En un début de flânerie rangeuse, j'ai rencontré une petite fille bien potelée, bien aimée, protégée, en une période durement agitée, au sein d'une armée qui se préparait à traverser la mer pour venir en France. Elle était très entourée, assez satisfaite me semble-t-il, et sure de son dû, simplement, si elle prenait le temps et savait penser « je ». Lui ai déclaré qu'elle avait beaucoup de chance, et de chances, et lui ai doctement recommandé de ne pas les gâcher. Je me demande si...

Moi, la quasi vieille, nettement moins potelée et radieuse, mais tout de même plus volumineuse, m'en suis allée au théâtre du Chêne noir entendre Pierre Santini chanter Paolo Conte, traduit par lui, un peu dubitative, craignant que les chansons perdent de leur charme en ce changement de langage, perdent de leur magie en une imitation trop convaincue de la voix de Paolo.

Et, de fait, au début, et dans les chansons les plus connues, l'airain de la voix est plus sec que celui de Paolo Conte, résonne moins richement et l'imitation est un petit peu trop servile. Mais justement cet amour est extrêmement sympathique.

et puis il y a toutes celles que l'on reconnaît moins immédiatement, dont on goûte le sens, et la voix s'enrichit comme un fruit un peu cabossé. Reste, dans les ébauches de danse, ou de rythme du corps, une certaine gaucherie d'homme « d'âge certain » assez charmante (surtout aux yeux d'une quasi contemporaine) chez un homme de scène.

Il est accompagné par un groupe dont un très bon pianiste (qui est aussi le Directeur Musical Emmanuel Guerrero)

http://www.youtube.com/watch?v=vH3QLfrZ_F0

vidéo trouvée en rentrant,