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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, décembre 15, 2009

- Les bateaux ne dansent pas, c'est le vent qui les fait danser, eux et la mer, en jeux de forces qui s'opposent et s'accordent.

- Mais pourtant,

- Les bateaux ne dansent pas, ou plutôt aucune danse réglée, dicible, car le vent est bien trop fier pour les danses de salon.

- Mais dans le calme d'un port, les pointus, dans l'aigreur de l'aurore, endormis, le cul contre la jetée, esquissent un déhanchement, une amorce de tango, pour accompagner celui qui glisse et traverse la scène, au son du teuf teuf.`

- Oui et en solennelle lenteur, les voiliers, s'évitent, s'inclinent avec grâce, autour des bouées de départ, comme des couples pour un quadrille, mon amie, vous avez raison.

- Comme plus cruellement, des coques, haubans, cordages en folie - les hommes aux lèvres serrées - sont prises en saltarelle, soumises au démon d'une tempête, s'envolant, retombant avec fracas.

Et moi qui passais, j'écoutais ces paresseux et doctes propos, et j'ai murmuré

"ne sais pas danser, sauf quand suis seule dans ma cuisine, ou rien d'autre je ne fais, ou quand étalée contre le pont mon corps épousant le bois, lentement, les yeux fermés, nous dansons un slow, avec les longues vagues".

sur mon élan, pris le sujet de la semaine des impromptus littéraires http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear un texte incluant au moins un nom de bateau, et un nom de danse (à partir de l'expression « danser sur les flots ») pour constater que malgré mon goût pour les deux, j'étais irrémédiablement scolaire.

devant l'offensive du froid j'ai rentré mon transi et valeureux oranger, de fruits chargé et déplumé, et je le regarde depuis avec une certaine inquiétude, espérant qu'il résistera à ce brusque transfert dans mon cocon de frileuse.

Cocon dans lequel j'ai terminé, dimanche après-midi, la lecture de « loin d'eux » de Laurent Mauvignier, avec le plaisir admiratif, l'émotion venus de ces monologues, de leur précision, creusant avec une application têtue, une feinte maladresse, de ces voix intérieures qui dessinent peu à peu l'histoire, les non-dits, l'impossibilité ou la difficulté de se comprendre, et l'amour qui leur impose au moins le lien qu'est la souffrance née de cette impossibilité.

« j'ai voulu qu'elle n'existe pas, Marthe, j'ai voulu je ne sais pas, qu'elle soit impossible sa présence, sa figure à elle toute rabougrie de malheur. Qu'il ne soit pas possible non plus, le miroir de ma vie sur son visage, voir l'image de ça, qu'il faudrait porter toujours et reconnaître dans les traits familiers, ceux de Marthe, dans son visage où il n'y a pas si longtemps il me semblait voir toute la solidité des rêves, et puis la confiance, et cette tendresse à jamais partagée entre nous, tout le temps, même dans les lassitudes, dans tout ça qui chaque jour un peu déshabille l'autre des prodiges qu'on lui voulait. «

« Leur seul enfant, c'était leur seul enfant et chacun à sa manière avait le sien, avait "son" enfant à lui, sa vision de lui, les mots de Luc que chacun d'eux n'entendait pas pareils, comme si ce n'était pas les mêmes, comme si de tomber dans l'oreille de Marthe ou de Jean ça les transformait, les mots de Luc, en un langage que seule l'oreille qui les recevait pouvait entendre. Pas la question d'aimer, j'ai dit à Gilbert, pas la question que l'un aime plus que l'autre, pas cette question qui revient toujours »

et puis : « dire encore j'espère qu'on pourra se garer et répéter pour la énième fois oui le propriétaire nous attend à onze heures, toutes ces choses à faire et remercier le propriétaire pour toute la peine qu'il s'est donnée, a dit Jean, les déclarations du décès, le corps rapatrié, toutes ces choses qu'il fallait faire si vite, et la mort qui s'occupe de donner du travail pour se rendre un peu supportable, il a dit..... Paris comme une grande plaie pour nous qui ne voyions de la ville que son nom, et dans son nom celui de Luc, toujours, celui de Luc sur les murs, dans les fenêtres,... «

10 commentaires:

JEA a dit…

vous scolaire ?
nous doutons alors :
s(c)olaire
voilà, une seule consonne entre parenthèses, et le mot sonne tout autrement...

jedaen a dit…

c'est très puissant l'écrit sur le bateau.merci.

arlette a dit…

"L'impromptu" sur le tango des bâteaux.... je garde!! très beau pour accompagner un pas de danse dans la cuisine!!!! où une esquisse en blog
Permettez -vous????

Brigetoun a dit…

suis extrêmement flattée

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

J'espère bien que vous êtes flattée. Non franchement Brigetoun "scolaire", ce n'est pas sérieux ! Ce n'est pas parce-que vous êtes très jeune d'esprit et que vous aimeriez peut-être vous retrouver sur les bancs de l'école qu'il faut tout mélanger ! Ils aimeraient bien les "scolaires" écrire comme vous, mais généralement ce n'est point le cas, même si quelques "tronches" subsistent toujours !
Et puis, il en a de la chance le roi oranger d'être regardé comme vous le regardez. Longue vie à l'oranger de Brigetoun !

jeandler a dit…

Il porte tant d'oranges, l'oranger, qu'il ne peut être malheureux. Il fait si froid dans la cour qu'il faille lui donner une doudoune?

Muse a dit…

Pour les plantes il était temps, car le froid et bien là! Joli texte pour les impromptus...là je vais m'y essayer.

joye a dit…

Les filles scolaires sont les plus belles de toutes.

On danse ?

Gérard a dit…

Une danse bien connue des bateaux...
le " tangue eau "

Brigetoun a dit…

Gérard tu es irremplaçable