La part d'ombre, j'en trouve mention partout en ce moment – est ce signe ? Sans doute.

Passons, cela m'ennuie.

Ma part d'ombre, qu'est-ce que vous désignez ainsi, mes chers ?

Le sombre ou ce qui se cache, qui est secret ?

Ma part d'ombre est en chemin.

Je vieillis.

Je deviens presque sortable, vivable, maintenant que ma solitude se fait officielle.

Maintenant que cela n'a plus d'importance.

Parce que cela n'a plus d'importance.

La tragédienne adoucit son noir, bien usé, bien las, le laisse descendre, se reposer, régner doucement en ses profondeurs, en fait un petit asile où se réfugier.

Moins visible, moins outré, plus prégnant, base tendre.

Et ce qui était dans l'ombre, les joies, les élans, qui ne se disent pas, trop ambitieux, ou pour choses minuscules et à moi essentielles, qui bouillonnaient, violents, pour des petites choses, petits trésors intimes et si infimes, ma lumière, ma musique, mes passions dérisoires, brisent la bogue, éclosent, jettent au vent leur timidité, éclatent,

au risque d'être emportés, raillés.

L'écrit leur est plus bienveillant que la parole de chaque jour.

Et si, dans la clarté du monde, je découvre leur misère, je les salue, et je les renvoie se faire bercer dans l'ombre douce.

Bon, reste une part, celle que je refuse, les ébauches de laideurs qui stagnent en nous ; elles je ne les veux pas miennes, et continue, inlassablement, parfois sans succès, de les envoyer au néant. N'en veux pas pour ma part d'ombre, quel que soit le sens de ces mots.

Vu, lundi matin, dans le brouillard entre deux éveils, que le sujet des impromptus littéraires http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear était «la part d'ombre». Levé les sourcils parce que c'est le thème (assez peu respecté) de quatre trucs dont je ne peux dosposer pour le moment (avant qu'ils soient refusés).

Alors, du petit pois qui flotte dans ma boite crânienne est sorti ceci, bien lourdingue,qui s'en est allé faire une petite tache entre des réussites drôles ou poétiques, ou les deux.