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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 12, 2009

un 11 juillet quasi vide au festival d'Avignon - d'où le verbiage ? Brigetoun hésitant entre l'envie de se rallonger, des films libanais à Utopia et un spectacle de danse.
Brigetoun partant finalement vers le théâtre Gilgamesh pour assister à l'"Apologie de Socrate", d'un auteur célèbre nommé Platon (finalement avec de fortes coupes, il ne pouvait s'en défendre, mais le déroulement du texte et de la pensée était respecté) monté par une troupe crétoise le Theatro Ena, sous-titrée en caractères aisément lisibles, avec un léger décalage dans le temps.
Sept spectateurs (j'ai l'impression qu'il y a moins de monde dans les rues, et seule une partie assiste à des spectacles, et seule une partie de cette partie à un des spectacles off, de plus en plus nombreux, et seule une partie de cette partie à une lecture ou interprétation d'un texte classique par des inconnus à.
Une musique planante vaguement, qui ne gêne pas, et dans la crasse noire des murs du théâtre qui n'oublie pas qu'il est un garage, un rond de sable et un corps solide de dos, en violine ou brun, cheveux blanc-gris, un gobelet et un pichet de terre.
Le début en voix off et puis il se lève et reprend en marchant ou, le plus souvent, campé face à nous, visage ouvert et souriant, sage, s'asseyant parfois et discourant comme des amis le feraient dans la nuit d'une plage.
La saveur sonore du grec que je ne comprends pas (colère réactivée depuis mon enfance, je voulais) et l'habileté honnête, l'ironie, la fermeté de Socrate,
"Voilà donc que notre homme propose contre moi la mort.Et moi, quelle peine vous proposerais-je en retour ? Qu'est ce que je mérite comme peine ou comme amende parce que, au lieu de mener une vie tranquille, négligeant ce dont se préoccupe le grand nombre, le gain, les intérêts domestiques, les commandements militaires, les harangues au peuple et tout le reste de la vie politique, magistratures, conjurations, factions, je me suis trouvé trop honnête en vérité pour ne pas risquer ma vie dans ces engagements là ? parce que je n'ai pas abordé des activités où je risquais d'être inutile à vous comme à moi, mais que j'ai rendu ce que je prétends être le service le plus grand à chacun en particulier, tâchant de vous persuader l'un après l'autre de ne vous soucier ni d'aucune de vos affaires propres avant de vous être souciés de devenir vous-mêmes aussi bons et avisés que possible, ni des affaires de la cité avant de vous être souciés de la cité elle-même... Il n'y a rien, Athéniens, qui convienne autant à un pareil homme que d'être nourri au Prytanée.." (je ne me souviens pas où, dans ce passage que j'aime tant, se situaient les coupures.

quelques rencontres sur le chemin du retour.
avec petit (pour ici) vent et ciel presque uni.
J'avais projeté d'aller dans le jardin de la maison de Vilar écouter Philippe Avron mais suis restée, somnolente et de plus en plus éveillé, pieds nu au frais sur mon carrelage, pour écouter la retransmission en direct sur France Culture d'une émission enregistrée au conservatoire à propos de Koltès par Matthieu Garrigou-Lagrange avec Lucien Attoun (diffusion d'un passage d'entretien), Brigitte Salino, Moïse Toré et la réception de ce théâtre en Afrique où le public rie comme nous le devrions disent-ils, et Yves Ferry.
Et me suis demandée, me souvenant fugitivement de "seul, comme on ne peut pas le dire" d'Arnaud Maïsetti, lecture de "la nuit avant les forêts", http://www.publie.net/tnc/spip.php?article65 s'il l'avait écouté.
Mais on a parlé surtout de la vie, des lettres, du 'combat de nègre et de chiens" et de "la solitude des champs de coton" et de Chéreau
"Je n'ai rien dit ; je n'ai rien dit. Et vous, ne m'avez-vous rien, dans la nuit, dans l'obscurité si profonde qu'elle demande trop de temps pour qu'on s'y habitue, proposé, que je n'ai pas deviné ?
LE DEALER : Rien
".
J'ai éteint la radio, coupé France Culture qui continuait en bruit de fond pendant que je vaquais et suis partie le retrouver dans le jardin de Calvet, endroit merveilleux pour laisser le soir s'installer.
Jean-François Sivadier et Nicolas Bouchaud lisaient (en fait, grâce à leur préparation, leur talent, leur entente, on avait l'impression qu'ils improvisaient un dialogue devant nous) des passages de '"parallèles et paradoxes", trace d'une rencontre entre Daniel Barenboïm et Edward Saïd organisée en 2000 par Ara Guzellmian.
des brides
B. "être en paix avec l'idée de fluidité"
S. "l'identité est un ensemble de courants, de flux"

Il faut s'affirmer, mais avoir le courage de se remettre en question, pour dans un troisième temps trouver son chemin, en musique et dans la vie. La quête de Beethoven est parente de celle d'Ulysse.
Aujourd'hui les musiciens perdent l'éthique de la musique (jouer la note après l'avoir sentie) par professionnalisme. Le monde se spécialise et les gens ne peuvent plus se parler.
Les soi-disant traditions (en fait les spécificités culturelles au sens étroit) alors que pour un musicien américain Beethoven et Debussy lui sont également proches (me semble qu'il n'y a pas que pour eux, même sans aller chercher les musiciens asiatiques)
Les rapports de la musique et du temps différents de ceux de la littérature, et son défi au silence qui l'annule, en lui succédant.
etc... passablement passionnant comme échange pour certaines portes qu'ils ouvraient
Et puis, pendant que la lumière baissait, ils ont abordé l'expérience de Weimar avec Yo Yo Ma, naissance ou préfiguration du West Eastern Divan Orchestra, et j'ai retrouvé ce qui, au delà de l'admiration pour l'idée, pour le travail, l'effort pour rassembler ces jeunes instrumentistes et l'espoir qu'ils y trouvent, me gêne un peu quand on exalte la chose.
Me semble que quand Edward Saïd juge que la solution ne peut être politique je crains de le croire, parce que la solution artistique ne peut être qu'éphémère et un peu illusoire, juste témoignage comme lorsque des israéliens manifestent près des barrages, parce que lorsque ces jeunes instrumentistes qui ont appris difficilement à jouer ensemble, se sont entendus dans la musique, regagnent leurs pays ou communautés, seuls les politiques ont le pouvoir d'agir, ils rentrent dans leur sphère (et les camps, entre autres, nous ont appris que la musique ne changeait rien)
Et que quand Barenboïm accorde moins d'importance que son ami à l'histoire, il ne semble pas se rendre compte, du moins dans ce qui était lu, que si le jeune syrien au début voyait en l'israélien un ennemi, les israéliens, eux, étaient stupéfaits que des arabes puissent jouer, et très bien, aussi bien qu'eux, la musique occidentale, qu'ils les niaient.

en partant le soleil était d'une beauté extrême, mais une amorce de nuage épais flottait au dessus des maisons, au bout de la rue Joseph Vernet

4 commentaires:

Fardoise a dit…

Encore de belles errances dans Avignon, il faut profiter de ce calme relatif avant l'affluence. Je suis allée écouter Philippe Avron, il nous a fait partager un peu de sa passion, merci à lui. Heureusement, il revient.

Ptilonorhynque a dit…

Errances... et une magnifique photo avec nuages, juste comme j'aime.
Bonne journée, Bridgetoun :)

joye a dit…

Quelle journée. brige, en contraste spéctaculaire avec la mienne où il y avait un ballet foins-tracteur-camion-remorque toute la journée sous un soleil qui soignait à peine la boue par laquelle il fallait passer afin de poser notre fardeau précieux.

;-)

(entre étapes je lisais Nothomb où je me suis retrouvée avec Baptiste et Sigrid dans la maison d'Olaf, à boire du champagne frapissimant)

Gérard a dit…

Tu peux écouter le festival sur France culture...allongée !