Nous n'étions pas très nombreux (une quarantaine je suppose) mercredi en fin de matinée, à l'Hôtel de Sade, à assister à un débat bien mené, sur «la place de la femme dans la création artistique africaine» disait le programme, en fait la place de la femme, et sa possibilité de créer, (mais pas seulement) dans le Maghreb, avec quatre femmes qui s'exprimaient courtoisement, clairement, se répondant sans précipitation mais sans monologuer : la «meneuse de jeu» Muriel Maalouf, journaliste à RFI,
Wassyla Tamzali, la maturité avancée et intelligente, ancienne avocate et journaliste algérienne, directrice du programme de l'UNESCO pour la promotion des femmes de la Méditerranée (auteur d'»Une femme en colère» où elle apostrophe la partie de la gauche européenne qui démissionne devant l'irruption de l'intégrisme - relevant du culturalisme et non du religieux- par honte/orgueil : croire que l'universalisme est européen et qu'il ne peut donc être à la portée de ces peuples un peu incultes), et deux chorégraphes tunisiennes (dont je n'ai pas vu les spectacles, à grand regret, par paresse ou difficulté d'aller jusqu'aux salles), Aïcha M'Barek, directrice d'une compagnie de danse tunisienne («Vu» à Benoit XII) et Héla Fattoumi, co-directrice de CCN de Caen/Basse-Normandie, qui frappée de voir, lors de ses retours à Tunis, le Hijab apparaître et se répandre, effarée, intriguée, révoltée, a créé un solo «Manta» qu'elle danse avec ce vêtement (la difficulté qu'elle a eu à entrer dans une boutique pour l'acheter, cette violence).
Heureuse de me sentir en accord avec ce qu'elles, plus légitimes, pensent et disent (y compris Aïcha qui n'exclue pas qu'un jour, peut être, elle pourrait le porter au terme d'une évolution intérieure, ce que Héla comprenait, mais pensait être une erreur, une confusion entre religion et soumission aux règles comportementales d'asservissement sexuel de la femme importées d'Arabie Saoudite, comme la lingerie extravagante). Heureuse d'entendre Wassyla confirmer mes souvenirs enfantins de la présence du voile blanc (passablement sensuel) dans les villes, en souvenir de la bourgeoisie ottomane (et des prostituées), et des robes et fichus fleuris des campagnardes, comme dans les campagnes espagnoles, italiennes, ou à un degré moindre de notre midi (mais nous le portions pour entrer dans une église).
J'essaierai de reprendre mes notes sur Autour à tête reposée, ou les garderai pour moi, sur la réserve nécessaire et assumée pour que soit admis le fait que la danse est un métier, et honorable, etc...
Lavage de cheveux après le déjeuner et sieston profond avec tête mouillée, éternuements exubérants et sans gravité, oeil sur tas de repassage, aspirateur, tenté d'écrire un paragraphe pour le convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com / , en échange de celui que je recopie
La lourde porte de bois se ferme. Elle avance. Le trottoir, les voitures, les passants. Elle marche et s'étonne presque de le faire si bien. Puisqu'elle n'est pas là. Pas encore consciente. Et surtout pas de ce corps. Elle ne veut pas penser à lui. A ce qu'il lui fait, à ce qui l'attend. Elle sait seulement, elle ne sait que cela, qu'il y a... Elle est contente d'elle, de son calme quand la femme, le médecin, c'est vrai c'est un médecin, a prononcé le mot, lui répondant. Parce qu'elle n'a pas supporté les mots apaisants. Et elle a su poser calmement des questions, discuter de ce qui allait être fait, être pratique. Parce que c'était plus facile. Mais elle croit qu'elle a été bien. A vrai dire c'était si étrange, juste des phrases comme on peut en lire - elle jouait son rôle. Il en reste, elle le sent, ses joues figées autour d'un petit sourire, qui, d'un coup, l'insupporte. Elle s'applique à l'effacer, et, peu à peu, reprend conscience d'elle, cela qui avance, les muscles, la peau, et puis le contact du soleil. Elle lève les yeux vers les branches dénudées des arbres qui bordent la rue, et, oui, le ciel est pur, d'un bleu qui commence à s'effacer avec le soir. Elle se souvient avoir pensé, tout à l'heure, qu'elle avait de la chance. Ce temps presque printanier, un cadeau qui lui était fait pour cette demie-journée de vacance qu'elle s'offrait, sous le prétexte de... et là, brusquement, elle sent une boule, non une houle, qui se rue dans sa gorge. Elle s'arrête, crispée. Elle se calme. Elle doit se calmer. Elle devra être calme demain, en annonçant, au bureau, ils doivent savoir. Comment... et puis elle ne peux plus. Elle fouille dans son sac, elle sort son téléphone, elle appelle, et – est-ce une chance ? – sa soeur répond, elle ne sait plus laquelle – nous avons toutes la même voix, la seule chose.. Elle lui dit, brutalement. Et puis elle s'excuse. Elle dit qu'elle rappellera. Que ça va. Mais que c'est elle qui rappellera. Et elle repart. Elle a un peu honte. Mais voilà, c'est fait, et elle n'est pas seule.
12 commentaires:
réconfortant de constater que par delà les frontières il n'y a pas que des esprits en sommeil qui attendent leur libération de forces d'interventions extérieures
1ére photo : des allumeuses de réverbères dans les nuits d'oppressions
Heureusement pour nous que, malgré le froid, tu trouves le courage de sortir...
Vive les allumeuses de réverbères !
S'accrocher à l'autre pour ne pas tomber seul. J'aime le coup de fil passée à la sœur. J'aimerai bien faire de même, mais je n'ai pas de sœur, alors je blogue !
Vive les femmes !
Belle description d'une femme atteinte par la trahison de son corps.
J'ai connu ça il y a quelques années... J'ai préféré rester seule pour le combat.
Dusha
Tout ceci nous ramène à de vieilles histoires dont nous pensions être débarassés depuis qu'aux orties nous avions jeté les "uniformes". Etait-ce il y a si longtemps?
Comment ça « plus légitimes » ???
OH !
;-)
oui, plus légitime, je ne suis pas moi, une jeune femme musulmane
oeil sur tas de repassage, aspirateur,...toi aussi tu fais dans l'artistique ?
Néfaste de dormir les cheveux mouillés.... et le coeur en attente quand on croit que tout s'arrête .Seule ??? toujours avec soi-même
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