Quand de chez moi je sors,
quand de chez moi m'en vais,
yeux et coeur éveillés,
en bienveillance désirée,
envie me vient
de ne pas voir.
Éviter la laideur
qu'inflige à la place
la nouvelle décoration,
qu'elle soit «à la mode» ou non,
de cette terrasse,
maintenant qu'aux sièges cubes
un peu irréguliers
vannerie ostensiblement
fausse,
d'un noir trop absolu,
évidence trop massive,
misérable,
et aux tables en plastique
qui se voudrait fonte
sombre,
image d'un café de campagne,
se sont joints ces panneaux,
baroque industriel,
parodie médiocre,
offense faite à la gloire
de pierre radieuse
qui règne au dessus
au fronton de la Comédie.
Mon goût est mien,
discutable vous l'accorde,
me plaît tellement plus,
pour inscrire,
dessiner mes rêves,
foin de cette fausse ardoise,
un bout de cette façade
raclée, usée,
pierres au blanc étrange,
rongé,
avec belle certitude
que tout s'effacera
naturellement digéré
comme l'ont été les pensées
innombrables
qui s'y sont inscrites.
Mirlitonade brigetounienne aux heures matinales où il faut éveiller vraiment carcasse, la faire entrer dans le jour, en appuyant sur ses grincements pour qu'ils n'émergent pas. Et puis, je n'avais plus de cigarillos – je sais – le ciel était clair, l'air un peu plus piquant que je ne le pensais, avec une petite brise bien fraiche, mais c'était tolérable, et j'ai mis un veston, je suis grimpée vers la civette, suis allée ensuite constater qu'il y avait longue file pour visiter «Altarosa», été presque déçue de voir que ce n'était pas le cas, ai pris un billet et me suis avancée, en attente, jusqu'au cloître de Benoit XII, pour trouver belle affluence, belles couleurs et belles odeurs
qui se développaient dans un peu de soleil, odeurs de roses, diverses, musquées, profondes, citronnées, plus ou moins puissantes, et puis des lavandes, de la sarriette, du romarin.
Petite foule, mais détendue, aimable, quelques mondanités à contourner, échange de sourires, de pas de côté pour ne pas gêner les photographes, et je voyais, je souriais, les trouvais gentils, pendant que je renouais, un peu, avec mes lectures de ces nuits, et me promenais avec les gentes dames et les trois jeunes hommes dans le jardin du château du Décaméron, attendant l'heure de s'assoir pour échanger des contes.
Il y avait une salle avec des tables où boire des cafés, et des tables pour qu'adultes et enfants apprennent à faire des bouquets,
et puis il y a eu, lorsque j'ai voulu sortir, la désagréable surprise de découvrir que l'on ne pouvait le faire directement.
Alors, il m'a fallu faire le périple indiqué, marchant à grands pas rageurs et las dans les salles qu'en autre occasion j'aurais regardées, une fois encore, avec plaisir, négociant lentement tous, et tous ces escaliers malveillants à la carcasse que j'habitais ce jour et à ses abdominaux, cueillant au passage des petits plaisirs pour mes yeux, pour me frayer un passage à travers la foule et les sollicitations, fort peu tentantes pour moi, des boutiques, déboucher face à la Mirande, et contourner le palais pour retrouver le chemin de l'antre, partagée entre souvenir allègre de ce jardin provisoire et rouspétance.
La pluie nous est venue dans l'après-midi, la paresse a continué à régner.
11 commentaires:
C'est super tout ça, j'adhère.
« yeux et coeur éveillés,
en bienveillance désirée, »
et du soleil sur les roses
et un peu de pluie pour arroser.
Mais j'ai boycotté l'altera rosa !
Mon mot de vérification est : "hyboit".
Oui, j'ai bu. Et alors ???
Quelle chance d'avoir eu quelques rayons de soleil, notre ciel n'a pas arrêté de pleurer hier (et il continue ce matin...). Amitiés à ta carcasse que je souhaite en meilleure forme ce jour.
J'ai pour moi... adore ta premiere photo et envie que tu as pu aller qq part echanger des contes, que des choses tu reussi a faire en quelques heuress, et tu appelle tout cela 'paraisse'
Je n'aime pas suivre "le périple indiqué", j'aime aller, faire demi-tour, revenir, m'arrêter ... et la foule empêche d'entendre les pierres parler ! Heureusement que le romarin, la sarriette... étaient là !
j'avais toute liberté de circuler comme je le voulais, à condition de faire tout et bien sûr de sortir par la boutique
J'avais noté dans je ne sais plus quelle revue cette fête des roses avignonaises!
Rien de telle qu'une rose pour vous dérider
à la sortie
un chemin épineux
Nous aussi avons la fête de la rose à 2 kms de chez moi au Prieuré de Saint-Cosme là où Ronsard écrivit la sienne.
http://www.coeur-de-france.com/tours-cosme.html
Merci encore pour ce goût qui est le vôtre et diffère tant du thé des généraux (généralités ?)...
Merci pour la lumière des photos et des mots.
Belle est la rose en tout ses états au naturel
Et foin !! "diantre" des tarabiscotages Moderno- Touristico - des terrasses qui souillent l'oeil
Magnifique ! Et les couleurs, l'orange et le jaune pâle...
(et bien d'accord sur la tristesse du simili rotin noir, quel dépressif les a fabriqué, quel autre les acheté pour sa terrasse ? vite qu'on leur fasse porter une dose de valium express:-))
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