Suis partie ce matin dans la ville, parce que la nécessité sous forme de réserve de patates vide, me propulsait, parce qu'au dessus des carreaux de la cour, dont l'humidité n'était plus que de surface, semblait ne plus les atteindre en leur coeur, ce qui leur redonnait des tons de rose soutenu et de vert de mousse imbibée au lieu des rouge sombre et noir verdi de ces jours, il semblait que la plaque gris clair s'était élevée, et que des éclairs de lumière, des coins de bleu, la déchiraient.
Clopin pas si clopant que ça, j'ai pu ramener choses utiles et d'autres un peu moins, mais j'avais, en me lançant dehors avant que la paresse me prenne, oublié mon appareil.
Alors, disons qu'au lieu des découpes dont je rêvais, comme celle ci-dessus, mes façades auraient ressemblé plutôt à celle-ci (auraient parce que je ne suis pas passée devant elle)
La pluie a accueilli mon retour, était là, installée, presqu'invisible, quand le sommeil lourd de la digestion (vais peut être finir par être ronde ?) m'a prise, et la lumière était revenue, sans trop de timidité en fin d'après midi.
J'ai tenté de nettoyer les vitres de ma chambre, et n'ai pu commencer à venir à bout de la terre qu'avec papier journal et vinaigre, souvenir reconnaissant des conseils d'autrefois. Voilà, voilà.
Ah, si ! Je suis partie, à huit heures, faisant pari sur carcasse, avec une petite appréhension qui était moins sotte que je le pensais, sous ciel de grandes draperies, et de petits trous de tous les tons de bleu à l'or, un peu, sous un nuage très blanc,
le long du Rhône, jusqu'à la porte de la Ligne,
au Musée FUJak pour «le «cas» Mallarmé ou la folie utile», un spectacle-lecture de Joëlle Molina (récit, exploration à partir notammentttt des lettres à Casalis et autres) et Alain Cesco Resia (lecture fermement hallucinée d'Igitur), spectacle qui était présenté ainsi :
« Dans sa correspondance, Mallarmé donne un beau témoignage d’une expérience de la folie
dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Entre 1863 et 1871, Mallarmé consulte différents médecins, utilise différentes médecines
et finit par trouver son propre traitement : c'est l'écriture d'un conte Igitur ou la folie d'Elbehnon.
Folie utile, utile à la création littéraire.
Mystère de la fiole de Néant et du Ptyx.
Nous vous raconterons cette aventure à travers médecine et poésie : la découverte freudienne s'annonce.....»
qui m'avait été signalé par Caroline Leboucq (entraperçue) et qu'elle évoquait en février 2009
http://cousumain.wordpress.com/2009/02/14/mallarme-avignon-et-igitur
Toute petite salle dans laquelle on rajoute des chaises, public motivé, maîtres des lieux sympathiques.
Un recueillement non pesant, attentif, les deux voix se relayant parfaitement, et une Brigetoun qui se sentait de plus en plus mal jusqu'à ne plus pouvoir le tolérer, le mal-être douloureux aidant un temps à la concentration (et les mots de Mallarmé vécus par Alain Cesco Resia), mais s'installant jusqu'à ne plus pouvoir être toléré. Je suis arrivée à sortir discrètement, après attente tendue d'un silence,
et suis rentrée, la marche rapide, pas trop trébuchante, me calmant un peu, par les petites rues gagnées par la nuit.
Et puis, pendant que cuisaient patates, j'ai repris, une fois encore, cette lecture jamais figée,
«Et du Minuit demeure la présence en la vision d'une chambre du temps où le mystérieux ameublement arrête un vague frémissement de pensée, lumineuse brisure du retour de ses ondes et de leur élargissement premier, cependant que s'immobilise (dans une mouvante limite), la place antérieure de la chute de l'heure en un calme narcotique de moi pur longtemps rêvé; mais dont le temps est résolu en des tentures sur lesquelles s'est arrêté, les complétant de sa splendeur, le frémissement amorti, dans de l'oubli, comme une chevelure languissante, autour du visage éclairé..»
9 commentaires:
devenir ronde, une drogue comme une autre!
pour soulager nos douleurs
douleurs et textes insupportabes !! trop pour "carcasse" et vive la bonne pomme de terre douce et accueillante
Pensées mouillées sans espoir dans la campagne drômoise
Arlette
satanée douleur !
le Bercail bercé par le fleuve...
Pluie à l'Ascension
Été en suspension...
Mais avec toi, tout cela devient féerique.
Vinaigre et journal?
Nous, c'était alcool à brûler et journal.
Pour les vitres.
Que dommage que tu es préféré les lectures de Mallarmé chez Olivier et Margritt (Musée Fujak) par Joëlle qui aura encore d'autres occasions de le faire, à la conférence sur "la conduite esthétique" ou "qu'est ce qui fait qu'on peut considérer un travail artistique comme une oeuvre, conférence fortement intéressante et ludique et je ne dis pas ça parce-que c'est mon frangin qui l'anime. Les quatre autres conférences suivantes seront dures à suivre si tu n'as pas suivi la première pour ne pas dire, impossible à comprendre, même si tu peux toujours t'y rendre. Aucune personne de la MACA non plus, pour des gens qui sont censés s'intéresser à l'art contemporain, ça fait peur ! Mais c'est comme ça, les gens sont finalement peu dans l'action, ce qui n'est évidemment pas ton cas (je suis d'ailleurs admirative pour tes nombreuses implications diverses.)
Ronde toi ? trop de patates je ne vois que çà !
entre la couleur des façades et celles du ciel, tout le dégradé des humeurs du jour — et la traînée de nuages sur l'avant-dernière photo dessinent les lignes écrites pour être effacées : c'est superbe.
Enregistrer un commentaire