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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 15, 2010

Dans un fugitif rai de lumière sur le mur de la cour, en lisant appuyée audit mur, le dernier « Manière de voir » j'ai tout d'un coup repéré ces petits trucs sur mon olivier, et me suis demandée si, dans sa folie, il n'envisageait pas de se croire capable de produire des fruits. Dans mon ignorance abyssale j'ai choisi, quoiqu'il en soit, de rêver avec lui.

J'ai cultivé ma paresse, en me plongeant dans la fin de «Marge» de Josée Marcote http://www.publie.net/tnc/spip.php?article323 , que j'ai dégustée par quarantaines de pages, en plusieurs jours, issu de http://marge-autofictive.blogspot.com/ ce blog en triptyques que j'aime suivre, cousin, parent et différent de celui de Chevillard.

Un bel univers, de bonne taille, où se plonger.

En petits blocs, de deux ou trois lignes ou nettement plus conséquents, mais jamais très étendus, regroupés en quelques thèmes, avec plus ou moins de rigueur, un peu de tout, de l'onirisme, beaucoup d'humour ("si l'humour poursuit un but, c'est ce jouet en caoutchouc fuyant et couic-couic-cuitant au bout d'une laisse", en fait souvent du solide et très sensé humour), pas mal de sensibilité, beaucoup des petits malheurs de la vie, une grosse pincée de colères, et d'assez nombreuses de non-sens, pas mal de sentiment et de sentiments, des cassures, des résignations, des plaisirs saisis, beaucoup d'humanité, de la dérision et surtout de l'auto-dérision, mais toujours de la distance, des coq à l'âne, des jeux de mots, du vrai sens des mots, pour bâtir un être à l'existence fluctuante et problématique mais toujours attachant.

«Tous ces masques... Et cette nudité impossible... Parce que, sous la peau, toujours les Autres... L'impossible rien... Marge dans tous ces éclats de rire... Et c'est tant mieux..»

Et, tant pis, je pille un peu au hasard :

«Marge joue du calamar comme de la cornemuse.


Elle en déduit qu'être musicien est un métier fort salissant.»

«Marge vole le ciel, oui... parce que le sol est trop lourd et encombrant... l'emporte avec elle... on ne l'a pas encore arrêté... il y en a bien assez pour tout le monde... non ?»

«Ce mur que l'on croyait indestructible, tel un château de cartes.»

«Quand Marge met le doigt sur quelque chose, son avants-bras s'y enfonce aussitôt... Puis l'épaule, le tronc, les jambes, les pieds... C'est en vain, qu'elle tâche de garder sa tête hors de là... Trop tard, elle est avalée...»

«Et je me retrouvai, complètement ahurie, avec, entre les mains, mon âme, une arme de papier...»

«Avaler la pierre


ou le rire


l'éternité au ventre


une de ces choses gratuites


et qui ne meurent pas»

et puis suis partie, éternuant à ne plus voir, un peu avant le crépuscule, la long de la rue Joseph Vernet, retrouvant mouchoir et yeux pour saluer le jeu des platanes et de Saint Didier

pour aller au théâtre des Halles, trop en avance, à cause du billet à retirer

et attendre bras serrés sur le buste, sous la garde du cèdre, pour voir «Que d'espoir !» d'Hanokh Levin, mis en scène par Agnès Régolo, interprété par Catherine Monin et Nicolas Gény, et, comme acteurs et musiciens, les membres d'Inouï Productions : Nicolas Chatenoud, Guigou Chenevrier, Fred Giuliani et Guillaume Saurel.

Enchaînement souple de textes brefs, drôles, féroces, décapant, graves, discrètement profonds, de sketches muets, joués face au public, comme dans un cabaret, de chansons et des interventions musicales dissonantes, dynamiques, réjouissantes.

«Ces petites pièces et ces chansons nous emportent dans le tourbillon survolté d'une désillusion jubilatoire, toujours plus loin dans l'irrévérence décalée»

Spectacle rapide, énergique, qui déclenchait de grands rires, qui avaient ses moments de tendresse ferme, comme dans l'adresse du fils mort à son père qui l'enterre.

Le vent s'était renforcé, mais je l'ai vaincu.

10 commentaires:

albin, journalier a dit…

Lu et (fortement) approuvé.

joye a dit…

Tu as gagné sous le vent ? ;-) BRAVO !!!

http://www.youtube.com/watch?v=PQtttLfaO8U

Mais je ne crois pas que tu aies eu peur !!!

Anonyme a dit…

Belle, la folie de votre olivier. Comme la vôtre, Brigetoun ...?

JEA a dit…

Il n'est pas encore né le vent qui pourra se vanter de vous avoir vraiment vaincue...

DUSZKA a dit…

Le vent, c'est merveilleux au moment où il s'apaise dans un silence odorant ( surtout au Sud).

Michel Benoit a dit…

Pourquoi pas des olives ?
La valeur n'attends pas...

Gérard Méry a dit…

Le vent ferait pousser les olives ?

jeandler a dit…

Mûres, il les fait tomber...

Zoë Lucider a dit…

J'aime me promener à vos côtés dans cette ville que je ne fréquente que l'été, en juillet bien-sûr quand le vent fait battre les milliers de panneaux où s'affichent les mille spectacles.

cjeanney a dit…

triomphante. Le vent peut bien aller se rhabiller. (et Marge me plait tellement aussi !)