n'ont encore pas livré tous leurs secrets. Je me plais à photographier ces têtes qui ornent les maisons bourgeoises et à essayer d'imaginer qui pouvaient y vivre...

Sylvaine Vaucher a dit…

Ce visage lisse et lardé de mémoire, un écueil sous le soleil qui se cueillerait devant un cercueil !

Gérard a dit…

sans doute de là l'expression , se faire refaire la façade ?

Fardoise a dit…

Il serait doux en effet de trouver un tel visage derrière ces fenêtres, qui sait ? Comme Nathalie j'aime tes mots, j'ai du mal le plus souvent à leur imposer les miens, mille excuses.