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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, février 24, 2010

« Chaque matin, vers 10 heures, je me levais »

Dirais-je cela un jour ?

Peut-être.. s'il s'agit de ma troisième ruée hors du nid, de la douceur du coton, hors de ma moiteur, s'il s'agit du dernier renoncement à ce plaisir : la fraicheur sur la joue et le corps douillet.

Dirais-je cela un jour ?

Aurais-je, alors, l'idée et le courage de cela, me lever ? de céder ainsi, à la trop plate trivialité de la vie, pour bouffer, trahir et chasser la nuit sous une douche ?

Dirais-je cela un jour ?

Saurais-je, alors, qu'en faire, de ce long reste de jour ? marcher au milieu des gens ? trouver où aller ? promener ma vacuité dans leurs pas entrelacés, leurs obligations ? chercher à crocher dans la vie, et y avancer comme avec un but ? ou rester, là, dans l'attente de la douce promesse, dans la lenteur extrême, insaisissable, de la montée de la nuit amie.

Attendre d'enfin y entrer, la sentir, autour de moi, pénétrer dans son silence, dans le sommeil du monde, à côté.

Y être, mais non pas pour m'y blottir, comme au coeur de la paix qui flotte dans la cathédrale, non, m'y carrer pour que monte en moi le goût de la vie, là, dans la nuit enfin, ma très chère demeure.

Mais surtout, aurais-je le temps, de pouvoir dire cela au passé ?

Le sujet des impromptus littéraires de la semaine http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear était : reprendre l'incipit du dernier roman de Christian Oster :"Chaque matin, vers dix heures, je me levais..." pour commencer votre texte.
- et y glisser également son titre "dans la cathédrale".

Je suis allée, mardi soir, à l'école d'art, assister à la présentation (qui m'a donné telle attente qu'elle risque d'être déçue, et que je devrai peut-être en rester là) du spectacle que Massimo Furlan prépare pour le festival, et en rentrant, en marchant dans la douceur de la nuit, en goûtant cette promesse de l'air plein de tendresse, j'ai pensé, un moment, au blizzard qui a rendu dure visite à Joye la Iowa-girl et, si elle passe, je lui dédie l'espoir du printemps.

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Chercher à crocher dans la vie ...
Beau.

micheline a dit…

on a beau se laisser guider vers une cathédrale, c'est toujours son moi qu'on emporte à la semelle de ses souliers ???

lautreje entre-temps a dit…

Se perdre le jour à chasser la nuit et n'espérer qu'elle pour fuir le jour... j'aime, je connais.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

On ne sait jamais ce qu'on dira un jour car nous ne sommes jamais ce que nous avons été hier, nous sommes en mouvement perpétuellement, aussi bien dans notre corps que dans notre esprit, et ce qu'on croyait hier ne sera plus valable après demain !!!
Longtemps, j'ai cru que l'on pouvait être la seule et même personne tout le long d'une vie, cette dernière m'a prouvé le contraire !
Je ne pense pas être la seule dans ce cas, cela me semble inévitable pour tout le monde.

Nathalie H.D. a dit…

Magnifique cette interprétation du thème de la semaine. Toute en demi-tons comme tu sais faire, fuites, renoncements, questionnements feutrés...

Et en effet ce "crocher dans la vie" qui moi aussi m'a touchée.

Michel Benoit a dit…

Nous ne changeons pas.
Nous sommes en perpétuel mouvement.
Ce "nous" c'est peut-être l'âme : ce qui ne change pas quand tout change.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Avignon : l'âme bouge avec le reste je pense. Quand on prend des coups et qu'on arrive à dépasser les épreuves de la vie, l'âme s'épaissit aussi !

jeandler a dit…

Mozartienne cette rue éclairée

Lui a écrit sa vie au présent
à toute vitesse
créant le printemps
sans attendre l'été

JEA a dit…

pour les gens d'ici, vous êtes un peu comme notre "correspondante spéciale" au printemps
(dimanche, il est encore tombé 15 à 20 cm de neige)

Michel Benoit a dit…

Ma~ => C'est la conscience que tu as qui s'épaissit. Mais notre âme, en avons-nous vraiment conscience ?

Brigetoun a dit…

as de coup, simplement j'ai toujours eu du mal à assumer la vie de la journée (boulot et ça me reste) et eu tendance à me sentir bien dans la nuit, raison pour laquelle je dîne vers une heure du matin ou un peu avant et me couche rarement avant deux ou trois heures)

Muse a dit…

J'ai déjà eu le plaisir de te parcourir sur les Impromptus...mais j'ai tant et tant de retard...
Heureusement un petit air de printemps vient me titiller...Belle journée

petite racine a dit…

"promener ma vacuité dans leurs pas entrelacés"... Comme un tissage pour qu'enfin quelque chose de collectif tienne ensemble et réchauffe.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Avignon : effectivement, avons-nous conscience de notre âme ? Cela me parait improbable !!! Cela ne peut être que la conscience qui s'épaissit, tu as sans doute raison !!!
Y a t-il d'autres avis sur cette question ?

micheline a dit…

oui Mathilde
si nous n'avons aucune conscience de notre âme comment savoir qu'elle existe autrement que par un mot vide de sens?
qui ou quoi témoigne de son existence en marge de notre être perceptible?
Sophisme! sophisme quand tu nous tiens!

joye a dit…

Je me réchauffais les doigts devant le feu de ton écrit superbe, et puis j'ai vu que toi, au milieu de cette grande beauté de printemps, as eu une pensée pour moi ici au congélo.
Alors, wow, juste wow. Merci brige !
Et bravo pour ton texte impeccable.

arlette a dit…

Mon âme ??? je l'entends parfois bruisser à mon oreille .... (pas d'acouphènes!!) et pas la conscience nonplus
écoute écoute et ne je veux rien entendre ...
Vaste programme!!!

Brigetoun a dit…

merci pour les passages que je découvre, je n'ai plus de boite d'e-mail ou du moins elle reste vide, bloquée

Gérard Méry a dit…

Dirais-je cela un jour ? Dirais-je cela un jour ? ...alors que tu préfère la nuit...curieux non ?