Moi, mes goûts, mes envies, ma tendresse, mon égocentrisme instinctif, et les quatre autres liés si serrés que nous n'y pensons pas, et qui sont eux, avec leurs goûts, leurs envies, leur besoin de tendresse, leur égocentrisme instinctif. Notre proximité, notre solidarité, nos bagarres, nos différences physiques et notre sang commun, nos âges étalés sur courte mais grande période à l'échelle de l'enfance et de l'adolescence. Le bloc soudé devant les autres, mais bloc en désordre, en petites luttes sourdes ou beuglantes, sourires, robes à smocks et chemisette blanche sur short, bras et jambes emmêlés en pugilats. Et dans le coin que j'ai conquis, où je vis avec mes rêves et la lecture, les laissant à leurs projets, à leurs jeux, à leurs actions, un fou-rire en lisant dans ce livre "pour grande", pour adulte, un de ceux auxquels moi seule j'ai droit : "Quand on est môme, pour être quelqu'un il faut être plusieurs"
Photo http://www.carolinedaily.com/forum/le-style-d-epoque-de-nos-aieules-t9314-153.html
Le sujet des impromptus littéraires http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear de cette semaine : un texte qui se terminera impérativement par la citation suivante d'Emile Ajar : "Quand on est môme, pour être quelqu'un il faut être plusieurs"
Matin de pluie fine, de douceur piquante, le frais rodant avec petites incursions. En rentrant de mon coltinage papiers/verres j'ai fait le tour du pâté de maisons pour garnir ma cour de plantes jeunes et modestes, posées en un début de pagaille, et j'ai dépensé ma relative énergie en nettoyant trois fois vitres ou glaces (avec résultats toujours navrants les premières fois), en balayant à grands coups, passant faubert et baillant aux cormorans, en envoyant cette pochade (visiblement trop pochade) aux impromptus et un paragraphe au convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com d'où provient :
Deux pigeons se côtoyaient, en totale indifférence. Soucieux de chercher pitance, d'étancher leur soif, de circuler sans trop de risque, un moment, jusqu'à ce que le besoin, ou rien, une impulsion, un instant, les fassent rejoindre, ailes battantes, bruyantes, musique désordonnée et unie, une troupe de passage pour investir un fronton, prendre le soleil avec béatitude et conformisme, et puis repartir brusquement, obéissant à la décision d'un qui se voulait chef, leader, fugacement. Mais là, dans le frais du matin, ils trottinaient, affairés, séparés et proches, et peu à peu se créait entre eux un lien, un rien, juste le compagnonnage, une petite fraternité dans l'action, qui, dans une brèche de temps, un instant prolongé, devenait tout.
18 commentaires:
Si cette photo très touchante est une photo de famille concernant ta fratrie, je veux savoir où tu es sur la photo immédiatement !
Quant au nettoyage des vitres et autres menues occupations en plus de lire et d'écrire, je te trouve toujours autant d'entrain et d'énergie, et là aussi une autre requête, c'est quoi tes vitamines ?
hors de question que je mette mes frères et soeurs, (à vrai dire j'ai cherché une photo de dos mais n'en ai pas) alors une sur le net. Je serai la plus grande, avec une différence plus faible, et très provisoire (je suis la plus petite, nettement) avec la seconde, mais nous avons eu des manteaux de ce genre, du moins les deux aînées (il faudrait des grandes tresses en couronne en plus)
rrrôôô, vous deviez être trop mignons, quel dommage de ne pas voir ça !!!
Oui, j'ai pensé un instant que c'était une photo de famille comme on en faisait temps à l'époque, et qui sont sagement rangées dans des albums, fermement tenues aux quatre coins de leurs dentelles de papier par des petits carrés transparents.
J'ai vu l'expression "en passant faubert" et j'ai cru lire soudain Gustave !
Je suis donc obligé de regarder dans mon dictionnaire.
Cette description de la fratrie devrait être dans un dico !
Ces deux textes sont tellement liés. Les liens de sang d'abord et puis ces deux pigeons qui un court instant vont être solidaires fraternels.
tous pareils en tenue vestimentaire,luxe si nécessaire pour défier l'incohérence ou simplement afficher son rang social?
J'ai une jumelle hétérozygote, donc très différente de moi physiquement et nous étions toujours habillées pareil, avec le gros noeud de ruban sur le crâne, ce qui ne nous plaisaient pas du tout ! Chez mes cinq enfants, la fratrie fut, au décès de l'aîné tant aimé, un rempart plein de chaleur,et un "recadrage" des essentiels entre eux. Merci, Brigitte.
et les chandails tricotés en même temps - plus le chemisier de printemps de bonne maison offert par la grand mère - nous nous sommes beaucoup battus (deux de plus ensuite) et avons beaucoup attirés tous les autres et avons fait blocs, vieux ou presque à l mort des parents et quand ma carcasse a été méchante. Et les trois soeurs c'est un miracle quand il n'y a pas un petit clash
boudiou l'orthographe !
j'ai tenté vainement, sur la photo, de lire ce qui était écrit sur le front des pigeons
Moi aussi; boudiou l'orthographe !!
"ce qui ne vous plaisait pas". Mille pardons, je suis frigorifiée... du cerveau, et du reste !
plutôt un petit air amerloques, non ?
exact, mais les manteaux bon chic bon genre étaient anglais, ça fait la jonction
Très heureuse de me retrouver au pays de brigetoun où l'on se nourrit des mots et des images maison ou d'ailleurs.
J'ai lu ta réponse à Mathilde, car, comme elle je voulais savoir quelle était ta place sur la photo...
Quand à la citation d'Emile Ajar..que dois-je en penser, moi qui ait été fille unique (à mon grand regret) et...pas très entourée d'enfants...?
que ce n'est certainement pas ce qu'il a écrit de plus intelligent
Heureusement qu'il y a les photos pour conserver un peu de l'enfance, car nous la perdons tous les jours un peu plus.
la fratrie ? Pour moi des dés colorés jetés ensemble, qui affichent rarement le même chiffre et s'éparpillent ...
Votre texte me plait, il raconte ça à travers les lignes, et l'idée de se conquérir une identité propre.
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