Lundi soir, j'ai cru me rencontrer – je lisais :
« Prononcer l'un ou l'autre de ces mots, Nature, Art, c'est faire une évocation, c'est extraire des profondeurs l'idéal, c'est tirer l'un des deux grands rideaux de la création divine. Dieu se manifeste à nous au premier degré à travers la vie de l'univers, et au deuxième degré à travers la pensée de l'homme.
La deuxième manifestation n'est pas moins sacrée que la première. La première s'appelle la Nature, la deuxième s'appelle l'Art. De là cette réalité : le poète est prêtre.
Il y a ici-bas un pontife, c'est le génie. »
Je me suis appliquée à récupérer Brigetoun, qui flottait, gonflée, et à l'allonger, et en fermant les yeux je me suis dit qu'il était peu probable, finalement, que Victor Hugo pense à moi (à lui peut-être un peu, même s'il ne se cite pas dans sa petite liste de phares), même dans un coin des 500 pages et quelques de « William Shakespeare »
J'ai repris le fichier http://www.publie.net/tnc/spip.php?article8 , lundi en fin d'après-midi, après mon repassage, cherchant rapidement dans le feuilletoir une éventuelle allusion aux familles ennemies de Vérone, n'ayant pas le souvenir de l'y avoir vu. J'ai trouvé des considérations sur le théâtre, une histoire de l'oeuvre, une belle méditation sur Hamlett, sur plusieurs autres pièces, mais rien, en dehors des noms de Juliette et Roméo au détour de quelques phrases.
Ce qui n'avait d'ailleurs aucune importance, le rapport entre la pièce et l'intrigue des Capuletti e Monttecchi de Felice Romani et Bellini que je devais découvrir le soir (non sans une certaine crainte, mon apprentissage du bel canto se faisant contre ma pente naturelle, et si j'ai bien compris cet opéra étant relativement peu goûté par les amateurs, ce qui explique sans doute que la salle n'ait pas été pleine)
Et finalement j'ai plutôt aimé. Un décor assez sobre (grandes masses, panneaux et escaliers) mais créant des possibilités multiples de mouvements (comme des rues) pour les déplacements du choeur, qui en prenait un aspect de masse. Le choeur d'entrée, haché, mat, alternant avec l'orchestre acide. Quelques mélodies filant sans mièvrerie. Quelques beaux duos et le final du premier acte avec des superpositions, des relances des différents timbres.
J'ai bien aimé la voix d'Ermonela Jao (Juliette), sauf une tendance à chanter tout très fort, (et une silhouette crédible dans des masses de tissu blanc), et trouvé que Karine Deshayes (Roméo) « jouait » mieux avec la puissance, ou non, de sa voix de mezzo. Mais j'ai entendu, en traînant avec un café à bain de pieds dans le foyer à l'entracte, dire qu'elle était « catastrophique ». Je ne devais pas écouter comme il le fallait.
9 commentaires:
Brige, tu sais bien que la cata d'un peut très bien être le délice d'une autre. ;-)
Tu aurais dû lui demander pourquoi il/elle pensait ainsi.
Quant aux Capulet (Juliette) et aux Mont Aigu (hihi, Montague, bien sûr, Roméo pour les intimes), ils se battaient comme des chiffonniers, c'est cela que tu cherchais à savoir ?
J'ai enseigné la pièce de Shakespeare au moins 16 fois à des élèves captivés -- ou au moins, captifs. ;o)
on ne parle pas comme ça (si moi un peu parce que je suis folle) à des inconnus.
Pour les familles véronaises et la pièce, merci je connais un bon peu. M'amusait de savoir ce que Victor en disait
Je sais que la plupart des Européens que je connais sont comme cela, qu'ils n'adressent la parole qu'à des gens qui leur ont été présentés. Et je comprends qu'on ne veut pas parler à TOUT un chacun, mais quand même, cela m'étonne. C'est fou le nombre de gens avec qui je parle à un moment donné.
Ce matin au magasin, j'achetais des baguettes et une femme à côté de moi m'a dit "Z'avez vu ça ?" "Quoi ça ?" j'ai répondu. "Ce pain qu'elle vient de sortir !" "Ah, ouais ! Ça a l'air délicieux, hein ?" et on a repris nos courses respectives. Un petit moment pour se dire, entre nous, que nous existions.
Ma question : comment se fait-il que vous fassiez la connaissance des gens ? C'est vraiment curieux ?
Cela dit, ne change absolument rien ! Reste folle !
moi je le fais ou je parle à mon menton, à la grande honte de mes soeurs, et au risque, parfois, de regards méprisants
Notre vie d'un théâtre l'autre
De l'art à la rue et de la rue à l'art
Pour trouver l'humain
Qui toujours fait défaut
3e photo : et cette feuille de papier devenue si lourde mais ne lui tombant pas de la main gauche (superbe instantané pour les atmosphères des lumières)
Brigitte merci !!!!
Tes écrits vont me manquer et toi bien sur !
Mais je te donnerais des news sur FB.
Grosses bises
Je n'ai jamais cherché à vivre ma vie.
Ma vie s'est vécue sans que je le veuille ou que je ne le veuille pas.
J'ai voulu seulement voir comme si je n'avais pas d'âme.
J'ai voulu selement voir comme si étaient étrangers les yeux avec lesquels je suis né.
Alberto Caeiro, Poèmes non assemblés.
Tu oses photographier dans les coursives du théâtre !
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