Lui qui s’y est habitué, depuis tant et tant d’années, qui ne veille plus la musique, ni sur les masques, qui se console avec les tableaux, les danseuses en plâtre ou bronze, la certitude où il est d’être toujours en vue, admiré, fixé, emporté, en rapport avec ce qu’appellent art tous ces gens qui s’arrêtent et lèvent les yeux puis leur appareil vers lui,
qui m’introduisait en cette matinée glorieuse, comme si souvent, avant pourtant les heures chaudes, aux rues frappées durement de ses rayons.
Mais, plus tard, au retour, après les halles, dans ce magasin où je cherchais du Nescafé, au détour d’un rayon, je me suis trouvée face au souvenir d’un boudoir, d’une alcôve, ou de l’entrée d’un petit salon, je ne savais, qui m’a semblé agressé, luttant sans morgue, trop souple était pour cela, contre la dureté triviale de ce qui montait à son assaut.
J’y ai trouvé mon faux café de secours, pour les matins de flemme, et en me retournant j’ai reçu son petit sourire bienveillant, et elle nous considérait, nous et les objets, les denrées, les durs échafaudages rectilignes et les couleurs violentes, tout ce qu’elle dominait, avec une acceptation souriante, ni indifférence ni humiliation, une souveraineté intacte.
Et dans l’après midi, en faisant la navette entre mon obscurité et la fournaise de la cour, parce que j’avais un besoin de me brûler, une envie de fondre, mais que je ne le supportais pas et qu’avec l’âge vient, à esprit défendant, la sagesse, que je réalise brusquement que la recherche des vertiges est une sottise tout de même un peu grande, je retrouvais la souveraineté intacte, ou qui voulait se croire telle, de la baronne dans l’ »Iris de Suse » de Giono, livre qui, de lui, reste peut être mon préféré, avec « Noé » parce que c’est par là que le goût de cette écriture m’est venu, que je n’avais plus lu depuis nombreuses années, et que je viens de retrouver en livre de poche, avec plaisir, même dans son côté presque caricatural, sa façon de reprendre tout ce qu’on attend de Giono, avec un peu d’insolence lasse, et beaucoup de saveur, mais débarrassée de toutes les boursouflures du lyrisme.
Comme c’est là que je me suis arrêtée, viendra ici le mulet, pas si humble, de Casagrande, quand Tringlot s’occupe de lui, pour la paix de l’animal et de son maître
« - Ces grandes bringues sont toujours des paquets de nerfs. Celui-là avait certainement ses habitudes : une petite écurie et de la compagnie, peut-être un âne ; ou même un cochon qui circulait dans sa litière. Vous le mettez ici, tout seul et dans une écurie immense, regardez-moi ça ! Il s’est fait tout de suite des idées pas très catholiques et de moins en moins catholiques. Comment voulez-vous qu’il traîne votre boggey ? Il a d’autres chats à fouetter : il vous déteste. »
Et dans l’après midi, en faisant la navette entre mon obscurité et la fournaise de la cour, parce que j’avais un besoin de me brûler, une envie de fondre, mais que je ne le supportais pas et qu’avec l’âge vient, à esprit défendant, la sagesse, que je réalise brusquement que la recherche des vertiges est une sottise tout de même un peu grande, je retrouvais la souveraineté intacte, ou qui voulait se croire telle, de la baronne dans l’ »Iris de Suse » de Giono, livre qui, de lui, reste peut être mon préféré, avec « Noé » parce que c’est par là que le goût de cette écriture m’est venu, que je n’avais plus lu depuis nombreuses années, et que je viens de retrouver en livre de poche, avec plaisir, même dans son côté presque caricatural, sa façon de reprendre tout ce qu’on attend de Giono, avec un peu d’insolence lasse, et beaucoup de saveur, mais débarrassée de toutes les boursouflures du lyrisme.
Comme c’est là que je me suis arrêtée, viendra ici le mulet, pas si humble, de Casagrande, quand Tringlot s’occupe de lui, pour la paix de l’animal et de son maître
« - Ces grandes bringues sont toujours des paquets de nerfs. Celui-là avait certainement ses habitudes : une petite écurie et de la compagnie, peut-être un âne ; ou même un cochon qui circulait dans sa litière. Vous le mettez ici, tout seul et dans une écurie immense, regardez-moi ça ! Il s’est fait tout de suite des idées pas très catholiques et de moins en moins catholiques. Comment voulez-vous qu’il traîne votre boggey ? Il a d’autres chats à fouetter : il vous déteste. »
7 commentaires:
J'ai eu plusieurs fois l'intention d'intituler ce récit L'invention du zéro; en effet, un de mes personnages est en définitive amoureux de ce symbole qui remplace dans la numération finie les ordres d'unités absentes et multiplie ainsi à l'infini toutes les mathématiques.
C'est aller plus loin que la lune, mais qui le saura?"
Jean Giono
"L'Iris de Suse", écrit à la fin de sa vie... roman à la saveur singulière faite à la fois d’une fantaisie démesurée et d’une grande sérénité face à la mort…. Un bon choix de lecture.
petit coucou depuis la fournaise d'ici
vais chercher l'Iris de Suze.
tout ce que chaque aube, les lecteurs attendent de vous...avec votre "insolence un peu lasse, beaucoup de saveur..."
Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de fréquenter une telle épicerie. Et si son ramage se rapporte à son plumage, je ne vous sis rien des prix!
pas tout à fait low coast mais presque - il y a beaucoup de nobles traces dans Avignon
La Provence par Giono, pas la peine de se déplacer, elle vient à nous
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