on démontait le très lourd décor d'(A)polonnia, je pense, quand je suis passée devant le palais, forçant mes jambes, qui avaient opté pour l'abstention, à couvrir la petite distance entre mon antre et l'espace Jeanne Laurent, sous le rocher, contre le petit palais, dans une bouffée de presque nature
un endroit propre, bien éclairé et calme, avec une petite exposition retraçant la vie de Koltès, en liaison avec ses oeuvres;
et, sur la petite terrasse, se détachant sur le fort Saint André, un sage vêtu d'une serviette faisait une revue de presse du festival.
dans une salle fraîche, quelques auditeurs tranquillement attentifs pour Frédéric Boyer, (intervention titrée "la passation intime") - simplicité, quasi ludique, intérêt. D'après Benjamin, les textes sont morts et vivent, s'amplifient, par leur réception. inventer tous les jours notre tradition - en lisant Augustin aujourd'hui j'invente Augustin.
Retrouver en soi la matrice, le trésor des formes et le réactiver. Pour Augustin, la mémoire n'est pas un lieu dépositaire de choses que l'on peut appeler à soi, il faut les recréer chaque fois et ce qui en revient est vivant, un vivant qui nous dépasse.
Réfléchir à ce qu'est la tradition, pour éviter les crispations ou, au contraire, l'abandon, c'est primordial aujourd'hui.
Conflit indispensable et inévitable. Traduire pour éprouver la réception sociale et intime d'un texte de nos jour. Bousculer la tradition pour s'inscrire dans la tradition vivante.
Traduction, transmission - la question de la langue - essayer de ne pas être trop tributaire du poids des mémoires de toutes les lectures qui ont été faites d'un texte à travers le temps, et Augustin lui-même, en écrivant, portait la mémoire de toute la grande littérature latine, travaillait avec. Deux systèmes linguistiques et syntaxiques différents, donc réécrire et non simplement traduire. On invente le texte à chaque époque. Augmenter ce qui est en germe dans le texte, l'enrichir par des échos. Débat qui eut lieu entre Augustin et Jérôme, lequel entendait retraduire sans tenir compte des interprétations "sacralisées" (est il ironique que son texte soit devenu la vulgate, fasse autorité ?)....
pardon pour ces notes.
Retrouver en soi la matrice, le trésor des formes et le réactiver. Pour Augustin, la mémoire n'est pas un lieu dépositaire de choses que l'on peut appeler à soi, il faut les recréer chaque fois et ce qui en revient est vivant, un vivant qui nous dépasse.
Réfléchir à ce qu'est la tradition, pour éviter les crispations ou, au contraire, l'abandon, c'est primordial aujourd'hui.
Conflit indispensable et inévitable. Traduire pour éprouver la réception sociale et intime d'un texte de nos jour. Bousculer la tradition pour s'inscrire dans la tradition vivante.
Traduction, transmission - la question de la langue - essayer de ne pas être trop tributaire du poids des mémoires de toutes les lectures qui ont été faites d'un texte à travers le temps, et Augustin lui-même, en écrivant, portait la mémoire de toute la grande littérature latine, travaillait avec. Deux systèmes linguistiques et syntaxiques différents, donc réécrire et non simplement traduire. On invente le texte à chaque époque. Augmenter ce qui est en germe dans le texte, l'enrichir par des échos. Débat qui eut lieu entre Augustin et Jérôme, lequel entendait retraduire sans tenir compte des interprétations "sacralisées" (est il ironique que son texte soit devenu la vulgate, fasse autorité ?)....
pardon pour ces notes.
J'ai laissé tomber le débat et suis redescendue vers le Rhône.
départ en fin d'après-midi, plutôt en attente, vers le gymnase du lycée Aubanel pour "les cauchemars du gecko" de Raharimanana.
Texte qui a répondu à une commande de Thierry Bédard, le metteur en scène, d'un "état du monde vu de Madagascar, un regard du monde pauvre du Sud sur le monde riche du Nord. (n'en a gardé qu'une partie pour tenir en 1 heure 45).
Une grande tenture à carreaux multicolores en fond de scène (qui sera arrachée au cours du spectacle pour découvrir un grillage planisphère). Une très longue attente dans la pénombre - on devine un petit podium où s'installe Rija Randrianivosoa avec ses instruments.
Une jeune femme drue vient au premier plan. "Je guette sur les murs les mouvements du gecko dont nous sommes les yeux rouges". Vient d'un pays où on apprend à courir, prévoir. "L'immobilité est contraire à la nature même, contraire à l'homme, contraire au temps...... le gecko bondit et attrape".
Des silhouettes plus ou moins distinctes, musique, chants; profération du texte.
Plus direct, plus discours que chez Niangouna (puisqu'il y aurait eu encouragement ou conseils, selon ce que j'ai lu quelque part, de lui à son cadet congolais) - cruellement ironique. Pas un cri devant la cruauté humaine mais un tract. L'occident dénudé.
Un trentenaire blanc, démocrate affiché, plein d'assurance, vient dire la démocratie sociale et la sujétion des humains.
Succession de fragments comme des coups niant la démonstration linéaire (et démontrent par là même). Un montage très musical.
La vision de l'Occident sur l'Afrique, le Sud (absurdité de ces termes en eux mêmes), mais pour en rester à ce regard du Nord, il manque la civilisation pourtant réelle du Sud). Raharimanana dit sur le feuillet qui nous est remis :"La revendication de la dignité de chaque être humain est un combat très actuel. En fait, il m'importe peu de "taper" sur l'Occident (il le fait avec une belle efficacité) car je préfère écouter ceux d'ailleurs, comprendre comment ils vivent. Très simplement, j'ai envie de connaître la vision du monde d'un enfant qui, dans son désert, regarde le ciel et si cette pensée est aussi puissante que celle d'un enfant de l'Occident planté devant sa télévision ou son écran d'ordinateur (hum, pas tous)" et cette vision n'apparaît pas dans le spectacle qui, à mes yeux, en reste au tract, efficace mais tract tout de même, en réaction pure au regard, aux actes, aux directives du Nord.
A la fin un immense gecko gonflé, blanc, se balance face à la jeune femme blanche (du groupe) qui danse.
Une grande tenture à carreaux multicolores en fond de scène (qui sera arrachée au cours du spectacle pour découvrir un grillage planisphère). Une très longue attente dans la pénombre - on devine un petit podium où s'installe Rija Randrianivosoa avec ses instruments.
Une jeune femme drue vient au premier plan. "Je guette sur les murs les mouvements du gecko dont nous sommes les yeux rouges". Vient d'un pays où on apprend à courir, prévoir. "L'immobilité est contraire à la nature même, contraire à l'homme, contraire au temps...... le gecko bondit et attrape".
Des silhouettes plus ou moins distinctes, musique, chants; profération du texte.
Plus direct, plus discours que chez Niangouna (puisqu'il y aurait eu encouragement ou conseils, selon ce que j'ai lu quelque part, de lui à son cadet congolais) - cruellement ironique. Pas un cri devant la cruauté humaine mais un tract. L'occident dénudé.
Un trentenaire blanc, démocrate affiché, plein d'assurance, vient dire la démocratie sociale et la sujétion des humains.
Succession de fragments comme des coups niant la démonstration linéaire (et démontrent par là même). Un montage très musical.
La vision de l'Occident sur l'Afrique, le Sud (absurdité de ces termes en eux mêmes), mais pour en rester à ce regard du Nord, il manque la civilisation pourtant réelle du Sud). Raharimanana dit sur le feuillet qui nous est remis :"La revendication de la dignité de chaque être humain est un combat très actuel. En fait, il m'importe peu de "taper" sur l'Occident (il le fait avec une belle efficacité) car je préfère écouter ceux d'ailleurs, comprendre comment ils vivent. Très simplement, j'ai envie de connaître la vision du monde d'un enfant qui, dans son désert, regarde le ciel et si cette pensée est aussi puissante que celle d'un enfant de l'Occident planté devant sa télévision ou son écran d'ordinateur (hum, pas tous)" et cette vision n'apparaît pas dans le spectacle qui, à mes yeux, en reste au tract, efficace mais tract tout de même, en réaction pure au regard, aux actes, aux directives du Nord.
A la fin un immense gecko gonflé, blanc, se balance face à la jeune femme blanche (du groupe) qui danse.
retour en début de soirée, hésitation, et puis, moulue, je décide de rester tranquille.
et pars à la recherche de l'entretien "portrait de l'écrivain en gecko" que j'ai lu il y a une dizaine de jours sur remue.net http://remue.net/spip.php?article3324 que je relis, sans modifier mes notes, et suis le lien vers les fragments des "cauchemars du gecko" où je retrouve les moments où cette langue me séduit , qui se sont un peu effacés au fil de la représentation, http://remue.net/spip.php?article3325
"Gecko gecko, là gecko là où l’on coagule les glauques des rêves, smog noir des temps noirs où choir est conte claudiquant, l’écho gai de tes cris grêles. Hé ! Ké ! Juste pour frayer phobie aux touristes qui nous visitent en ce notre monde tiers, margouillat et tarentoulia, arachnéa, nous en cas perdus de simples bêtes, hors monde, out of humanité, in scoumounas, amen…Je dis : Qu’Occident m’occide et que je me sauvasse une bonne fois pour foutre..."
"Gecko gecko, là gecko là où l’on coagule les glauques des rêves, smog noir des temps noirs où choir est conte claudiquant, l’écho gai de tes cris grêles. Hé ! Ké ! Juste pour frayer phobie aux touristes qui nous visitent en ce notre monde tiers, margouillat et tarentoulia, arachnéa, nous en cas perdus de simples bêtes, hors monde, out of humanité, in scoumounas, amen…Je dis : Qu’Occident m’occide et que je me sauvasse une bonne fois pour foutre..."
la violence, la belle insolence (les tours), qui, en passant, avec talent d'ailleurs, par le slam ou le rap, se banalise.
9 commentaires:
Superbe dernière photo. La confrontation entre un mur de verdure très verte ainsi que très dure, et les pierres de lumière. Entre eux d'eux, côté fenêtres, des visages du passé tels que les chantait Trenet.
J'admire, réellement j'admire, le talent mis dans ce descriptif, visuel bien entendu, mais surtout écrit, de ce que tu vis chaque jour. C'est un plaisir sans cesse renouvelé, avec toi, belle princesse.
Merci de ce très beau (et sans doute fastidieux) travail, et merci de continuer à nous enchanter.
La lecture est une ré-invention du texte. Chacune d'elles donne vie à l'oeuvre comme le regard anime la sculpture ou la toile. Relire est faire acte créateur.
Merci pour tes chroniques journalières (off!) du festival: un véritable journal d'une festivalière qui campe sur place.
J'aime tes photos d'ambiance qui donnent l'impression de voir les choses avec nos propres yeux, en passant.
un grand merci à vous de l'idiote qui note pour elle, et absurdement se sent un peu marrie quand elle a l'impression d'ennuyer par trop
"Idiote"pourquoi ce mot qui revient sous formes multiples?
un journal pour soi où le pouvoir des mots n'est pas celui du vrai spectacle directement transmissible?ainsi en est-il sans doute de tous nos témoignages..retraduits récréés ..à l'usage de chacun s'il est disponible avec les outils qu'il a. Un petit tilt c'est déjà ça
L'ennui, le vrai, c'est que nullement idiote, elle ennuie encore moins...
pas étonnant que tu sois moulue, avec quelle intensité tu ingurgites les spectacles
Ce journal, tu l'écris sans doute pour toi, mais nous nous l'approprions, parce que tes mots sont chantants, sont intelligents, vifs, précis... Et qu'avec tes images, on a vraiment l'impression d'y être, et que c'est simplement formidable !
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