L'était le vide, ni bien, ni mal, comme ça.
Peut-être que je pensais un peu, un petit peu, oui, tout de même, je ne sais pas, j attendais.
Peu à peu, au coin, là, à coté de mon oeil, j'ai cru percevoir une vague lueur, j'ai repris mes yeux et j'ai regardé.
Sur le sol, autour de nous, et peut-être sous nos pas, une petite multitude (je sais ça ne se dit pas ou pas comme ça) de coeurs, de couleurs tendres, gentillets, mais pas trop mièvres, pourquoi semés là...
Le reste, la trace d'une noce, petits souhaits qui se voulaient vrais, oubliés.
Alors, comme les mariés, leurs amis, et tous les amis de leurs amis, que j'imaginais, puisqu'aussi il était temps, j'ai avancé, les ai piétinés.
Ils ne m'intéressaient pas, je n'étais pas concernée, et d'ailleurs ils restaient là, sur ce sol, ne collaient pas à mes semelles, bouts de papier qui avaient pris leurs habitudes, qui s'étaient fixés.
Et la nuit est venue, s'est étalée, a régné, est partie, et dans le jour j'ai levé les yeux et j'ai vu cette maison qui nous dominait, et je l'ai aimé, je pense, un peu.
Puis je suis revenue au livre entre mes mains, qui allait à cette nouvelle journée, juste à mon présent, et même pas à cette maison, sauf par une malice du hasard, va savoir :
"- Voici le chantier de ma maison. Je n'ai pas attendu la fin de travaux pour m'y installer, puisqu'elle est habitable, j'ai emménagé hier. Comme vous voyez, le plus gros est fait, ajoute Crab qui désigne pourtant un vaste terrain nu dépourvu de toute trace d'habitation. Mais à ceux qui s'en étonnent et tentent de lui démontrer que la construction de sa maison n'a toujours pas commencé, il réplique : - L'entrée et la sortie y sont, toutes les fenêtres aussi, grandes ouvertes, le reste est un luxe dont je me passe très bien.... Puis s'étend à même le sol, à même le ciel, et s'endort.
Crab est le dernier sage, son corps sans désirs n'a d'autre projet que vieillir, vieillir sans trêve et jusqu'au bout."
là, ce n'est rien, juste un point, et puis un passage, pour revenir en arrière, au début de ce livre qu'avec le privilège que me donne ma longue fidélité à un mélange de "romans à énigmes" et de lettres du 18ème, privilège de découvrir ce qui a été lu il y a plusieurs années, de lire comme neuf le passé des auteurs, et de tomber sous le charme de "la nébuleuse du crabe" d'Éric Chevillard, et de Crab, dont j'aimerais être soeur, sans en être vraiment capable, faute de me surveiller.
"D'un autre côté, Crab n'est pas de ceux qui disent : - On ne saurait comparer telle et telle chose. Il ne voit pas ce qui pourrait l'empêcher de comparer par exemple un chien et une aiguille. Rien de plus facile au contraire que de relever leurs différences, avantages respectifs et qualités particulières, et autres caractéristiques de taille, de poids, de volume, etc., qu'il lui suffit ensuite de confronter et de mettre en balance, alors Crab tranche avec autorité en faveur du chien ou de l'aiguille, du soleil ou du cendrier, de la haine ou de l'orange, de la campagne ou du parapluie, de l'exil ou de la lecture, de certain philosophe ou du plomb....
S'il est parvenu à la conclusion que le chien supplantait l'aiguille, dans l'absolu, que le chien est globalement supérieur à l'aiguille, et qu'il doit recoudre un bouton, Crab utilise le chien."
5 commentaires:
Dire que d'aucuns ont une dent (au moins) contre le chien et le qualifient alors de mauvaise herbe.
On peut y voir une cascade dans l'ombre mais Crab, de son oeil impressioniste, y trouvera peut-être un bouquet fleuri sans pour autant saisir ou désirer le lien entre celle-ci et celui-là. Douce incertitude qui vous laisse le plaisir d'y voir ce que l'on veut.
L'utile et l'inutile, beau sujet de philosophie pour commencer la semaine.
Le chien d'une aiguille ? tiens c'est nouveau !
chère Brigitte, j'ai aimé beaucoup votre vers en rose,oui les traces de la joie d'un autre monde mais pour un moment bref cela appartient à nous.
belle journée magique.
Comme mirae,j'apprécie tes vers en rose...
(et cela se chante, tu sais)
;-)
Enregistrer un commentaire